Nord-Pas-de-Calais
L’endive déserte l’assiette des consommateurs
Des charges qui explosent et un prix de vente qui s’effondre, l’endive est entrée dans une crise structurelle. Le sujet sera à l’ordre du jour de l’assemblée de l’Union des Endiviers.
Campagne après campagne, l’endive s’enfonce inéluctablement dans la crise. Le produit a connu des prix soutenus en décembre, « mais a dû faire face à une consommation timide en janvier rencontrant une forte concurrence du Benelux fin janvier », note Ubifrance dans sa dernière note de conjoncture. « Mais depuis le 15 janvier, notre prix de vente a chuté », fait remarquer Daniel Bouquillon, président de l’Union des Endiviers. Le prix payé aux producteurs (sans frais d’intermédiation) tourne aujourd’hui entre 0,50 à 0,55 €/kg… alors que le prix de revient est de 0,20 à 0,30 € plus élevé. « Les consommateurs boudent notre produit. Qu’attendons-nous pour réagir ? », s’énerve-t-il, et d’affirmer « qu’il ne suffit pas de se cacher derrière la décision de l’Autorité de la concurrence pour ne plus rien décider. » « Ce serait là une funeste décision, lui donner raison et accepter notre culpabilité », explique-t-il à la veille de son assemblée générale. Même avec des températures négatives, l’endive ne séduit plus. Pour Patrick Petitpas, directeur général de Perle du Nord, l’endive est en concurrence directe avec la mâche et les salades durant la période hivernale. Il estime, en outre, que « le rayon f&l est actuellement morose ». Les consommateurs déserteraient-ils les linéaires des GMS comme le souligne Daniel Bouquillon ? La pression sur les prix est-elle trop grande ? « Perle du Nord a réussi néanmoins à commercialiser la plupart de ses volumes », souligne Patrick Petitpas. Au Marché de Phalempin, Michel Cathelain, le directeur, est affirmatif : « Le problème de fond reste l’inorganisation de la profession. » Il constate qu’il n’y a plus de confrontation de l’offre et de la demande. L’endive est d’autant plus déconnectée du marché que le système Infoclar a disparu, qu’il n’existe plus ni prévisions de production, ni prévisions de mises en bac. Sans compter qu’en dehors des animations magasins organisées par Perle du Nord à l’occasion des trente ans de la marque, l’endive n’est plus présente sur les antennes. L’endive n’est plus créative et semble attendre une hypothétique renaissance. Faudra-t-il qu’elle ne soit plus qu’entre les mains de quelques gros ateliers qui renverseront les rapports de force avec l’aval ? En tout cas, on prédit la disparition de 500 à 1 000 ha d’endives cette campagne et une production qui devrait passer de 175 000 à 170 000 t (227 000 t en 2004-2005).