Sud-Ouest
Le pruneau d’Agen fait sa révolution
Christian Taupiac, le médiateur nommé par Bruno Le Maire, dévoile la feuille de route de la filière du pruneau d’Agen.
Reportée d’une semaine pour cause d’intempéries, la 42e journée de la prune a rassemblé des pruniculteurs inquiets pour leur avenir. « Le Chili déstabilise le marché de l’UE, on vend de moins en moins en France, la moyenne des prix sortie usine a chuté de 11 %, etc. », exprimait Gérard Delcoustal, président de l’AOPn Comité économique du Pruneau (cf. "Pruneau d’Agen : l’U2P remplace l’AOP associative"), rappelant ainsi quelques-unes des principales causes qui plongent aujourd’hui le pruneau dans une crise qui a atteint des sommets en 2010-2011. Manquant de compétitivité, les transformateurs essaient de se replier sur un marché français qui s’est rétréci depuis la crise de 2008. Ils ont du mal à assurer les engagements qu’ils avaient pris sur le paiement de la récolte 2010, et l’offre industrielle ne se restructure toujours pas. En attendant l’entrée en production des nouveaux vergers issus de la relance, il est probable que les entreprises manqueront de pruneaux d’Agen pendant plusieurs années. Pour les responsables, le prix de vente sortie usine vers le marché français ne remontera qu’après une réorganisation de l’offre des transformateurs. « Cela diminuerait la vivacité de la concurrence en interne et suspendrait la guerre fratricide que se font les entreprises au détriment des producteurs », a souligné Gérard Delcoustal. L’analyse de la situation économique de la filière montre de nombreuses faiblesses dans cette filière qui devra construire un modèle économique avec des aides a minima. « Il est grand temps de changer de cap si vous voulez qu’on vous accompagne », a insisté Erick Larrieu de la Caisse régionale de Crédit Agricole Mutuel d’Aquitaine. Pour Christian Taupiac, ingénieur général et médiateur nommé par Bruno Le Maire, il y a des raisons d’espérer car le pruneau est un produit génial. Ce dernier a dévoilé la feuille de route de la filière qui conseille au pruneau d’être présent sur tous les marchés et notamment l’export, d’adapter sa production aux marchés segmentés et de récupérer une image “produit” qui a régressé. Le médiateur propose de rechercher un nouvel équilibre avec la création d’un pôle de régulation de l’offre et une interprofession simplifiée et plus efficace. Tout le monde a validé les propositions du médiateur qui a vu sa mission prolongée jusqu’à fin juillet afin de mettre les deux collèges producteurs et… transformateurs sur la même voie. Il est grand temps de sauver le soldat “Pruneau”.