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Le cas du marché de l'avocat
Les accords mondiaux jouent sur l'attractivité du marché UE

Les origines sud-américaines d'avocats arbitrent leurs exportations entre l'Union européenne et les Etats-Unis, avec qui elles ont aussi des accords de libre-échange.

En l'espace de dix ans, les volumes d'avocats importés en Europe ont progressé de presque 100 %. De 220 000 t d'avocats en 2004 (flux intra-européens inclus), le total est passé à 440 000 t en 2013.Mais la consommation européenne a suivi et se montre en constante augmentation. En France, premier consommateur européen, les achats apparents sont passés de 34 545 t en 2009 à 38 000 t en 2012. La désaffection des variétés lisses et vertes est croissante et, aujourd'hui, la demande se tourne vers un produit mûr, de type Hass (cf. fld magazine de septembre 2013). Les importateurs investissent pour s'adapter à cette demande.

Chez Georges Helfer, importateur basé à Rungis et qui, dès 1965, a fait de l'avocat son produit phare, on parie sur ce segment. « Nous avons mis en place trois nouvelles chambres de chauffe en 2013, explique Olivier Fakhri, directeur commercial. Pour 2014-2015, nous allons développer une ligne de conditionnement pour une gamme de produits pré-mûris et mûrs à point, en barquettes par exemple. » Autre point d'importance : sécuriser l'approvisionnement avec de nouvelles origines.

Les volumes progressent, sauf le Mexique qui s'est tourné vers les Etats-Unis

Actuellement le marché UE est approvisionné par une dizaine d'origines. L'Afrique du Sud, le Kenya et le Pérou sont les principaux fournisseurs de la campagne d'été. Si les volumes d'importation de l'Afrique du Sud (44 073 t en 2013) et du Kenya (13 313 t en 2013) se sont stabilisés ces dernières années à environ 40 000 t et 13 000 t respectivement, le Pérou a vu ses volumes passer de 30 500 t en 2006 à 86 300 t en 2013, soit + 183 %.

La transition été-hiver est assurée par le Chili et le Mexique. Les volumes chiliens progressent, passant de 34 000 t en 2006 à 50 679 t en 2013 (+ 4 %), tandis que le Mexique s'est désintéressé de l'Europe depuis que les accords l'autorisent à exporter aux Etats-Unis. Ses volumes pour l'UE sont tombés à 8 758 t contre 16 000 t en 2006 (-4 %). Israël, dont les volumes progressent chaque année (37 100 t en 2013 contre 32 000 t en 2006, soit + 16 %) et l'Espagne (58 265 t, soit +41 % par rapport à 2006) se partagent le marché d'hiver. « Concernant l'hémisphère Nord cette année, le Chili a été très présent en volumes contrairement au Mexique qui a peu d'intérêt à envoyer sur l'Europe (nous ne sommes que deux à faire cette origine), analyse Olivier Fakhri. Les envois d'Israël ont légèrement baissé par rapport à 2013 mais ils se développent tous les ans. La principale origine reste l'Espagne pour la majorité du marché grossiste et GMS. Mais elle ne suffit plus à couvrir l'ensemble des besoins européens. » D'où l'émergence de nouvelles origines, en particulier la Colombie, le Maroc et la République Dominicaine. Les envois colombiens et marocains en Europe sont passés, entre 2006 et 2013, de 7 à 562 t et de 0 à 1 397 t respectivement, tandis que les volumes dominicains se situent entre 1 500 et 3 500 t en fonction des années (2 363 t en 2013). « Helfer étudie particulièrement ces trois origines. Outre une qualité et un calendrier d'import intéressant pour compléter les disponibilités de Hass en hiver, les frais et temps de transit sont raccourcis. »

L'avocat colombien intéresse les importateurs

L'importateur Univeg Katopé a été l'un des premiers en France à se lancer sur l'origine Colombie, en Hass pré-mûri, l'année dernière. « Nous avons fait une bonne saison, qui a débuté fin octobre-début novembre pour finir fin avril, à hauteur de deux-trois conteneurs par semaine, précise Fred Coco, directeur commercial. Nos clients, principalement la GMS en France et en Europe, ont apprécié la qualité gustative de cet avocat, qui mûrit bien. » L'origine Colombie semble prometteuse. Outre le calendrier d'import qui complète l'approvisionnement d'hiver et qui permet de s'affranchir en partie du Chili (qui joue avec les marchés américains et UE), le transit est suffisamment court pour permettre un mûrissage optimum. L'accord de libre-échange UE-Colombie, signé le 1er août 2013, n'a pas vraiment influencé le choix de cette origine, des politiques commerciales existant déjà (mais renégociées tous les ans). Univeg Katopé a aussi testé l'origine République Dominicaine. « Mais le climat tropical conférait une évolution non satisfaisante pour cet avocat dans la mesure où la peau restait verte. Ce n'est pas ce que recherche le consommateur. En revanche, cela ne pose pas de problème aux Etats-Unis, plus portés sur la coupe du fruit, et pour lequel le temps de transit est plus court. »

L'accès aux marchés mondiaux influent sur les arbitrages des pays exportateurs

Toutefois, sur les autres produits, les accords commerciaux bilatéraux – et en particulier les accords de libre-échange qui suppriment les droits de douane – vont jouer sur les choix des importateurs. « L'ensemble des avocats importés en Europe sont exemptés de droits de douane, précise Olivier Fakhri. On pourrait donc croire que les accords de libre-échange entre pays importent peu sur notre politique d'achat. Il n'en est rien car ces mêmes accords impactent considérablement la politique des pays exportateurs et jouent sur l'attractivité de l'Europe. Ainsi l'ouverture du marché américain depuis deux ans à l'avocat péruvien a considérablement changé la donne pour les producteurs péruviens, et donc pour les importateurs européens. » Le Pérou est en effet autorisé a envoyé ses avocats aux Etats-Unis depuis 2012, faisant reculer l'arbitrage pour l'UE de 82 % en 2011 à 77 % en 2012. Ce recul est lissé par la forte hausse de la production péruvienne, qui est toujours massivement présente en Europe. Pour 2014, ProHass (Association des producteurs d'avocats Hass du Pérou) prévoit un volume à l'export de 155 000 t (+ 52 %), à 42 % pour les Etats-Unis et à 55 % pour l'Union européenne, encouragé par les bons niveaux de prix européens et une forte consommation. Mais cette situation fragilise les importateurs et la stabilité des approvisionnements : l'arbitrage péruvien se fait semaine par semaine en fonction de la différence de prix de vente sur les marchés européens et américains.

Ces dernières années, l'Amérique du Sud s'ouvre de plus en plus à l'Europe : ainsi des accords de libre-échange ont été mis en place avec le Mexique (en 2000), le Chili (2005), le Pérou et la Colombie (2013), l'Amérique Centrale (2013), la République Dominicaine (2008, accord UE-Caraïbes). Tous ces pays sont également en accord de libre-échange avec les Etats-Unis (signés dans les années 2000). Les accords de libre-échange dans le monde se montrent bénéfiques. Pour Olivier Fakhri, « l'augmentation très forte de la consommation d'avocats dans le monde ces dernières années [aux Etats-Unis la consommation a quintuplé, NDLR] est bien la preuve que ces accords de libre-échange ont eu un effet bénéfique sur les prix et la consommation ! »

L'embargo russe ne concerne pas les réexportations françaises d'avocats

Un bémol toutefois, avec l'Accord d'association avec l'Ukraine qui a, par effet ricochet, déclenché l'embargo russe (cf. pp. 30-32). En France, on réexporte moins (par exemple, chez Georges Helfer la réexportation ne concerne que 10 % des volumes sur plus de 300 conteneurs importés en 2013) et cet embargo concerne plutôt les importateurs hollandais et des pays d'Europe de l'Est. « Il reste aussi à préciser les conditions de mise en œuvre de cet embargo qui vise l'Europe, précise Olivier Fakhri. Ainsi des avocats péruviens importés par un hollandais et vendus en Russie sont-ils considérés comme européens, et donc soumis à embargo, ou péruviens, et donc non soumis à embargo ? »

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