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Melon - Sud-Ouest
Le Quercy met l’artisan melonnier en avant

Consommation locale, solidarité envers les artisans-producteurs et respect de l’environnement sont les nouveaux axes de travail du Syndicat des producteurs de melons du Quercy.

« En 2010, la saison du melon en Quercy a été une catastrophe économique, reconnaissait Bernard Borredon, président du Syndicat interprofessionnel du melon du Quercy, lors de son assemblée générale, fin mars. Les chiffres sont là, ils parlent d’eux-mêmes. » En effet, alors qu’en 2009, 37 % des surfaces de melon du Quercy avaient été vendues moins de 10 000 €/ha, coût moyen de production d’une culture en plein champ, en 2010, ce sont 86,5 % qui n’ont pas atteint ce prix « fatidique pour la survie de la filière et des exploitations ».
Il faut dire que le temps n’a pas été de la partie. Les conditions climatiques du printemps ont empêché les producteurs de planter. Les cultures ont ainsi été décalées. Très peu de melons étaient prêts en juin et le mois de juillet s’est quasiment déroulé sans le Sud-Ouest. « Pendant quinze jours, nous n’avons pas été capables d’approvisionner nos circuits de distribution, confirme Pierre Faval, directeur de la coopérative Cadralbret, à Nérac (Lot-et-Garonne). Nos clients ont ainsi été dépannés par d’autres bassins de production. Et quand nous sommes revenus sur le marché avec nos melons d’août, ils n’ont pas voulu lâcher les fournisseurs qui les avaient livrés pendant notre absence. »
« Quoi qu’il en soit, je suis persuadé que le climat n’explique pas tout, poursuit toutefois Bernard Borredon. Il y a quinze ans, nous avons mis en avant notre terroir avec l’IGP Quercy et nous avons eu, durant une dizaine d’années, une plus-value certaine pour notre filière. Il est temps de mettre à nouveau l’accent sur notre savoir-faire et de le valoriser différemment. »
La filière Quercy a ainsi décidé de communiquer sur l’environnement et les conditions dans lesquelles sont produits ses melons. Dans le Sud-Ouest, les exploitations sont familiales et à taille humaine. Celles-ci font majoritairement travailler du personnel local et respectent la biodiversité, leurs cultures étant souvent diversifiées. De plus, sur les parcelles de taille modeste, qui se fondent dans le relief vallonné, la culture du melon est moins mécanisable qu’ailleurs et les coûts de production sont plus difficilement compressibles. « Le melon du Quercy, c’est vraiment autre chose que toutes ces cultures “industrielles” qui se propagent autour de nous, reprend Bernard Borredon. Ici, lorsque nous avons 3 ha de melons dans une ferme, c’est déjà beaucoup. Ce que nous voulons mettre en avant, c’est la diversité de nos territoires, et le respect du terroir et de notre cahier des charges IGP. »
Avec l’aide d’une agence de communication (choisie parmi trois qui ont été sollicitées), le Syndicat a ainsi créé une nouvelle marque “L’artisan melonnier”, qui sera testée cette année, dans les hypermarchés Leclerc de Midi-Pyrénées et du Languedoc-Roussillon, approvisionnés par leur centrale d’achats régionale, la Socamil (Tournefeuille, Haute-Garonne). Un contrat a été établi entre la centrale et les producteurs. Cette dernière s’engage à leur acheter le melon « à un prix au moins égal au coût de production, conditionnement compris », et à le proposer au consommateur en appliquant une marge raisonnable. « Le prix versé aux producteurs sera ainsi de 0,15 à 0,20 € supérieur à celui du melon standard sur le marché courant (relevé Service national des marchés), détaille Bernard Borredon. Nous sommes déjà, depuis plusieurs années, partenaires privilégiés de la Socamil. La centrale d’achats a vendu 500 t de melons du Quercy en 2010 et s’est engagée à nous acheter la même quantité cette année, voire davantage si elle le peut. »
Ce nouveau fonctionnement est fondé sur l’idée de commerce équitable à l’échelle de la région. Le seul but de la Socamil est de « soutenir la production de qualité et de défendre à la fois des valeurs locales et artisanales », précise le Syndicat. Pour reconnaître le melon du Quercy, dans les points de vente, une affiche aux couleurs de la marque “L’Artisan Melonnier” présentera la démarche dans les rayons fruits et légumes. Tous les fruits seront également identifiés par un sticker “Melon du Quercy, cueilli à point”. Et si la nouvelle marque apporte satisfaction cette année, elle sera proposée aux autres distributeurs l’année prochaine, à condition qu’ils jouent le jeu du prix équitable.

L’environnement à l’honneur
La filière melon du Quercy va également profiter des dispositions environnementales, prises dans le cadre du Grenelle de l’Environnement, pour faire un point sur ses propres pratiques. Suite à une réunion d’information, organisée sur ce sujet, pour les filières qualité régionales, par l’Irqualim (Institut régional de la qualité alimentaire de Midi-Pyrénées), en présence de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), en février 2010, la filière melon du Quercy a décidé de travailler, elle aussi*, sur les impacts environnementaux de sa production. C’est le cabinet Eco-Concevoir qui a été missionné pour réaliser l’analyse du cycle de vie du produit, de la semence au conditionnement, et faire, à chaque étape, le lien entre la qualité (le cahier des charges de l’IGP) et les impacts environnementaux. « Il s’agit notamment d’effectuer des calculs pour évaluer les émissions de gaz à effet de serre, chez les producteurs de semences, de plants, de melons et dans les stations d’expédition de la filière, explique Laure Vidal, co-créatrice, avec Stéphanie Capdeville, du cabinet conseil. Nous verrons notamment si produire du melon précoce implique l’utilisation de davantage de fumure et de serres chauffées, et a un effet sur le bilan carbone. Nous allons aussi étudier les différences de consommation d’eau, selon qu’on irrigue par aspersion ou au goutte-à-goutte. »

La contrainte devient un atout
Les données sont collectées, de mai à juillet, chez un producteur de plants, un “petit” melonnier irriguant par aspersion, un “gros” melonnier irriguant par goutte-à-goutte, et auprès d’une station. Pour la partie culture, il sera tenu compte des trois dernières campagnes et une moyenne des informations sera établie. Un questionnaire sera par ailleurs réalisé pour les trois stations (Boyer, Capel et Planavergne) qui devront y répondre. Enfin, pour la partie semences, Eco-Concevoir se servira de données génériques sur la production de graines pour faire son évaluation. Après avoir réalisé une modélisation, le cabinet conseil présentera ses conclusions à la filière en septembre.
« Ces données serviront non seulement à mettre en place l’affichage environnemental exigé, mais aussi à pointer les paramètres qui peuvent être améliorés, poursuit Laure Vidal. Il est vrai que la filière melon du Quercy anticipe la réglementation, mais c’est important, car elle va pouvoir transformer une contrainte en atout, et montrer que la qualité de ses produits rime aussi avec le respect de l’environnement. » Pour la grande distribution, qui demande de plus en plus d’efforts, à ses fournisseurs, en termes d’écologie, cette démarche est rassurante. Par ailleurs, le fait que ce soit le syndicat qui fasse réaliser cette analyse du cycle de vie permet d’en mutualiser le coût et de bénéficier de subventions de l’Ademe et de la Région Midi-Pyrénées pour la financer.
Enfin, ce dernier espère aussi pouvoir réduire les coûts de production des melonniers, en améliorant les points faibles qui auront été mis en avant.

* Quatre filières qualité sont engagées dans la même démarche en Midi-Pyrénées : l’AOC Rocamadour, le Veaux d’Aveyron et du Ségala et l’Agneau Label rouge de Midi-Pyrénées.

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