Raisin de table
Le raisin se couvre
Protection contre la grêle, contre la pluie, réduction des traitements phytosanitaires ou encore recherche de précocité, les raisons de couvrir ses vignes se multiplient.
Protection contre la grêle, contre la pluie, réduction des traitements phytosanitaires ou encore recherche de précocité, les raisons de couvrir ses vignes se multiplient.
Chaque année des hectares de raisin de table se font dévaster par des orages de grêles ou de pluies. Cette année l’Hérault a été touché. Pourtant, ces aléas climatiques poussent certains producteurs à couvrir leurs vignes. Filets paragrêle, bâches antipluie ou tunnels, les solutions existent ou sont en expérimentation. Le Sud-ouest, région la plus touchée par les orages de grêle, concentre la majorité des surfaces en paragrêle. Sur les 1 000 ha de raisin de table du Tarn-et-Garonne, près de la moitié est couverte par des filets. « Depuis 2010 chaque nouvelle plantation est équipée de filets paragrêle, témoigne Gilles Adgié, de l’AOP Chasselas de Moissac. Ce choix garantit de préserver la récolte mais aussi le bois de taille pour l’année suivante. Producteurs et metteurs en marché ont l’esprit tranquille ». Sur des variétés sujettes aux coups de soleil comme le Chasselas, la couverture par des filets diminue les brûlures et les bronzages.
Deux types de structure existent. Les filets monorang verticaux sont plutôt destinés aux conduites en plan vertical. Mais ils sont aussi envisageables sur lyre. « En plus de la grêle, ils protègent les baies des oiseaux, frelons et guêpes, souligne le technicien. C’est aussi une aide au palissage qui permet d’économiser 150 à 200 h/an ». Des filets monorang, fixés sur le dernier fil de palissage des pergolas ou T-bord, commencent aussi à faire leur apparition. « Comme ils sont placés juste au-dessus de la végétation, en cas de grêle avec du vent, des dégâts peuvent être constatés », nuance le conseiller du Tarn-et-Garonne. Le système de couverture totale est plutôt destiné aux vignes en lyre, en T-bord ou en pergola. Ce type d’équipement a l’avantage, par rapport au filet monorang, d’éviter la manutention des filets au cours de la saison.
Test de bâches antipluie
Leur inconvénient majeur demeure leur coût d’installation. « C’est le principal frein dans le Sud-est », explique Yves Texier, de la chambre d’agriculture du Vaucluse. En monorang, le coût de l’équipement est évalué entre 6 000 et 8 000€/ha. « En système de couverture totale, il faut compter entre 10 000 et 12 000 €/ha pour les filets, le palissage et les accessoires, chiffre Gilles Adgié. Mais ce sont des investissements amortissables sur dix ans. Et une partie des coûts peut être prise en charge par les plans opérationnels des OP. « La question de la couverture est toujours en suspens dans le Vaucluse, explique Yves Texier. Mais la réflexion s’oriente plus vers une protection antigrêle et antipluie. Les coûts des structures italiennes étaient de l’ordre de 30 000 €/ha il y a 20 ans ». Cette combinaison est testée au Cefel (82). Une parcelle de raisin Centennial y a été aménagée avec des filets paragrêle combinés à des bâches antipluie. L’objectif de l’essai était de tester la faisabilité de la méthode et ses effets sur la végétation. « Au bout de trois années nous constatons une modification du climat, note Daniel Lavigne, en charge de l’expérimentation sur raisin au Cefel. Nous observons moins de symptômes de mildiou. Mais l’augmentation des températures est favorable à l’oïdium et aux cicadelles vertes ». La combinaison filets-bâches protège correctement d’une grêle moyenne. « Mais le système de déchargement est à perfectionner », souligne le technicien. Les bâches posées sur un demi-rang, ont une largeur de 1,40 à 1,50 m selon les modèles. Les grappes latérales finissent par être mouillées par la pluie ruisselant des bâches en cas de fort vent. Le plus gros problème reste leur prise au vent.
« Le système d’ancrage reste problématique, constate l’expérimentateur. Nous avons besoin de matériel de fixation plus puissant avec une élasticité limitée. Certains producteurs qui s’étaient équipés ont arrêté à cause de ça ». Pour pallier en partie ce problème et celui de l’oïdium, Daniel Lavigne suggère une différenciation des deux protections. « Les vignes doivent être couvertes en paragrêle dès le débourrement alors que la protection contre la pluie n’est nécessaire qu’un mois avant récolte. En limitant le temps d’ouverture des bâches, on limite les problèmes d'oïdium et de prise au vent. »