Endive - Marché
L’endive veut retrouver ses marques !
Les endiviers regroupés dans l’Apef devraient tenir bientôt leurs états généraux dans un contexte de marché mieux orienté que l’an passé. Perle du Nord prépare le lancement de sa gamme pour 2010.




L’endive peut-elle échapper à cette bipolarisation qui a surtout contrarié son développement depuis la disparition des cadrans ? Comment sortir des choix binaires entre les organisations de producteurs de Perle du Nord et les autres, entre organisés et indépendants, entre partisans de la gestion de marché et les plus libéraux, entre promoteurs d’un projet de filière et ceux d’un projet de groupe ?
Comment s’organiseront Apef (Association des producteurs d’endives de France) et Perle du Nord dans les prochains mois ? Peut-on espérer l’apaisement des tensions entre FNPE et Apef ? Quel bilan tirer plus d’un an après la réforme de l’organisation de la filière et une campagne 2008-2009 parmi les plus difficiles que l’endive ait connue ?
Les questions sont nombreuses en ce début de campagne et personne ne dispose aujourd’hui de toutes les réponses.
« L’union sacrée n’est pas habituelle chez les endiviers du Nord-Picardie », fait remarquer un opérateur en évoquant les « pactes bretons » souvent négociés dans leur filière fruits et légumes. Le premier semestre 2010 sera donc riche d’enseignements à un moment où le marché donne plutôt des signes encourageants.
Philippe Bauwin évite la scission
Pour les endiviers français, la reconnaissance de l’Apef comme AOP nationale le 18 septembre 2008 offrait l’occasion d’un formidable sursaut. Sursaut d’orgueil après tant de conflits inutiles, sursaut pour un dynamisme retrouvé de la filière. Le moment était peut-être venu de repenser l’organisation en traçant de nouvelles perspectives de développement.
Au moment de la création de la nouvelle AOP nationale sur les fondements du Comité économique des fruits et légumes du Nord de la France (Celfnord), le président de cette nouvelle Apef, Philippe Bauwin, évitait pourtant in extremis la scission entre les onze organisations de producteurs endivières, acceptant “in fine” de travailler ensemble. Elles créaient néanmoins deux sections distinctes : la section Somo (pour la gestion de marché) et la section Siper (pour les actions génériques). Mais en décembre 2008, il fallait bien se rendre à l’évidence : les deux sections de l’Apef ne faisaient pas la preuve de leur efficacité et disparaissaient du paysage endivier.
Des initiatives de l’Apef
Depuis son arrivée à la direction de l’Apef en janvier dernier, où il a repris une partie des dossiers de l’ex-Celfnord, Gabriel Lopez prend la mesure des enjeux. Il est conscient qu’il ne pourra pas être sur tous les fronts. C’est pourquoi le tandem président-directeur devrait proposer quelques initiatives à la filière. « Dès mon arrivée à l’Apef en janvier 2009, Philippe Bauwin m’a demandé de réfléchir à un projet de filière », explique-t-il.
Les grandes lignes du plan Apef pour « une organisation complète de la filière » sont aujourd’hui définies mais restent dans les cartons. « Pas question de dévoiler notre stratégie avant que Perle du Nord ne fasse connaître son plan d’action », a prévenu Philippe Bauwin, président de l’Apef. Tout juste sait-on que les propositions devraient permettre de rétablir l’équilibre entre l’amont et l’aval.
« Il faut desserrer l’étau en amont de cette filière », commente Gabriel Lopez qui défend tout comme son président « une meilleure organisation de la première mise en marché » qui redonnerait un pouvoir de négociation aux producteurs des OP.
L’Apef voulait réunir des “états généraux de l’endive” en juin dernier dans la foulée du projet Perle du Nord (cf. fld hebdo du 24 novembre 2009). Celui-ci a pris du retard. Les états généraux ont dû être repoussés une première fois en septembre 2009, puis une deuxième fois. Ils pourraient se tenir en janvier 2010. A moins que…
« Le temps presse ! », font observer certains. Même si la campagne 2009-2010 est mieux orientée, l’endive doit retrouver ses marques après plusieurs campagnes détestables.
« On n’impose plus, on préconise ! »
Avec un budget divisé par deux par rapport à celui de l’ex-Celfnord, l’Apef a ouvert des chantiers qu’elle juge prioritaires et surtout conformes à ses missions définies lors de sa création (publi-promotion, connaissance de l’offre et des mises en bacs et recherche-développement). « La gestion de crise n’est plus dans nos attributions, explique Gabriel Lopez. C’est un domaine laissé à l’initiative des seules OP. »
Depuis janvier 2009, l’Association a donc travaillé sur « l’indispensable mise en cohérence des promotions », sur la connaissance de l’offre et sur des préconisations de mises en bacs en fonction du calendrier. « Mais sur ce dernier point nous ne voulons pas imposer quoi que ce soit. Ce ne sont que de simples préconisations pour ne pas nous retrouver avec des volumes à commercialiser durant les semaines où la consommation est moindre, explique Gabriel Lopez. Face aux promotions qui plombaient le marché en entrée de campagne, la coordination promotionnelle est essentielle, d’autant que 30 % des volumes produits sont proposés en promotion durant une campagne ! »
L’Apef veut aujourd’hui se distinguer d’avec l’organisation passée. « Nous ne sommes plus dans des démarches obligatoires mais volontaires. » Il n’y a plus d’obligations mais de simples recommandations dans la définition des jours rouges.
« On n’impose plus aux endiviers leur niveau de production », ajoute Gabriel Lopez qui défend l’idée qu’on ne parviendra jamais à gérer les volumes de production par les prix en expliquant que « la concentration des forces de vente tue la concurrence et appauvrit l’amont de la filière. »