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Concept Banane française
Les dessous de la banane antillaise

La banane de Guadeloupe et Martinique veut montrer ce qu'il y a derrière le côté français : des valeurs environnementales mais aussi socio-économiques. L'UGPBAN communiquera au Salon de l'agriculture.

Avec le Salon de l'agriculture qui débute dans quelques jours, l'UGPBAN veut montrer ce qu'il y a derrière le côté français de sa banane. « Ce n'est pas que du nationalisme !, explique Philippe Ruelle, directeur général de l'UGPBAN. Ce sont des valeurs sociales et environnementales aussi. On va faire le lien entre la production française et ses valeurs, avec une grosse communication prévue sur le Salon. » C'est d'ailleurs au Sia 2015 (cf. fld du 4 mars 2015) que les Antillais avaient lancé officiellement leur banane bleu-blanc-rouge aux côtés des ministres George Pau-Langevin et Stéphane Le Foll. « Communiquer sur l'origine France était difficile à faire avant, car les aides européennes du programme Rup visaient à promouvoir ces territoires, précise Philippe Ruelle. Ce qui ne nous empêchera pas de déposer un dossier pour redemander ces budgets. L'Apeb y travaillera [lire aussi pp. 6-9, NDLR]. »

La banane antillaise, c'est un Plan Banane Durable. Dans le cadre de sa deuxième phase (2014-2020), l'UGPBAN a réalisé une évaluation de la biodiversité dans ses bananeraies. Conclusion : il y a un retour de la biodiversité suite à la mise en place de nouvelles pratiques culturales.

Communiquer sur la durabilité et la biodiversité

« Nos démarches pour diminuer l'utilisation des produits phytosanitaires ont eu des effets directs sur l'environnement, par exemple sur la pollution, mais aussi des impacts mesurables et durables avec un développement énorme de la biodiversité, se réjouit Philippe Ruelle. Nous allons continuer nos efforts et communiquer sur ce retour de la biodiversité. » Les autres axes du Plan Banane Durable n'en sont pas moins négligés. Les efforts continueront de porter sur les itinéraires culturaux, la substitution de molécules chimiques par des produits de biocontrôle ou agréés en bio, etc. « On a un indicateur assez fiable de cette substitution », précise Philippe Ruelle. En parallèle, l'UGPBAN continue son travail sur la formation et la diffusion

de ces nouvelles pratiques vers ses exploitants et salariés. Mais le plan n'est pas qu'environnemental. Le concept Banane française représente une rupture dans le mode de commercialisation : les bananes sont désormais vendues au nombre de doigts (de trois à six fruits) à prix fixes. Plus besoin de peser ! Le ruban inviolable bleu-blanc-rouge, outre de mettre l'accent sur l'origine France, permet de réduire la casse en rayon.

Chercher de la valeur avec le concept Banane française

« Le Plan Banane Durable, c'est aussi un volet économique, pour aller chercher de la valeur sur le marché », souligne Philippe Ruelle. Le fer de lance de cette stratégie de mise en valeur : la banane française avec son ruban bleu-blanc-rouge et sa commercialisation à la pièce (cf. fld hebdo du 11 novembre 2015). « La banane française est bien un concept, insiste Philippe Ruelle. Il ne concerne pas 100 % de nos bananes et est réservé aux GMS. »

La première phase du concept s'est déroulée selon les prévisions. Pour la phase de déploiement, une deuxième équipe a été mise en place début 2016 sur l'entrepôt (enrubannage, conditionnement), à Dunkerque. « Depuis nos volumes ont doublé, précise Philippe Ruelle. On suit cette montée en puissance qui devrait durer jusqu'à juin. » Les promoteurs de l'UGPBAN, qui “vendent” le concept aux enseignes, sont désormais au nombre de quatorze, et le rythme de nouveaux magasins adoptant le concept est d'une quarantaine par semaine. « A ce rythme, on sera à 2 500 magasins d'ici la fin de l'année », se réjouit Philippe Ruelle. L'ensemble des enseignes s'est associé au concept, et les essais avec Carrefour et Auchan commencent, ce qui promet un beau développement des volumes. Seuls les hards discounts, dont ce n'est pas la stratégie, ne sont pas concernés. Lidl reste un cas particulier. Il est partenaire de la banane de Guadeloupe et Martinique, mais la décision d'adhérer au concept “banane française” a été temporairement différé.

En parallèle, l'UGPBAN poursuit son test de production bio, pour identifier les freins, avec un producteur certifié sur 16 ha. Avec un rendement de 30-35 t/ha, les volumes pourraient atteindre les 500 t. Actuellement, ces bananes bio ont un circuit de commercialisation dédié via un grossiste sur Rungis. « Mais la production est très difficile, confie Philippe Ruelle. Les difficultés, on les pressentait, notamment la lutte fongique, que ce soit en production contre la cercosporiose que sur les traitements post-récolte (conditionnement). Aujourd'hui, il n'existe pas de solution ni technique, ni chimique homologuée. »

Vrai bio, faux bio ?

Le marché pour les produits de biocontrôle en banane aux Antilles n'est pas assez alléchant pour pousser les firmes phytopharmaceutiques à déposer des dossiers d'autorisation de mise en marché. « On dépose de plus en plus nos propres dossiers », regrette Philippe Ruelle. Autre difficulté que connaît bien le bio : la question des rendements et de la qualité moindres. « On essaye de faire tout ce qu'il faut pour que ça marche ! Et ce test nous permet de confirmer qu'il est extrêmement difficile de faire du bio en zone tropicale humide. »

En parallèle, la réglementation européenne sur le bio se prépare à changer. Un décret européen devrait imposer aux fournisseurs étrangers d'appliquer les directives de l'Union en matière de culture bio. « Cette réglementation, dont les amendements sont en cours, sera applicable en 2018, explique Philippe Ruelle. Elle prévoit que les pays tiers auront cinq ans pour se mettre aux normes européennes du bio. Ça montre bien qu'ils n'étaient pas bio ! Ces pays ont à leur disposition des produits qui ne sont pas acceptés chez nous en bio, même en conventionnel ! La certification bio de ces pays est validée par des organismes certificateurs, eux-mêmes agréés par l'UE, si ces pays respectent leur propre réglementation bio. »

Cette réglementation, une bonne nouvelle pour la banane française ? « On ne se fait pas d'illusion, révèle Philippe Ruelle. Des pays comme la République dominicaine ou l'Equateur ne pourront pas s'aligner en cinq ans, mais feront pression par des accords bilatéraux. » Mais le plus important, pour l'UGPBAN, c'est la reconnaissance publique implicite que le bio de ces pays n'est pas un “vrai bio” et que la banane des Antilles, elle, l'est quasiment.

De l'importance de la filière Banane de Guadeloupe et Martinique

Le Cabinet Utopie vient de réaliser l'étude Local Footprint, pour mesurer l'empreinte socio-économique de la filière banane française (sur 2014). Les grandes conclusions : la filière banane soutient 10 131 emplois à temps plein en France, de la production des bananes aux Antilles françaises jusqu'à leur mûrissage en métropole :

• 5 970 emplois directs UGPBAN/Fruidor (5 746 aux Antilles, 224 enmétropole)
• 1 944 emplois indirects chez ses fournisseurs grâce à ses 175 M€ d'achats
• 1 235 emplois induits par la consommation des salariés
• 982 emplois induits des “dépenses des administrations liées aux impôts et taxes versées par la filière”. Sur les îles, la filière représente près de 19 % des emplois du secteur agricole en Guadeloupe et 51 % en Martinique. La filière compte pour 432 M€ de PIB généré (en incluant 129 M€ d'aides et de subventions) et l'étude estime qu'un emploi direct dans la filière soutient 0,7 emploi supplémentaire. La filière supporte l'emploi dans des secteurs divers : agricole, transports terrestres et maritimes, commerces de gros et de détail, services logistiques, etc., et participe à l'économie en induisant de la consommation par les ménages. J. C.

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