Bretagne - Portrait d’entreprise
Le Saint renforce ses marques et son réseau
Pour développer sa présence sur le marché français, le groupe breton mise sur ses marques et rachète Roucaud à Toulouse.
Régional de l’étape, c’est le qualificatif qu’aime à employer Denis Le Saint, co-dirigeant du groupe éponyme, pour expliquer la stratégie Le Saint. « Contrairement à d’autres, nous voulons être proches de nos clients, explique-t-il. Nous voulons être “le local de l’étape” en développant notre présence sur le territoire. Avec la reprise de Sainfruit et depuis peu de Roucaud à Toulouse, cela nous permet de massifier les volumes et d’approvisionner la région allant de Toulouse à Bordeaux. Pour ce faire, nous avons préféré garder les deux sociétés à part entière tout en organisant le transport de manière commune. » Deux belles acquisitions, qui permettent au groupe de renforcer son maillage territorial. Sainfruit s’est ainsi rapprochée de Bordeaux en installant le 23 juin sa nouvelle plate-forme à Langon au Sud de la métropole. En parallèle, Le Saint relance un projet de bâtiment à Quimper qui permettra de rapprocher La Légumière de Elbé Fruit. Le site devrait être opérationnel en 2013.
Pour augmenter sa notoriété, Le Saint joue la carte maîtresse des marques et innove en permanence pour répondre aux changements fréquents de la grande distribution. Les marques, c’est en effet le savoir-faire du groupe et pas seulement en B to B. L’affichage se veut jusqu’au consommateur, via l’habillage des camions de transport de f&l comme sur le colisage voire étiqueté sur chaque f&l. « Les marques, c’est une manière de fidéliser notre client, explique Denis Le Saint. Entre nous et notre fournisseur, cela permet d’avoir une régularité de produits avec un cahier des charges bien défini et cela sécurise notre client. » Pas de matraquage prix, mais plutôt un axe qualité, « la politique du “coup de fusil”, ce n’est pas la nôtre. »
Charnel : une nouvelle marque de luxe dans la gamme du groupe
Cette année, le groupe mise fortement sur sa nouvelle marque Charnel. « C’est une marque que l’on a voulue premium, de luxe, c’est la beauté et le goût. Nous l’avons testée l’an dernier et dès la rentrée nous prévoyons de réaliser des animations importantes dans les magasins pour mieux la faire connaître et reconnaître par les consommateurs. » Charnel porte essentiellement sur les fruits tels que les nectarines, les pêches d’antan, les pommes, les poires et les agrumes. En citrons par exemple, 157 t ont été distribuées sous Charnel en 2011. La marque est visible sur le colisage et même étiquetée sur chaque fruit comme les pêches et nectarines en provenance de chez Jean-Paul Arcé, producteur dans le Gard. Et elle se voit jusque sur les routes, car elle s’affiche aussi en grand sur les camions. Pour accompagner ce lancement de marque, le groupe a fait appel à Eden Ben Basat, attaquant du Stade brestois, d’origine israélienne. Il prête son image à la promotion de la clémentine d’Israël “Charnel”. Il sera dès l’an prochain à l’affiche des magasins partenaires du réseau. Objectif affiché : atteindre 15 à 20 % des volumes du groupe d’ici deux à trois ans.
Le Saint oriente Merci Maman en “tout-conditionné” pour la GMS
Alors que la demande de produits de proximité est en plein boom, Le Saint joue la carte du local avec plusieurs références dans la marque “Jardin” par exemple. Il existe ainsi “Jardin Breton”, ou encore “Jardin d’Armorique”, il y a aussi la démarche Creno “Jardin d’ici” qui met en avant l’approvisionnement local. « Quand on propose l’offre “Jardin d’ici”, on montre que l’on s’engage à promouvoir l’emploi à proximité. On met en avant la fraîcheur du produit chez Le Saint dans l’entrepôt de Bourg Blanc avec l’EARL du Rody implantée à quelques kilomètres de Brest. » Pour d’autres productions comme les agrumes, Le Saint a développé des partenariats avec des producteurs espagnols dont les fruits sont estampillés “Jardin Tonique”. « Les cahiers de charges mis en place avec nos fournisseurs permettent de garantir la qualité des produits que nous proposons et cela fidélise notre clientèle. Nous avons aussi une mise en avant spécifique avec du kiwi français pour ne proposer ce fruit que dans sa saisonnalité. » C’est dans les locaux de Le Saint qu’est née la marque Merci Maman gérée par le réseau de grossistes Creno. Il s’agit d’une offre de fruits de petits calibres dédiée aux enfants (banane, poires, pommes, agrumes). « La difficulté que l’on a rencontrée avec Merci Maman, c’est le manque de distinction entre le vrac classique et le vrac “Merci Maman”, même si les fruits sont stickés. L’offre va donc s’orienter vers du “tout-conditionné” qui sera réalisé chez nos producteurs et le vrac Merci Maman sera, lui, destiné à la restauration scolaire. » A ce sujet, une opération d’envergure sera organisée dès la rentrée prochaine par le réseau Creno. Elle portera aussi bien sur le volet restauration scolaire que grande distribution. Quant à l’évolution vers le snacking et le drive, Denis Le Saint répond, « nombreux sont nos clients qui développent cette offre, à l’image de l’enseigne Oscar à Brest qui ne travaille que des produits de saison et nous accompagnons cette évolution. Pour le drive, certains magasins nous demandent du déjà “tout-conditionné”. Pour d’autres, c’est le personnel du magasin qui réalise le conditionnement client. En tout état de cause, cela vient consolider et développer les volumes du magasin. »
Le groupe est aussi adhérent à Produit en Bretagne depuis dix ans. « Nous avons inscrit notre entreprise, cela permet de s’identifier et de défendre les valeurs de la région. C’est un réseau supplémentaire qui nous permet de rencontrer nos clients et d’autres entrepreneurs. »
Revenant sur 2011, Denis Le Saint martèle : « En France, on n’a jamais produit aussi bien que maintenant. Notre pays est en avance par rapport à ses confrères européens. » Quant au transport, il ajoute, « on peut faire de la ramasse pour certains opérateurs voisins comme Savéol. Une chose est sûre : livrer, c’est notre métier, en aucun cas on ne délègue le transport. ».