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L’effet retard du BRF

Le bois raméal fragmenté confirme son intérêt à long terme sur l’amélioration de la fertilité des sols maraîchers après des premiers résultats décevants.

LE BRF POURRAIT MONTRER UN INTÉRÊt en culture légumière lorsqu’il est apporté une année sur deux ou sur trois.

La Station expérimentale de Bretagne Sud (SEHBS) de la chambre régionale d’agriculture de Bretagne expérimente le BRF (Bois raméal fragmenté) sur cultures légumières en agriculture biologique depuis dix ans dans le but d’améliorer les sols des exploitations légumières diversifiées. « Dans une première phase, entre 2007 et 2012, nous avons appliqué la technique telle qu’elle est décrite dans la bibliographie avec notamment un arrêt du travail du sol et apport de BRF chaque année en paillage (3 cm d’épaisseur) en comparaison à un système de culture "classique" utilisant un paillage polyéthylène », explique Maët Le Lan, responsable de la station d’expérimentation. Les premières observations sont allées à l’encontre des effets espérés avec une prise en masse importante du sol et une semelle à 10 cm de la surface, entraînant des problèmes d’asphyxie racinaire décuplés avec le pouvoir de rétention en eau du BRF.

Les arrières-effets positifs du BRF

« La technique BRF ne permet pas d’atteindre une rentabilité analogue à un système "classique". Cette différence de rentabilité est due pour un tiers à des charges plus élevées, notamment le temps de préparation du BRF, et pour deux tiers à une productivité plus faible », analyse la spécialiste. De plus, le désherbage est également un poste gourmand en main-d’oeuvre en modalité BRF avec un développement accru des adventices vivaces, notamment le liseron et le chardon. « Il nécessitait cinq fois plus de temps de désherbage en BRF au bout de quatre ans », précise-t-elle. Aussi, en 2014, le protocole a été modifié avec un décompactage par an et un travail du sol superficiel à l’aide d’un outil à dents. « Certains indicateurs de la vie du sol ont vu une amélioration, avec notamment la présence abondante des vers, jusqu’à dix fois plus sous abris, et un relèvement du taux de matière organique », a constaté Maët Le Lan. Et en 2015, les apports de BRF ont été arrêtés et les cultures ont été plantées sur du paillage polyéthylène afin notamment de limiter les temps de désherbage manuel. Les rendements obtenus avec le BRF sont passés supérieurs à ceux obtenus avec le système classique, que ce soit sous abri ou en plein champ. « Ces résultats positifs observés sur deux années consécutives et dans deux parcelles pourraient confirmer l’intérêt de l’apport de BRF en amendement une année sur deux, trois ou plus ? » s’interroge la responsable de l’expérimentation. C’est pourquoi les travaux se poursuivent afin d’évaluer les arrières-effets du BRF et leur durée ainsi que pour comprendre les raisons de ces résultats agronomiques positifs à l’aide de profils pédologiques, de quantification de la matière organique libre, de l’évaluation de la vie du sol (macro et micro-faune), etc.

Apports de matière organique : la preuve par 20

La Serail, station d’expérimentation légumière de Auvergne Rhône-Alpes, a réalisé un essai d’apport de compost sur quinze ans en réalisant régulièrement des mesures concernant les propriétés physiques, chimiques et biologiques du sol puis a observé l’effet de ces apports sur cinq ans supplémentaires après leur arrêt. L’essai a concerné cinq amendements (fumier de bovin, fumier déshydraté, compost de déchets végétaux, compost d’écorces enrichi et compost de tourteaux de café enrichi) et un témoin sans apport ainsi que deux doses d’apport (équivalent 30 t/ha de fumier) et deux conduites azotées. « Sur ces quinze ans d’observation, nous avons pu observer une augmentation significative du taux de matière organique par rapport au témoin suivant le gradient dégressif : déchets verts>écorce> tourteau café>fumier >fumier déshydraté> témoin », mentionne Céline Mathieu, aujourd’hui en charge de la thématique à la Serail. Concernant les propriétés chimiques des sols, l’effet alcalinisant des composts et un rééquilibrage du pH ont pu être constatés ainsi qu’un effet significatif sur la capacité d’échange cationique (DV > écorce > fumier déshydraté > tourteau café > fumier > témoin) avec une variation de gradient selon le type d’apport. Les propriétés biologiques ont également été améliorées avec une augmentation significative de la biomasse microbienne, pour les fumiers et le compost de tourteaux. Pour les sols amendés, une tendance à une meilleure structure de sol a pu être constatée avec un effet positif du compost déchets verts et fumier sur la résistance à la compaction. « Les apports d’amendement sur la rétention en eau suivent le gradient du plus vers le moins pour les fumiers puis les composts ont également été relevés », conclut la technicienne.

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