Innovations - Enquête
Les consommateurs imposent leurs choix
Deux études – réalisées par le cabinet XTC et TNS-Sofres pour le Sial 2012 – font le point sur les tendances alimentaires et le niveau d’intérêt qu’elles suscitent auprès des consommateurs.
Les tendances alimentaires constituent un terrain de jeux à géométrie variable. Les industriels s’efforcent tant bien que mal de les suivre au plus près afin de proposer des innovations en phase avec les attentes des consommateurs. Lancer un produit que tout le monde attendait constitue le Graal des marques qui continuent sans relâche de scruter les comportements afin de proposer la réponse idéale.
Pour le Sial 2012, le cabinet XTC, présidé par Xavier Terlet, a analysé l’offre en cinq grandes tendances (cf. arbre des tendances). Sur quels chemins se sont engagés les industriels ? Sur quels produits ont-ils misé ? Quelles tendances ont-ils identifiées comme dominantes ?… En parallèle, TNS-Sofres s’est attaché au niveau d’intérêt des consommateurs pour ces innovations dans sept pays : France, Allemagne, Espagne, Royaume-Uni, Etats-Unis, Russie et Chine. L’étude a été réalisée, dans chacun de ces pays, auprès d’un échantillon représentatif de 1 000 individus, âgés de 18 ans et plus. Alors, l’offre des industriels exhausse-t-elle les souhaits des consommateurs mondiaux ? Apparemment, des attentes sont encore à satisfaire…
• Le premier axe identifié demeure le plaisir à 52,5 %. Les consommateurs ont exprimé leur intérêt pour les petits plaisirs, ceux qui aident à vivre au quotidien en temps de crise, avec un bel attachement au terroir. A contrario, le haut de gamme ne fait plus rêver. Ils y opposent l’authenticité et la simplicité, dans lesquelles ils se projettent davantage. De même, les produits funs et créatifs, censés apporter de nouvelles sensations en termes de goût, arômes, textures, n’intéressent que peu de monde en ce moment.
• Deuxième axe d’innovation : la santé avec 22,1 % de l’innovation mondiale. Il s’agit de la catégorie qui rassemble le niveau d’intérêt le plus élevé. Naturalité, végétal et médical séduisent les consommateurs qui se disent prêts à acheter davantage de produits plus naturels, plus simples à utiliser, dont les origines sont claires. 70 % d’entre eux jugent intéressantes les mentions “A base d’ingrédients 100 % naturels” et “Sans conservateurs”. Le bio, pourtant exploité de façon soutenue par les industriels, ne fait pas le bonheur des consommateurs qui y voient des réponses insuffisantes : incertitudes sur les origines, promesse santé confuse… Le médical, dans son expression préventive, remporte de nombreux suffrages, tels les aliments adaptés aux personnes souffrant d’allergies. Les consommateurs attendent une alimentation saine qui leur fait du bien, et cette demande est internationale.
• Le troisième axe, la praticité, représente 15,8 % des innovations mondiales. Les consommateurs considèrent la praticité d’un produit comme un dû, un prérequis. La consommation “nomade”ne constitue pas une attractivité supplémentaire en termes de praticité. Ils veulent du concret : gain de temps, facilité de préparation… Par exemple, l’adaptation des packagings en fonction des utilisateurs est jugée intéressante par deux tiers des sondés.
• La forme se place en quatrième position avec 7,4 % des lancements produits. L’offre qui concerne la diététique, le bien-être, la minceur, la beauté est en nette régression, en accord avec les attentes des consommateurs qui n’y accordent que peu d’intérêt. Le fantasme de la cosmétofood ne fait donc plus recette… trop de déceptions, peut-être ?
• Enfin, la dernière tendance est l’éthique (écologie et solidarité), avec 2,3 %. Un secteur en devenir ou pas encore suffisamment exploité par les industriels si on en juge par le haut niveau d’intérêt que suscitent ces produits dans l’enquête. Les consommateurs sont demandeurs de produits portant des valeurs écologiques : moins de transport, moins d’emballage… Leurs attentes se concentrent sur la production locale. A l’inverse, le commerce équitable, issu souvent de pays lointains, ne suscite que peu d’intérêt. La conscience écologique des consommateurs devrait permettre à cet axe de se développer, à condition que l’offre reste accessible.
Ces études croisées montrent bien que quelques décalages existent entre l’offre alimentaire et la demande, tout en dégageant de vraies tendances d’avenir comme la santé, l’écologie, l’éthique. D’après Xavier Terlet, il existe déjà des signaux faibles qui préfigurent des innovations de demain. Le vivant devrait se développer. « Aujourd’hui, le frais bénéficie d’une meilleure image que l’épicerie. Demain, ce sera “le plus frais que frais : le vivant”. » On le voit déjà avec les graines germées, par exemple. Autre tendance pointant son nez, la reconstruction alimentaire : pour satisfaire les attentes des consommateurs en termes de naturel, quelques industriels s’attachent déjà à reproduire la nature en proposant, par exemple, des produits qui, à l’instar des fruits, se présentent avec des emballages comestibles.