RAISIN DE TABLE
L’enherbement permet un gain qualitatif
Bien maîtrisé, un enherbement n’affecte pas les rendements de raisin de table. Le chevelu racinaire de l’enherbement a aussi des effets positifs sur la vie et la structure du sol.
Bien maîtrisé, un enherbement n’affecte pas les rendements de raisin de table. Le chevelu racinaire de l’enherbement a aussi des effets positifs sur la vie et la structure du sol.



Entre 1994 et 2001, le domaine de la Tapy (Vaucluse) a coordonnée plusieurs études sur des couverts permanents d’inter-rang en raisin de table. Les résultats sont concluants. Qu’il soit mené sur l’ensemble des inter-rangs ou non, un enherbement permanent permet en effet d’accélérer l’arrivée à maturité des fruits. Les années pluvieuses, la concurrence du couvert pour l’eau apportée par les précipitations diminue la ressource assimilable pour la vigne lorsque les grappes sont en phase de maturation. Ainsi, l’explosion des baies et l’apparition de botrytis est réduite, ce qui améliore la qualité et la conservabilité des grappes. Il réduit aussi la vigueur des ceps et donc le nombre d’interventions en vert. L’enherbement a aussi un effet sur le sol. La portance du sol est augmentée au moment de la cueillette. Enfin, la percolation et la rétention d’eau en automne sont améliorées, favorisant la réserve utile pour le printemps suivant. Pour obtenir ces résultats sans affecter la productivité, le pilotage de l’azote et la fauche de l’enherbement ont dû cependant être adaptés. « Durant les deux premières années d’observation, les résultats obtenus sur l’ensemble des parcelles ont d’abord montré un effet dépressif des couverts sur le poids moyens des grappes et des baies », fait remarquer Vincent Lesniak, chargé d’étude au domaine de la Tapy.
Limiter la concurrence du couvert aux stades critiques
Une maîtrise du couvert, en fonction de sa vigueur et de celle des vignes, a permis de limiter sa concurrence aux stades critiques, de la floraison à la véraison. Sur les sols les plus squelettiques, une irrigation journalière et un fractionnement de l’azote ont permis de pallier au mieux les manques induits par l’enherbement. Ces résultats ont été obtenus dans des parcelles conduites en lyre. L’enherbement a été réalisé sur l’inter-rang, un rang sur deux ou sur l’ensemble des inter-rangs. Le rang a été quant à lui systématiquement désherbé et toutes les parcelles ont été irriguées au goutte-à-goutte. Quels que soient la disparité des sols, les variétés, les porte-greffes étudiés et le type d’enherbement, ces mêmes tendances ont été constatées. « Parmi l’ensemble des couverts testés : un semis de ray grass anglais, un de fétuque rouge ou un enherbement naturel maîtrisé, aucun ne s’est démarqué en particulier. Tous étant dominés par des graminées », ajoute le technicien.
Le semis d’une légumineuse en enherbement temporaire n’a pas été concluant pour combler la carence azotée de sol superficiel et pauvre dans un autre essai mis en place de 2006 à 2011.
Récolte des vignes et semis temporaire de légumineuse
Un semis de vesce à l’automne, broyée à la montaison sur une parcelle de muscats irriguée conduite en lyre n’a pas fait chuter les rendements. « Mais l’apport azoté de la vesce reste sous-exploité, note le spécialiste raisin. En effet, les époques de semis de l’engrais-vert et de récolte des vignes se télescopent ». L’implantation de ce type d’engrais vert est donc rarement optimale en conditions producteur. De fait, le décalage induit lors du semis se répercute sur la date de maturité de la légumineuse. L’époque de broyage et d’enfouissement produit un excès d’azote en phase de véraison-maturation, ce qui augmente les quantités de déchets dus à des baies mal colorées. La restitution tardive de cet azote survient de surcroît en période sèche, ce qui le rend difficilement mobile et assimilable par les plantes. Non valorisé, il devient même lessivable lors des pluies d’automne. Depuis 2015, de nouveaux essais ont été implantés afin de déterminer si la zone enherbée peut encore être augmentée, notamment avec une réduction de la zone désherbée sous le rang. L’objectif est de limiter l’emploi d’herbicides et d’éviter l’érosion des sols sans pour autant diminuer les rendements.
Une maîtrise du couvert en fonction de sa vigueur a permis de limiter sa concurrence »
VINCENT LESNIAK, La Tapy
Le choix du couvert
L’installation d’un couvert est à raisonner en fonction des besoins de chaque exploitation. Il faut avant tout tenir compte de la nature du sol, de la vigueur des cépages, du type de couvert choisi et des pratiques culturales.
Une légumineuse, de type vesce, peut être une source complémentaire d’azote intéressante, à condition de l’installer en fin d’été et de la broyer vers la fin de floraison des vignes.
Les graminées (ray grass anglais, fétuques) ou l’enherbement spontané sont les couverts les plus faciles à installer mais sont aussi les plus compétitifs pour l’eau et l’azote. Leur gestion (apport complémentaire d’azote, tonte…) est à adapter en fonction du stade de développement de la vigne.