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Kiwi - Recherche
L’ère monovariétale est terminée

La production de kiwi vit une révolution : le leader mondial Hayward – qui a fait le développement de la production – a cessé d’être unique. Après la recherche de précocité, l’innovation variétale porte sur les goûts, les couleurs et les dimensions du fruit.

Le commencement de la diversification variétale remonte au tout début des années 2000. Le taux de pénétration du kiwi dans les ménages dépassait difficilement 60 % (1) avec une augmentation de consommation seulement chez les amateurs de kiwi. Pour toucher de nouveaux publics, il fallait diversifier : Summerkiwi en vert précoce, Zespri Gold et Jintao en jaunes, kiwaï “babykiwi” ont ouvert le bal. Des variétés issues des programmes de recherche néo-zélandais, italiens, chinois, grecs sont à venir. « L’ère monovariétale est terminée », résume Bernard Hennion, ingénieur en charge du kiwi au CTIFL.

Des risques de maladies graves
L’INRA a arrêté son programme de recherche en 2000. Le CTIFL a récupéré le matériel végétal, mené des essais de techniques culturales, de même que la Sefra, la station de recherches de Rhône-Alpes. Bernard Hennion estime que les nouvelles variétés viendront surtout de Nouvelle-Zélande, « le seul pays qui ait mis en place un programme de création variétale bien structuré. Mais n’oublions pas que la Chine possède la réserve génétique ».
Lors d’une journée sur les perspectives variétales (2), Bernard Hennion a rappelé que ces nouvelles variétés pourraient permettre de résoudre des problèmes techniques, en matière de porte-greffe notamment. Il faudra aussi savoir passer de la culture d’Hayward, quasiment sans traitement à la gestion de sensibilités variétales qui vont obliger à repenser la conduite sanitaire. « Sur fond de ravageurs émergents qui perturbent la situation ».
Bernard Hennion tire la sonnette d’alarme. On craint en particulier Pseudomonas syringae dont les conséquences sont catastrophiques : chute des fruits mais aussi flétrissement et mort de la plante. Détecté pour la première fois en 1992, il constitue un facteur limitant de production au Japon et a provoqué en Italie de graves dégâts, estimés à 2 millions d’euros pour 2007-2008. Il semble provoquer des dégâts plus importants sur le kiwi à chair jaune, en Italie sur la variété Hort 16 (3) en particulier. La Nouvelle-Zélande a vu le problème pour la première fois mi-2008. Le remède est radical : « Couper, nettoyer, brûler ». On parle de foyers dans le Piémont. Les Néo-Zélandais – qui ont investi environ 1,8 million d’euros sur cinq ans dans un programme de recherche – recommandent de brûler les parties malades. En attendant, Zespri a arrêté les importations de plants en provenance d’Italie.

Le kiwaï, une nouvelle baie
En Summerkiwi, 173 ha ont été plantés en France de 2003 à 2010. Jintao, “l’autre jaune”, est développé par Prim’Land. Chez Zespri, on annonce l’arrivée sur le marché « de nouveaux kiwis dynamisant les catégories dans les dix prochaines années », en vert (fruit moins acide, avec des rendements plus élevés, et plus précoce), en jaune (avec une saison et une conservation plus longues et une couleur plus jaune). La voie choisie : de nouvelles saveurs mais aussi « des tests en France, en Italie, en Asie où on produit déjà », indique le responsable de Zespri hors Nouvelle-Zélande.
Le kiwaï (Actinidia arguta) constitue la diversification la plus marquante. Il positionne le fruit dans le domaine des baies, avec un babykiwi plus sucré que le vert et autant que le jaune. Des premières plantations commerciales ont été effectuées en Oregon, au Chili et en Nouvelle-Zélande. Les fruits signés Prim’Land obtenus en 2009 sur les vergers expérimentaux proviennent de la sélection néo-zélandaise.
En 2010, 9 ha de vergers commerciaux ont été plantés avec les variétés Rua et Tahi. Fabien Bec, responsable du développement des nouvelles variétés, en indique la limite maximum : « 500 ha à l’horizon 2016. »
En attendant, le caractère innovant de ce nouveau petit fruit à déguster sans l’éplucher a été récompensé d’une citation dans la catégorie fruits et légumes des Trophées de l’Innovation Vinitech-Sifel 2010.

Une consommation additionnelle
Le département produits et marchés du CTIFL a étudié la perception des kiwis verts et jaunes chez les consommateurs. Les verts sont préférés aux jaunes, mais ils sont rejoints par Jintao après dégustation, une fois les craintes liées à la couleur ou l’odeur estompées. En revanche, Zespri Gold reste en retrait par rapport aux verts, avec une attractivité nettement moindre.
Ce qui fait dire au représentant de Zespri : « On a du travail en France, on va s’y mettre. » Car les Néo-Zélandais sont eux aussi très focalisés sur la consommation. « Nous misons beaucoup sur le gold et demain sur le rouge. »
En termes d’intention d’achat, les profils d’acheteurs sont les mêmes pour les deux couleurs. Le kiwi vert est en posture plus favorable que le jaune. L’étude montre que la consommation en jaune serait « en plus, voire en alternance, mais pas à la place des verts. »
Quant aux moments de consommation, le kiwi jaune pourrait être consommé tout au long de l’année, le vert étant préféré l’hiver et au petit-déjeuner. Les modes de consommation du jaune sont plus diversifiés (grignotage, goûter, déjeuner, soirée).

(1) Contre 95 % pour la pomme et l’orange.
(2) Le 10 juin au Centre de Lanxade du CTIFL.
(3) Zespri Gold.

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