Nord-Pas-de-Calais
Les arrachages de pommes de terre n’ont pas débuté
Les producteurs se montrent inquiets sur les conditions de récolte après la sécheresse de l’été. Car plus la récolte est retardée, plus les risques d’une baisse de qualité s’accroissent !
Les producteurs du Nord-Pas-de-Calais sont partagés entre inquiétude et impatience. Impatience de rentrer dans les champs pour débuter la récolte, inquiétude de savoir si tout pourra être rentré et quelle sera la qualité des tubercules stockés ! Excepté dans les parcelles irriguées (1), ils n’avaient toujours pas commencé leurs chantiers d’arrachage au 30 septembre, contrairement à ceux de la Marne, de l’Aisne ou de la Somme qui en ont pratiquement terminé. En Belgique, où les emblavements ont fortement augmenté cette année passant de 50 575 à 59 600 ha (+ 16 %) et où il existe des exploitations cultivant jusqu’à 400 ha, les producteurs n’attendent plus. Ils sont rentrés dans les champs de peur de ne plus pouvoir le faire avec les pluies annoncées. C’est néanmoins dans ce pays où l’on s’attend aux plus fortes baisses de rendement.
Cette situation exceptionnelle est due à un déficit hydrique important qui sévit maintenant depuis plus de huit semaines. « Une sécheresse jamais vue de mémoire de patatier. Une sorte de rappel à l’ordre de la nature », témoigne Luc Chatelain, administrateur UNPT dans le Pas-de-Calais. Certains négociants français (parmi les plus importants) ou étrangers sont même allés jusqu’à dénoncer leurs contrats passés avec leurs producteurs. « Il faudrait qu’il tombe au moins 40 mm d’eau pour permettre aux machines d’entrer en action et préserver la qualité des tubercules », relève Laetitia Clavey, directrice du groupement des livreurs à McCain (Gappi).
De quoi faire changer radicalement le discours des responsables de l’UNPT qui exhortaient les producteurs à la mi-août à défaner leurs parcelles plus tôt pour ne pas engorger le marché. Six semaines plus tard, le groupe de producteurs du Nord-Ouest européen (NEPG) parle d’« une production européenne légèrement inférieure à celle de l’an passé malgré une hausse des emblavements de 1,7 % ».
Mais ce qui inquiète le plus les responsables de la filière, c’est la qualité des produits mis en marché, car qui dit sécheresse prolongée, dit parfois coups à la récolte et mauvaise conservation au stockage. Sans compter que les taux de matières sèches des tubercules n’ont jamais été aussi élevés. Des taux qui peuvent aller de 25 à 30 % de matières sèches quand ils sont habituellement situés entre 18 à 22 % ! McCain, qui demande à ses producteurs des taux moyens de 19,7 %, les met en garde au cas où les matières sèches atteignent 29-30 %, car les tubercules sont beaucoup plus difficiles à couper. Enfin, « une pomme de terre qui reste trop longtemps en terre commence à avoir une peau qui se ternit et qui se fonce », explique Luc Chatelain.
Alors le message de l’UNPT est clair : « Il n’y aura pas de place pour des produits de qualité médiocre ». Et chacun espère faire démentir le vieux dicton qui dit qu’« à toute période de sécheresse succède souvent une longue période pluvieuse ». Certains patatiers se souviennent encore de 1974 où l’armée avait aidé à la récolte. Pas sûr qu’elle revienne sur le terrain 35 ans plus tard !
(1) 40 % des surfaces du Nord-Pas-de-Calais sont irrigués contrairement à la Somme (60 %).