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Framboise : les acariens ériophyides augmentent leur pression

La présence sur framboisiers des acariens ériophyides est en hausse ces dernières années. Les moyens pour les contrer sont peu nombreux et nécessitent d’être étoffés.

Les acariens font partie des ravageurs classiquement observés sur framboisiers. Depuis quelques années, la pression en ériophyides augmente. Ces petits acariens, responsables de la décoloration des drupéoles, sont devenus un problème important sur framboisiers en Europe, avec des risques de grandes pertes économiques sur la culture. Ils se propagent facilement par les plants. « Les piqûres des ériophyides provoquent sur le feuillage du framboisier des taches jaunes. Sur fruits, elles entraînent des décolorations, les drupes restent blanches », décrit Dylan Maret de la station de recherche agronomique suisse Agroscope, lors de la journée nationale petits fruits rouges en septembre 2022.

Des symptômes qui peuvent être confondus

Les symptômes des ériophyides peuvent être confondus avec d’autres causes, comme les maladies virales. « Les maladies virales provoquent aussi des décolorations des feuilles. Pour faire la différence, il faut faire attention à la répartition des symptômes, indique Dylan Maret. La répartition des décolorations est plus homogène et plus symétrique avec les virus. Avec les ériophyides, la répartition dépend de la localisation des populations présentes sur les feuilles. » Les symptômes de piqûres d’ériophyides peuvent aussi être confondus avec les coups de soleil sur fruits. En cas de coup de soleil, les taches blanches sont concentrées au même endroit, face au soleil. À l’inverse, avec les acariens, elles seront réparties tout autour du fruit.

Les principales espèces d’ériophyides sur framboises et ronces sont Phyllocoptes gracilis et Acalitus essigi. Ils ne sont pas inféodés à une espèce végétale, on peut les retrouver sur les différentes espèces de Rubus sp. Les ériophyides se différencient des autres acariens présents sur framboisiers par rapport à leur taille. Ils sont minuscules (130 micromètres) et ne se voient pas à l’œil nu ; les tarsonèmes, deux fois plus gros (250 micromètres), sont un problème moins important ; les tétranyques sont beaucoup plus connus car visibles à l’œil nu (0,5 mm). Ensuite, certains acariens sont prédateurs, comme ceux de la famille des Phytoseiidae, couramment utilisés en lutte biologique.

Évaluation d’un traitement à la vapeur

Les substances actives efficaces contre les acariens sont peu nombreuses (voir encadré). L’abamectine, la substance la plus utilisée, ne sera prochainement plus autorisée en France. L’adaptation de l’itinéraire technique, comme une bonne gestion de l’aspersion, peut permettre d’éviter une trop grande pullulation d’acariens. Agroscope a débuté en 2022 des essais destinés à évaluer l’efficacité d’un traitement à la vapeur des Long Canes pour lutter contre les ériophyides sur framboises. Ces essais sont réalisés en collaboration avec l’entreprise Plantsauna, qui commercialise son système de traitement à la vapeur en containers contre les tarsonèmes sur fraises. Les plants sont installés dans les containers puis la vapeur est diffusée à des températures successives de 37 et 44 °C. « Le but est de désinfecter les Long Canes à la sortie du frigo, avant la plantation », indique Dylan Maret.

Lors de ces essais préliminaires, trois modalités ont été étudiées : témoin, traitement long (4h), traitement court (2h). « Les premiers résultats sont prometteurs, souligne Dylan Maret. Mais le protocole doit être optimisé. Ainsi, un délai d’attente trop long entre la sortie des frigos et le traitement a entraîné le débourrement des cannes, et donc des dégâts sur les bourgeons lors de l’application du traitement à la chaleur. » Pour l’un des lots traités, le délai en sortie de frigo a été beaucoup plus court et le traitement a été beaucoup plus efficace. Il faut toutefois faire attention au choc thermique et ne pas mettre les plants instantanément dans les containers à la sortie de la période froide.

Source : Lutte contre les acariens ériophyides dans les framboisiers, Agroscope, Bastien Christ, André Ançay, Dylan Maret, Oriane Potard, Camille Minguely et Catherine Baroffio.

Un cycle rapide et explosif

Les acariens ériophyides hivernent sous la forme de femelles dites deutogynes. Au débourrement, ces femelles commencent à pondre. Les œufs vont donner des femelles d’été, qu’on nomme protogynes, et des mâles. Le mode de reproduction des acariens ériophyides est la parthénogénèse arrhénotoque, comme pour les abeilles : un œuf fécondé donne une femelle, un œuf non fécondé donne un mâle. Le cycle des ériophyides est rapide : à 25 °C, une génération prend environ 14 jours. « Sur toute une saison, si on n’arrive pas à empêcher la propagation, on peut atteindre de grandes infestations », prévient Dylan Maret d’Agroscope. Les femelles hivernantes migrent sur les nouvelles cannes de la framboise pour passer l’hiver. La station suisse a étudié les déplacements des acariens pendant le cycle, ce qui permet un suivi plus efficace lors des échantillonnages. « Au début de saison, au mois de février, on est sur une petite population », décrit Dylan Maret. Progressivement, au cours de la saison, les ériophyides migrent sur les nouveaux organes végétatifs et floraux, pour arriver à la fin de la saison sur le fruit rouge, pendant le pic de population au mois de juillet. Sur les mois d’août et septembre, on peut voir qu'il y a beaucoup moins de pression, la population a migré sur les nouvelles cannes.

Des difficultés à gérer certains bioagresseurs

Chaque année, un bilan national des problématiques phytosanitaires des petits fruits rouges est réalisé par un groupe, co-animé par le CTIFL et le ministère de l’Agriculture, constitué de conseillers, expérimentateurs, chercheurs et producteurs. Pour le framboisier, les principales problématiques ressorties sont bien sûr Drosophila suzukii, mais aussi une montée des acariens Eriophyies. Autres difficultés remontées : le Phytophthora, la cicadelle, les cécidomyies sont constatés dans certaines régions, les punaises… Le groupe technique national Petits Fruits rouges relève pour chaque maladie et ravageur les substances autorisées. Contre les acariens, plusieurs substances sont autorisées, mais beaucoup ne sont pas utilisées car peu adaptées (acides gras) ou parce qu’on a une mauvaise connaissance de leur utilisation (produits de biocontrôle). En conventionnel, les terpènes, et surtout l’abamectine sont autorisés. Cette dernière substance est la principale autorisée mais elle sera prochainement interdite. En bio, le soufre montre une efficacité, mais il est très difficile à utiliser du fait de sa phytotoxicité sur framboisier.

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