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La compétitivité française à l'épreuve
Les coûts de main-d'œuvre pèsent à l'export des pêches et nectarines

La référence nationale “Les pêches de nos régions” conforte la production française qui alimente 60 % de la consommation nationale.

Confrontés au rouleau compresseur de l'Espagne, les opérateurs français avancent prudemment, voire de manière opportuniste, sur les marchés extérieurs. Il est vrai également, que la référence nationale “Les pêches de nos régions”, slogan lancé il y a trois ans, conforte la production française qui alimente 60 % de la consommation nationale même à des prix largement supérieurs aux pêches espagnoles, en moyenne 2,56 €/kg en 2013. « Il faut conforter ces résultats et renforcer la digue qui a été construite depuis environ dix ans », indique Raphaël Martinez, animateur à l'AOP Pêches et Nectarines. C'est-à-dire un recentrage des ventes sur le marché intérieur. C'est une des raisons qui expliquent le recul des exportations françaises.

Le packaging “cuisine” NOUVEAU BRUT D'ÉTÉ

Les AOP Pêches et Nectarines et Abricots lancent un nouveau segment le “Brut d'été”. Il s'agit de colis vrac catégorie 2, de 5 kg pour les abricots et de 3 kg pour les pêches et nectarines. « Rien à voir avec les fruits “moches”, souligne Raphaël Martinez, animateur. Le concept est de valoriser des fruits qui ne le sont pas trop mais qui sont aussi bons que les catégories dominantes. L'idée est d'amener le consommateur à les cuisiner à des prix intéressants et d'éviter le gaspillage. » Le colis, aussi brut que le slogan, porte des conseils culinaires qui sont associés à différentes recettes souvent originales, relayées par le site brutdete.fr Un jeu est aussi organisé, “Le défi de l'été”, qui récompensera la meilleure recette proposée par les consommateurs. A noter que ce site décrit les valeurs et les enjeux des “vergers écoresponsables” auxquels les pêches, nectarines et abricots sont associés cette année.

Selon les données d'Interfel, 44 276 t ont été exportées ou réexportées en 2013. C'est un recul de 5 % vs 2012 et de 7 % par rapport à la moyenne 20092011. En revanche, il faut souligner que si la valeur des exportations était en léger recul en 2013 (-0,13 %), elle a progressé de 12 % vs la moyenne 2009-2011. L'Allemagne (29 %), la Belgique (21 %), la Suisse (20 %) et l'Italie (13 %) sont les principaux débouchés, le reliquat (17 %) étant absorbé par les pays “autres”, appartenant principalement à l'UE à 27. Néanmoins, l'an dernier, les pays tiers, comme la Russie, ont reçu près de 10 000 t de marchandises. « L'Espagne, qui a exporté près de 600 000 t l'an dernier, a la main sur les principaux marchés européens ou lointains. Mais ses déboires commerciaux comme en 2013, avec la fermeture du marché russe au mois d'août, sur lequel elle se bat avec l'Italie et la Grèce, pèsent lourdement sur les exportations françaises. Les opérateurs français ne peuvent pas lutter contre des prix à 0,70 € ou 0,80 € départ Espagne, voire moins. » Le prix de la main-d'œuvre élevé prive les opérateurs français d'une part de compétitivité qui lui serait nécessaire pour tenir durablement des marchés à l'export. De ce fait, les grandes manœuvres se produisent quand les volumes et la qualité s'y prêtent (gros calibres) ou encore en cas d'effondrement du marché intérieur. « Il y a des marchés comme la Suisse ou la Belgique avec quelques opérateurs, où les pêches et nectarines sont bien valorisées. Mais d'une manière générale, les metteurs en marché français, hormis les hypers spécialistes, travaillent plus avec les grossistes qu'avec les enseignes de distribution, à défaut de pouvoir répondre aux demandes de camions complets. »

La France a perdu 59 % des superficies de pêches et nectarines en dix ans

L'autre handicap de la France est la diminution de son potentiel. Selon l'enquête verger réalisée au printemps 2013 par le SSP, en dix ans, la France a perdu 59 % des superficies de pêches et nectarines passant de 18 888 ha à 9 897 ha et de 390 000 t à 200 000 t. Le Languedoc-Roussillon a été le plus touché (-22 % début 2013), Paca (-12 %) et Rhône-Alpes (-10 %) alors que le Sud-Ouest est plus stable. Les raisons en sont connues : de mauvais résultats économiques (en moyenne une “bonne” année sur trois) qui découragent les investissements en particulier chez les arboriculteurs les plus âgés et la pression de la Sharka qui décime les vergers. « Il faut imaginer une stabilisation du verger à 200 000 ou 250 000 t. Cette année sera décisive. Si elle est correcte, comme les deux campagnes précédentes il n'est pas exclu de voir les cessations d'activité ou les arrachages ralentir. »

D'une manière générale, tous les pays producteurs européens, à l'exception de l'Espagne qui continue sa progression à + 20 % par rapport à la moyenne 2007-2011 vs 2013, voient leurs vergers décliner. L'Espagne en profite pour consolider sa position sur le marché français (90 % des volumes importés) au détriment de l'Italie, alors que le Maroc reste stable. « A partir de là, les metteurs en marché ont fait le choix du marché intérieur sauvé par la préférence nationale », ajoute Raphaël Martinez. L'AOP est à l'origine de nombreuses actions de promotion et de communication et a même anticipé sur le “Made in France”. Un énorme travail a été fourni pour ancrer dans l'inconscient du consommateur des valeurs de préférence nationale, de proximité, de fraîcheur, etc., « une action très suivie par la distribution ». Depuis l'an dernier, c'est Grégory, arboriculteur de la Drôme, qui présente et défend son métier sur “Pêche TV” et sur les plaquettes, qui illustrent l'engagement de l'AOP dans le concept “Vergers écoresponsables”.

Pêche-Nectarine

Commerce extérieur (de janvier 2013 à décembre 2013)

Répartition des exportations en volume (de janvier 2013 à décembre 2013)

Durant la campagne 2013, les importations ont dominé le commerce extérieur en pêche et nectarine comme on pouvait s'en douter. Les exportations ont régressé en volume de 5 % à 44 276 t. En termes de marché, l'Allemagne domine les exportations, suivie par la Belgique, la Suisse, l'Italie et même un peu l'Espagne à hauteur de 4 %.

Depuis 2013, l'association a retravaillé la segmentation et lancé une gamme premium, dont les résultats sont à confirmer. En revanche, l'entrée de gamme “Fruits de France”, plateau 2 kg, a été très bien perçue, tout comme les barquettes 4 fruits ou le colis 8 fruits à 1,3 kg. S'ajoutera cet été le Brut d'été (cf. page 22), destiné à faire découvrir de nouveaux usages. Enfin, l'AOP met à disposition des distributeurs de nouveaux stop-rayons pour les segments traditionnels, auquel s'ajoutent pour la première fois les pêches et nectarines sanguines qui rejoignent la collective “Pêches de nos régions”. 70 % de la production de pêches et nectarines françaises sera vendue entre mi-juin et septembre…

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