Indication géographique protégée
Le pruneau d'Agen vise l'Italie en plus de l'Allemagne
Pour 2015, l'Italie devient une cible de la promotion du produit IGP, avec la France et l'Allemagne. Mais pour assurer une présence continue sur ces marchés, il faut des volumes.
Dans le cadre du programme européen pour la promotion des AOP-IGP, le pruneau d'Agen IGP a fait sa promo en France et en Allemagne l'année dernière. En 2015, l'Italie s'ajoute au programme. Les actions en Italie seront calquées sur celles pour la France et l'Allemagne, avec beaucoup de relations presse et la part belle aux animations dégustations en magasins. L'objectif : faire connaître l'IGP et promouvoir le pruneau d'Agen pour stabiliser ces marchés. Le Bureau national interprofessionnel du pruneau (BIP) gère le programme, la Sopexa met en place les opérations dans les pays ciblés. Les entreprises françaises négocient les animations dégustations dans les magasins en fonction des ventes qu'elles y font. Le budget total est de 500 000 € par an pour trois ans (2015 étant la deuxième année), financée pour moitié par l'UE. Les actions vers la France absorbent environ la moitié du budget, le reste se partage entre l'Allemagne et l'Italie.
Reconquérir l'Allemagne et l'Italie
« Il y a une quinzaine d'années, nous faisions déjà de la promotion sur ces marchés consommateurs, explique Pascal Martin, directeur du BIP. Mais nous nous étions recentrés sur la France car nos volumes étaient limités. » En moyenne, la France produit 35 000 à 40 000 t de pruneaux IGP. Le marché national, “naturellement” consommateur, absorbe la majorité des volumes. « C'est le travail de la promotion ! Cela fait 52 ans que nous en faisons sur la France ! », s'enthousiasme Pascal Martin. L'exportation représente environ 1 000 t. Les marchés à l'export sont très atomisés et servis en “coup par coup” en fonction des volumes disponibles. Parmi les destinations, il y a des marchés traditionnels comme l'Algérie et l'Asie. « Mais l'accent est mis sur l'Allemagne et l'Italie : marchés de proximité, ils sont demandeurs d'un type de produit que l'on sait faire, analyse Pascal Martin. Les consommateurs en Asie veulent un produit plus acidulé, ce qui oblige à faire mari-ner la prune dans du vinaigre avec des arômes. C'est plus complexe à faire et on ne peut pas valoriser ce produit en IGP. »
Si la concurrence n'existe pas en France, ce sont le Chili et les Etats-Unis les leaders incontestés sur les marchés italiens et allemands, avec un produit type cœur de gamme. Le produit français se positionne sur du haut de gamme. « Il faut être lucide. Il y aura toujours un delta de prix entre nous et les producteurs chiliens (cinq fois moins actuellement) et californiens (deux fois moins), pour des raisons de coûts de main-d'œuvre, d'intrants…, analyse Pascal Martin. Donc nous devons jouer sur l'IGP pour une qualité supérieure. »
2015 pourrait être une petite récolte
Depuis trois ans la filière du pruneau a lancé un Plan de reconquête de la compétitivité avec une modernisation des vergers. Cet hiver, 250 ha ont été plantés. Le but est d'atteindre 600 ha replantés par an d'ici cinq ans pour arriver très vite à être compétitif en termes de volumes (toujours sur la même surface nationale, soit environ 13 000 ha). Avec des vergers densifiés et rajeunis, taillés plus en axe, la filière espère arriver à un rendement de 6 t/ha (3 t/ha en moyenne pour un verger traditionnel d'une vingtaine d'années). « Si le Plan de reconquête fonctionne, nous aurons une production plus régulière et nous pourrons donc être présents sur les marchés en continu, avoir des créneaux stables et fiables », analyse Pascal Martin. Et pour cette année, la très belle floraison laissait espérer une récolte de 40 000 t. Le “refroid” en a décidé autrement : la récolte 2015 est estimée pour le moment à 35 000 t.