Mobilisation nationale
Les départements du Sud placés en vigilance orange par les agriculteurs
Signe d'un ras-le-bol réglementaire, des milliers d'agriculteurs se sont rassemblés à travers toute la France le 24 juin. Les actions ont été très virulentes sur le Min des Arnavaux.
A l'appel de la FNSEA, plusieurs milliers d'agriculteurs se sont mobilisés dans plus de quatre-vingts département de l'Hexagone le 24 juin, jour du passage en deuxième lecture du projet de loi d'avenir de l'agriculture. Dans la ligne de mire des manifestants, le projet d'interdiction des épandages de pesticides à moins de 200 mètres des écoles (cf. brève ci-contre) mais aussi le traité de libre-échange en discussion avec les Etats-Unis et l'origine des produits référencés. Les agriculteurs estiment qu'avec toutes ces restrictions ils « ne tiendront pas face à la concurrence internationale ».
• Dans les départements du Sud : les tensions s'exacerbent au fur et à mesure que le marasme gagne les produits. D'où les opérations de mobilisation qui ont égrené la semaine dernière. En Isère, pour répondre à l'appel de la FNSEA du 24 juin, des producteurs ont organisé un sit-in devant la préfecture du département. Dans la Drôme, tous les députés ou sénateurs ont été visés par les responsables syndicaux qui souhaitaient les rencontrer. « En résumé, les réponses des attachés parlementaires sont laconiques : on fait remonter le dossier, indique Didier Beynet, président de la FDSEA. Il sera difficile de s'en contenter. Nous avons également alerté les élus sur la nécessité de vérifier si les règlements qu'ils édictent sont applicables. » Les Pyrénées-Orientales ne sont pas entrées dans le mouvement pour ne pas aggraver une situation des fruits à noyau qui est déjà difficile. La FDSEA reste en “mode veille” mais suit de près l'évolution des marchés et surtout les offres de la distribution en pêches et nectarines en particulier. Idem dans l'Hérault. La situation est plus radicale en Provence. A l'appel de la FRSEA Provence-Alpes-Côte d'Azur, les agriculteurs ont conduit une opération de vérification de l'origine des produits contenus dans les frigos des importateurs du Min des Arnavaux. « Nous avons trouvé ce que nous cherchions et démontré qu'il y a de plus en plus d'importations au détriment de l'activité économique des entreprises locales », a indiqué Serge Mistral, secrétaire général de la FRSEA. Des camions ont été visités, des palettes renversées dans l'ensemble des box des importateurs installés sur le Min. Canavèse a été la première entreprise à déposer plainte, pour demander réparation et dénonce des « comportements de voyous ». Enfin, vendredi 27 juin en Vaucluse, les Jeunes Agriculteurs et la FDSEA ont mené une “opération caddy” dans un magasin Leader Price qui s'entêtait, en dépit d'une première visite il y a quinze jours, à commercialiser de la tomate belge à prix bradés. Les rayons et les frigos ont été “vidés” de tous les produits d'import. Difficile donc d'imaginer une saison estivale sereine dans le Sud de la France.
• En Ile-de-France : plusieurs centaines d'agriculteurs se sont rassemblés le 23 juin au soir devant le marché de gros de Rungis. Le 24 juin, environ 250 agriculteurs se sont réunis place de la Concorde à Paris. “Halte aux contraintes, la coupe est pleine”, pouvait-on lire sur les banderoles déployées par les Jeunes Agriculteurs. Et 400 agriculteurs du Centre, de la Nièvre et de l'Yonne se sont rassemblés à la sortie du péage de Saint-Arnoult-en-Yvelines pour contrôler l'origine des denrées alimentaires transportées vers Rungis.
• Dans le Nord : entre vingt et quarante agriculteurs ont mené une opération matinale de filtrage et de contrôle des camions venant de Belgique, près de Maubeuge.
• Dans les Pays-de-la-Loire et en Bretagne : les agriculteurs ont misé sur des rencontres avec les élus, pour « alerter les parlementaires ».