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Emballage - Portrait d’entreprise
« L’emballage plastique demeure incontournable »

François Guillin, fondateur du groupe éponyme, revient pour fld sur quatre décennies d’innovation et de développement au service de l’emballage plastique thermoformé pour les produits frais.

Fld : Le groupe Guillin fête cette année son 40e anniversaire. Pouvez-vous nous rappeler les premiers pas de l’entreprise ainsi que les grandes dates qui, à vos yeux, ponctuent quatre décennies de développement ?
François Guillin :
L’aventure a commencé en 1972 avec mon épouse à Lods en Franche-Comté. A cette époque nous avions déjà cette stratégie que nous n’avons eu de cesse de mettre en œuvre par la suite : concevoir, produire, stocker et distribuer des emballages en plastique thermoformé standards innovants pour les filières du frais. Notre développement a suivi plusieurs étapes. Dès 1973, nous lançons une première boîte à charnière pour la pâtisserie et, en 1978, nous faisons de même pour le traiteur. L’expérience dans le boîtage que nous avons acquis nous a permis d’aborder la filière des fruits et légumes dès les années 80 en proposant le tout premier emballage à couvercle en plastique transparent. Là aussi il y avait notre volonté de proposer un emballage qualitatif et innovant. Bien évidemment, une date importante a été l’introduction de Guillin Emballages sur le Second marché de la Bourse de Lyon en 1989 puis celle de la holding SA Groupe Guillin en 1992 qui nous a permis de lancer une politique de croissance externe ciblée afin de constituer le groupe tel qu’il est aujourd’hui.

Fld : Qu’est-ce qui a motivé la politique de croissance externe qui caractérise le groupe ?
F. G. :
Notre croissance externe, qui prend son envol dans les années 90, a toujours été en phase avec notre stratégie initiale, mais ici avec un développement résolument tourné vers l’Europe. La question pour nous n’a jamais été d’acquérir des savoir-faire particuliers. Pour nous, il s’agissait essentiellement de prendre des positions de marché en Europe afin d’avoir la possibilité de produire en proximité des zones de consommation. L’exemple de la reprise du britannique Sharp Interpack Ltd en 2010 est à ce titre emblématique de la façon dont nous avons voulu bâtir le groupe. Le marché anglais est très spécifique en général, et tout autant dans le domaine du packaging. Il est difficile d’y travailler depuis le continent. En reprenant cette entreprise, nous prenions pied sur ce marché et devenions acteur majeur de la filière emballage au Royaume-Uni. La synergie industrielle et géographique de nos dix-huit sociétés spécialisées par marché et par pays, ainsi que l’intégration complète du processus de fabrication nous permet d’offrir ainsi un service irréprochable à nos clients.

Fld : Le groupe Guillin est présent sur différents marchés. Comme vous l’évoquiez plus haut, vous avez rapidement abordé celui des fruits et légumes. Quel regard portez-vous sur celui-ci ?
F. G. :
La filière fruits et légumes est à la fois passionnante et très complexe. Passionnante parce qu’on y rencontre des hommes attachants ayant la passion de leur métier et de leurs produits. Mais aussi très complexe car elle est tributaire des aléas de la météo avec ce que cela entraîne de répercussions pour la maturité du produit et pour son calibre. Or, ces deux critères sont primordiaux pour nous car ils nous demandent d’adapter notre outil de fabrication en conséquence. La force du groupe a toujours été et demeure la capacité à pouvoir répondre à la demande en emballages, en qualité et en quantité, dès le début de la récolte. Pour cette filière aussi, nous avons appliqué notre stratégie : c’est ainsi qu’il faut comprendre, en 2006, notre acquisition des actifs liés à l’activité d’emballage pour les fruits et légumes du site de Barbera del Vallès en Espagne, propriété alors de Autobar Packaging Spain et la création de Veripack Emballajes. De même pour le britannique Premier Packaging acquis la même année par notre filiale Nespak. Quatre sociétés du groupe agissent sur ce marché : Dynaplast (France), Nespak (Italie), Veripack (Espagne) et Sharpak Aylesham (Royaume-Uni).

Fld : En quarante ans, le contexte de l’emballage plastique alimentaire a évolué, principalement concernant les matériaux utilisés. Comment analysez-vous cette évolution ?
F. G. :
Au début, nous ne fabriquions nos emballages qu’à partir de polychlorure de vinyle, le PVC. Ce dernier a fait l’objet de très fortes critiques dont certaines, à mes yeux, n’étaient pas vraiment justifiées. Cependant, en 1998, nous avons décidé de basculer entièrement notre production du PVC vers le PET, le polyéthylène téréphtalate. La filière des minéraliers l’avait expérimenté avec succès. Il est vrai aussi que le PET présente plusieurs avantages : il est étanche au CO2, contrairement au PVC et surtout il s’inscrit dans la filière de tri sélectif et de recyclabilité des bouteilles plastique. A cette époque, le souci environnemental prenait de plus en plus d’ampleur chez le consommateur et le citoyen. Pour le groupe, il était indispensable de pouvoir proposer des emballages plastique ayant un important taux de recyclabilité, ce qu’offrait le PET. En revanche, après quelques tentatives et un travail volontaire pour développer le PLA (polylactique acide), autre matériau intéressant issu de la production de maïs, nous avons décidé de l’arrêter totalement car il s’est avéré ne pas être adapté à nos marchés. Problème de résistance à la température, lourdes pertes dans le processus de fabrication et, surtout, il n’est pas recyclable dans le circuit du PET. Certes il est compostable mais pour le groupe Guillin, l’important a toujours été de pouvoir réintroduire ses matériaux dans la chaîne de fabrication des plastiques recyclés après un traitement de retour à l’alimentarité.

Fld : Le plastique n’a pas bonne presse depuis longtemps et peut-être encore plus aujourd’hui. Qu’en pensez-vous ?
F. G. :
Il y a, c’est certain, une médiatisation très négative autour du plastique. Et pourtant ! Le développement de l’éco-conception a permis de faire évoluer profondément nos produits. En trente ans, le poids de nos emballages a été divisé par deux. Aujourd’hui, nous pouvons garantir un cycle complet de recyclabilité. Il faut aussi souligner l’important travail effectué par notre représentation interprofessionnelle, Elipso. Si la conception de l’emballage est bien menée, alors son image n’en sera que meilleure. N’oublions pas non plus que l’emballage plastique demeure incontournable malgré les nombreuses critiques dont il fait l’objet. Imaginer le taux de perte des aliments s’il n’y avait plus demain d’emballages pour transporter les produits, les protéger et les conserver ? Il est nécessaire que toutes les parties prenantes de la filière soient impliquées. On pourrait ainsi espérer une filière de recyclage un peu plus efficace en stimulant la collecte des emballages directement sur leur lieu de vente comme en Allemagne.

Fld : Quelle est votre réflexion sur l’émergence des emballages actifs et intelligents, qui apporte une nouvelle dimension à la fonction de conservation des aliments ?
F. G. :
Dans le domaine des fruits et légumes, il faut savoir proposer un emballage séduisant pour le consommateur. Les matériaux multicouche, qui offrent de réels avantages en matière de conservation, ne sont pas adaptés au domaine des fruits et légumes frais, au contraire des produits de IVe gamme par exemple où les possibilités sont plus grandes. Néanmoins, nous travaillons au sein du groupe Guillin sur des solutions permettant d’améliorer la qualité de présentation des produits emballés (conservation, absorption des émissions d’oxygène, antibuée, etc.). Cependant, pour mener à bien ces développements, cela nécessite l’implication de l’ensemble de la filière et cela a un coût significatif qu’il est difficile de financer actuellement, les marchés étant extrêmement compétitifs.

Fld : Comment envisagez-vous l’évolution de votre groupe dans la prochaine décennie ?
F. G. :
Notre credo a toujours été l’Europe et, pour les prochaines années, notre vocation est de renforcer notre position en Europe de l’Est. C’est un vrai challenge pour le groupe car nous sommes déjà présents en Pologne depuis six ans et nous constatons néanmoins que le marché a du mal à évoluer. La segmentation produit demeure limitée, l’offre packaging globale reste “pauvre” et les habitudes de la distribution locale sont telles qu’il nous est difficile de valoriser nos produits. Cependant, l’Europe de l’Est a vocation à continuer sa mutation culturelle et est donc porteuse de belles ambitions pour le groupe dans le futur malgré une concurrence actuelle extrêmement violente.

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