Fruits tropicaux - Production
Les Antillais entendent récolter les fruits de leurs efforts
2012 sera-t-elle enfin l’année de pleine production attendue depuis si longtemps par les planteurs antillais ? C’est l’espoir des producteurs guadeloupéens et martiniquais. En 2011, le cyclone Thomas (novembre 2010) avait amputé le potentiel de 30 % des volumes sur le premier trimestre. « Thomas a “décyclé” notre production, explique Philippe Ruelle, directeur de l’UGPBAN. La majorité de notre production est arrivée pour les mois de mai, juin, juillet, août avec de gros volumes sur cette période où les cours étaient les moins bons. » A la baisse de consommation générale des f&l due à la crise E. Coli, il faut ajouter la fermeture des frontières russes, les printemps arabes : toutes les bananes destinées à ces marchés se sont retrouvées sur le marché communautaire. « Et nous arrivons avec plus de bananes sur un marché dépressif », ajoute Philippe Ruelle.
En effet, la consommation française est en chute : de 550 000 t en 2009, elle est tombée à 530 000 t en 2010 et devrait péniblement atteindre les 500 000 t cette année. Comment explique-t-on une telle baisse ? « Le marché n’est pas animé. Il n’est pas dynamique. Le distributeur ne s’occupe pas du rayon », constate Philippe Ruelle. Pour lui, si l’Association interprofessionnelle de la banane (AIB en cours de création) voyait le jour, ses premières missions seraient de s’occuper des problèmes de logistique, mais aussi de cette question de la dynamisation du marché et de l’animation du rayon.
Malgré cela, les efforts déployés portent leurs fruits et l’UGPBAN attend pour 2012 une production qui pourrait avoisiner les 280 000 t, soit le volume le plus important depuis de nombreuses années. Le plan banane durable a permis de changer le regard des consommateurs, des distributeurs mais aussi des décideurs politiques sur la production antillaise.
Une lutte de tous les instants contre la cercosporiose noire
Autre point positif du plan banane durable, les planteurs sont aujourd’hui mieux armés pour affronter l’arrivée de la cercosporiose noire. Ils ont pu faire valider leurs plans de traitement aérien en mettant en avant leur capacité à respecter la réglementation (interdiction de traiter à moins de 50 m d’une habitation, d’un cours d’eau...) grâce à la mise en place de traitements par hélico relayé par GPS. L’Institut technique tropical fournit de gros efforts pour soutenir les producteurs dans cette lutte dans le but de trouver des méthodes de traitement terrestres. On parle ainsi d’un petit chenillard qui pourrait aller au plus près des plantes permettant de réaliser des traitements dans les zones accidentées ou dans les zones inférieures au 50 m par exemple. L’outil, réalisé en collaboration avec le Cemagref, pourrait être prêt dans deux ans. Jusqu’à présent, les planteurs arrivent à contenir la maladie. Pour combien de temps ?