Bananes
L’échec de Genève pourrait laisser des traces dans la filière
Si les producteurs européens et africains se félicitent de l’abandon de l’accord Europe-Amérique latine, ils restent vigilants sur le calendrier des prochains mois.
La fin des discussions sur le cycle de Doha à Genève, le 30 juillet, relance les questions sur l’avenir des relations commerciales entre les différents acteurs de la filière banane. Le week-end précédant la fin des négociations, l’accord de principe trouvé entre les pays producteurs d’Amérique latine et l’Union européenne avait provoqué de très vives réactions des pays ACP et de l’Association des producteurs européens de bananes, l’Apeb (lire fld hebdo du 29 juillet 2008). La semaine dernière, le doute a subsisté quant à savoir si cet accord entrait ou non dans le cadre des discussions générales de Genève. Les Latino-américains, Equateur en tête, affirmaient que l’accord était valable et devait être appliqué, l’Europe et les pays ACP soulignant qu’il ne pouvait l’être sans un accord général. Les discussions sur la banane étaient bien incluses dans les négociations générales. De plus, selon plusieurs sources, l’unanimité sur l’accord ne semble pas avoir été totale chez les producteurs latino-américains.
Européens et Africains se félicitent de l’échec de Genève qui enterre l’accord mais ils restent attentifs. Le règlement du différend entre Union européenne et pays latino-américains avait été suspendu afin de trouver un accord avant le 21 juillet, sans succès. Aujourd’hui, l’Apeb demande à la Commission européenne de faire connaître sa décision d’engager une procédure d’appel, la date butoir pour celle-ci étant fixée au 29 août. Elle demande aussi que les aspects économiques du dossier soient étudiés, considérant que le tarif douanier de 176 euros était très avantageux pour les pays exportateurs, aux vues des statistiques douanières.
Du côté des pays ACP, c’est la vigilance qui va présider : l’accord Union européenne-Amérique latine a fortement heurté et le partenariat entre l’Europe et les pays ACP a, pour ces derniers, un goût de plus en plus amer, après les problèmes rencontrés sur les accords économiques privilégiés fin 2007. Certains pays africains “moteurs” dans la discussion de Doha, le sont également sur ces accords.
Dernière perspective pouvant causer de l’inquiétude : l’échec de Genève laisse ouvert toutes possibilités d’accords bilatéraux entre pays. Les prochains mois seront cruciaux.