Production
Les “amateurs éclairés” du Moulin des Costes
L'Association des oléiculteurs pélissannais dispense des informations et formations aux 1340 apporteurs, “propriétaires d'un olivier et plus”.
La filière oléicole française compte 35 000 producteurs, dont 10 % seulement sont considérés comme des professionnels. Il apparaît néanmoins que le terme “amateur” doit souvent être accompagné de l'adjectif “éclairé”. C'était le cas le 26 octobre à Pélissanne (Bouches-du-Rhône) où le Moulin des Costes a ouvert ses portes pour la nouvelle campagne. Le Moulin des Costes a été réactivé en 2000 sous l'impulsion de l'Association des oléiculteurs pélissannais et des environs. « C'était un sacré challenge de vouloir à nouveau ouvrir un moulin fermé depuis treize ans, indique Jean-Claude Nocchi, membre du comité de gestion du moulin. Cela a été dur, ce n'est pas gagné mais nous sommes sur la bonne voie. » Les vies du moulin et de l'association sont totalement imbriquées. « Le moulin emploie entre trois et cinq personnes le temps de la campagne, souligne Emile Bonnet qui préside aux destinées des deux structures. Le reste du temps, ce sont des amateurs bénévoles réunis en comité de gestion qui sont à la manœuvre. » Le Moulin des Costes a compté l'an dernier 1 340 apporteurs, “propriétaires d'un olivier et plus”.
Techniquement, ils sont accompagnés par l'Association des oléiculteurs pélissannais qui dispense informations et formations sous la forme de cours de taille et de greffe, d'animations techniques autour de l'olivier et rédige régulièrement un bulletin d'informations. « Nous souhaitons réapprendre aux particuliers l'intérêt de l'olivier. » Le moulin produit en moyenne 40 000 litres d'olives par an. « La caractéristique de notre moulin est que 80 % des volumes sont repris par les apporteurs. Pour sa part, la société de gestion du moulin leur achète 10 000 litres pour l'approvisionnement de la boutique, les ventes en ligne ou encore le Salon des produits fermiers à Paris où nous allons tous les ans. Nous n'avons pas de service commercial à proprement parler. Dans l'idée, nous voulions recréer un moulin de proximité, pour permettre aux gens de se rencontrer. Nous ne voulions pas d'une énorme affaire commerciale. Nous sommes à l'équilibre et c'est l'essentiel. »
Développement du bio et d'une gamme d'huiles monovariétalesLe Moulin des Costes produit une gamme de fruités verts et noirs « très demandée et en progression » sous AOP Aix-en-Provence ou indication France pour les huiles qui n'entrent pas sous signe de qualité. « Nous avons également développé le bio depuis l'an dernier et nous commençons à déployer une gamme d'huiles monovariétale. Nous fabriquons également la Cuv'éthique. C'est une huile produite uniquement à partir des olives des adhérents qui s'engagent à des méthodes de culture spécifiques. » Des adhérents qui, par ailleurs, peuvent opter pour une trituration individuelle de leurs olives, moyennant une légère augmentation tarifaire du coût de l'opération, ou laisser leur huile dans la cuvée collective. Les assemblages sont réalisés par un spécialiste de l'oléologie, transfert du terme œnologie à l'oléiculture, pour marier élégamment les Aglan-dau, Grossane et Salonenque, varié-tés dominantes du pays d'Aix. Le Moulin des Costes (logé dans une bâtisse du XVIIIe siècle, classée aux Monuments Historiques) et ses bénévoles sont largement investis dans la ville de la cité. « Nous participons à la Semaine du goût durant laquelle nous nous rendons dans les écoles de Pélissanne et nous accueillons les élèves au moulin ou dans les oliveraies. Nous organisons également des portes ouvertes et nous avons accueilli 600 personnes le 14 août. »
Pour cette récolte durant laquelle « toutes les olives vont compter », a indiqué Olivier Nasles, président de l'Afidol, le moulin sera ouvert tous les jours, les dimanches soir et peut-être même les jours fériés. Histoire de « ne pas faire exploser le moulin le lendemain. »