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Marché européen
Le tariff only, l’allié du consommateur

Que se passerait-il si le marché européen de la banane n’était approvisionné qu’avec une seule origine ? Eurodom a étudié cette hypothèse et nous publions le résultats de cette enquête.

La question des droits de douane appliqués à la banane sur le territoire communautaire fait l’objet depuis vingt ans d’une confrontation entre les pays latino-américains et l’Union européenne. On retrouve celle-ci au sein de l’Union européenne entre les pays producteurs, qui soutiennent le niveau actuel du droit et d’autres membres de l’Union qui plaident pour une réduction du tarif au motif qu’elle permettrait une baisse des prix à la consommation. Cette idée n’est pas exacte. Elle pourrait même s’avérer préjudiciable pour le consommateur européen en privant le marché d’un approvisionnement communautaire ou ACP qui représente la seule alternative, en termes de concurrence, à la banane dollar vendue par les multinationales américaines. Il est admis que toute nouvelle baisse du droit aurait des répercussions importantes sur le niveau de compétitivité des productions communautaires et ACP de nature à provoquer leur disparition. Les précédentes réductions du droit – 230 €, 187 € et 176 € depuis le 1 er janvier 2006 – n’ont pas entraîné de baisse des prix à la consommation. Si l’on exclut l’année 2005, atypique du fait d’une situation climatique exceptionnelle, le niveau du prix Aldi en Allemagne est relativement stable. Depuis le 1er janvier 2006, date de la mise en application du tarif unique de 176 € par tonne, le niveau du prix au kilo a légèrement progressé (+ 5 %) passant de 0,72 € par kilo en 2006 à 0,76 € en 2008. Sur le marché français, qui est à l’inverse du marché Allemand approvisionné par des origines Antilles et ACP, on peut constater une évolution des prix comparable sur la période 2000-2008. En revanche, sur cette même période, le niveau moyen du prix sur le marché allemand de 0,72 € par kilo est supérieur de 10 % à celui constaté en France qui s’établit à 0,65 € par kilo (sources Cirad). Parallèlement, le niveau des prix du marché américain sur la même période, relativement stable sur la période 2000-2007, a brusquement progressé de plus de 30 % en 2008. Ce marché n’est pas soumis à la concurrence des origines ACP ou communautaires et est approvisionné par les seules multinationales américaines. Cette augmentation des prix, si elle est justifiée par l’augmentation des coûts de production, surprend par son caractère soudain et par son amplitude.

Augmentation des coûts des matière d’approvisionnement

Dans sa présentation des résultats semestriels provisoires (publiés le 17 septembre 2008), la firme Chiquita expose les éléments suivants : “Le prix des bananes en Amérique du Nord a augmenté de 33 %, surtaxes incluses. Le volume des bananes vendues dans la région a augmenté de 2 %. La croissance en volume s’est avérée limitée en raison de contraintes importantes affectant l’industrie dans sa totalité, d’où une augmentation substantielle des coûts en matière d’approvisionnement de fruits de première qualité. Les prix des bananes sur les principaux marchés européens ont augmenté de 4 % en glissement annuel. Les volumes vendus sur les principaux marchés européens ont affiché une baisse de 5 % en glissement annuel pour cette période, et ce en raison de la disponibilité limitée des volumes dans toute l’industrie, de l’annulation de certains contrats à prix réduits qui n’étaient plus suffisamment rentables dans un contexte d’explosion des coûts et de la stratégie continue de la société qui se centre sur la différenciation des prix et des produits de première qualité plutôt que sur la part de marché”. L’augmentation “des coûts d’approvisionnement” n’a donc pas été répercutée de façon identique sur le marché européen malgré son plus grand éloignement.

On peut donc en conclure que la présence d’une production communautaire et ACP, outre ce qu’elle permet d’apporter en termes de diversité d’origines et de qualité, apporte aux consommateurs européens une garantie d’un marché pleinement concurrentiel. Il est cependant important de noter que le niveau de 176 € a provoqué une nouvelle diminution de la part de marché des productions communautaires et ACP au profit des pays latino-américains et que le niveau actuel, de l’ordre de 25 % sur un marché de 5 millions de tonnes, est un seuil en deçà duquel il sera très difficile de maintenir la diversité des approvisionnements pour les consommateurs européens.

Rédaction Réussir

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