L'effet papillon

En plein embargo russe, avec une dévaluation des monnaies quasi quotidienne, le marché de la banane est en pleine mutation. Pour expliquer ces turbulences, nous avons donné la parole au spécialiste du marché de la banane au Cirad : Denis Loeillet. Selon lui, du fait de l'embargo russe, les pommes polonaises ont perdu leur principal débouché à l'export, ce qui aurait des répercussions sur le marché de la banane, son principal fruit concurrent, cela sans compter sur la dévaluation du rouble face au dollar... Car la Russie importe en effet quasi exclusivement de la banane dollar. En parallèle, tous les opérateurs sont sous pression car la banane est un produit d'appel, des changements sont à prévoir dans les mois qui viennent au niveau des entreprises donc... En France, les opérateurs misent sur l'origine des bananes. L'UGPBAN, après avoir longtemps focalisé sur la durabilité du fruit, a choisi cette année de mettre en avant haut et fort son origine : la France. Chez Univeg France, c'est le Surinam. Le groupe est en effet devenu producteur de bananes dans ce pays et souhaite développer plus avant cette origine, tant sur le plan de la production qu'auprès de ses clients. Côté production, l'Union des producteurs de bananes des Antilles continue son travail sur la sélection variétale avec le renforcement de la variété Flhorban 925, qu'elle juge prometteuse. Le Plan Banane Durable n'est pas oublié non plus. Le ministre Stéphane Le Foll est même venu en constater les effets dans les plantations, il y a quelques semaines. Enfin, un dossier banane n'aurait pas été complet sans un point sur le rachat de Chiquita par les brésiliens Cutrale et Safra. Déjà les premiers effets se font sentir au niveau logistique en Europe. Chiquita a en effet choisi le port de Vlissingen plutôt qu'Anvers pour décharger ses bananes en Europe... Cela risque de faire bouger le marché européen dans son entier. Que vont devenir les capacités de BNF à Anvers ?
Le marché de la banane – comme de tout autre produit frais – est donc sous pression et symbolise assez bien l'impact d'événements politiques ou financiers sur le marché des denrées alimentaires. Et les premiers à le subir sont les fruits et légumes, du fait de leur fraîcheur. Espérons que l'embargo ne durera pas et que son effet papillon finira un jour par s'estomper...