Commerce
Le rapport Hagelsteen ne fait pas l’unanimité
Seule la grande distribution semble satisfaite. Chez les fournisseurs de la GMS, le son de cloche est différent : l’inquiétude le partage à l’irritation.
Le rapport de Marie-Dominique Hagelsteen, remis la semaine dernière à Christine Lagarde, ministre de l’Économie, et Luc Chatel, secrétaire d’Etat à la Consommation, préconise la libre négociation des tarifs entre les distributeurs et les industriels. « Cela va dans le bon sens », a déclaré Michel-Edouard Leclerc à l’AFP, alors qu’Intermarché estimait que « ce rapport doit devenir réalité au plus vite ». Mais, au-delà des distributeurs, ce rapport provoque une levée de boucliers. Le président de l’Ania (Association nationale des industries alimentaires), Jean-René Buisson, a insisté sur le risque représenté par la possibilité pour la distribution de négocier unilatéralement les tarifs, sans avoir à justifier de contreparties : « Ces éléments nous font craindre un retour aux dérives passées, qu’un long processus de réforme engagé par la loi Galland, puis la loi Dutreil, avait permis d’atténuer de façon sensible », a-t-il déclaré. Même son de cloche du côté du commerce de gros : « Comment demander aux PME de se développer en créant un environnement économique et juridique qui les fragilise, s’est interrogé Hugues Pouzin, directeur général de la CGI (Confédération française du commerce interentreprises), cette proposition peut introduire de l’opacité dans l’offre commerciale des industriels et, à terme, évincer les PME du commerce interentreprises des circuits de distribution. » Seuls points positifs pour les deux parties : le maintien du Titre IV et de la facturation des services de coopération commerciale par le distributeur. La FNSEA rappelle que cinq centrales d’achats s’approvisionnent auprès de 10 000 industries et 570 000 exploitations agricoles : « Ce déséquilibre criant des forces donne de facto une position dominante à la GMS qui veut encore et toujours obtenir davantage », déclare-t-elle dans un communiqué.