Fruit Logistica : le pays à l'honneur

Le Portugal investit dans le développement de la production

Fruit Logistica a choisi cette année le Portugal en tant que pays à l'honneur : il est vrai que le pays fait preuve depuis ces dernières années d'une belle dynamique sur les marchés internationaux. Entre 2010 et 2013, le volume des exportations de fruits et de légumes n'a cessé de croître : + 26 % sur cette période pour passer de 780 M€ à 983 M€. En 2014, le Portugal a produit des fruits et légumes pour une valeur globale de 2,6 Md€. Et l'exportation a représenté 1 Md€, et cela en dépit de l'impact de l'embargo russe du mois d'août 2014.

Le développement des exportations portugaises tient en partie à la création en 2010 de Portugal Fresh. Cette association regroupe les principaux producteurs et groupements de production de la filière fruits et légumes du pays, avec l'objectif de promouvoir l'origine portugaise aussi bien sur les marchés extérieurs que vis-à-vis de la consommation nationale. L'association, depuis sa création, appuie les entreprises en termes de promotion et de présence sur les marchés cibles – le Portugal Fresh s'était ainsi fait remarquer lors de la dernière édition de Medfel à Perpignan l'année dernière. A Berlin, l'association veut voir plus grand. A Fruit Logistica 2015, l'espace Portugal Fresh couvrira 500 m2 dans le hall 5.2 (environ 300 m2 depuis 2000, date de la première participation du pays au rendez-vous berlinois). L'espace accueillera une quarantaine d'entreprises portugaises, contre vingt-cinq les précédentes années.

Des atouts naturels

Le pays dispose de conditions pédoclimatiques favorables pour la production de fruits et légumes. Grâce à l'influence de l'Atlantique et de la Méditerranée, le climat doux et chaud permet de récolter plus tôt, dans de nombreux cas hors des cycles de production des pays de l'Europe centrale et de l'Europe du Nord. De plus, ce climat le long des côtes garantit l'absence de gelées, ce qui permet au Portugal de cultiver en plein air des produits qui ne peuvent se développer que sous serre dans les autres Etats européens. Autant d'atouts naturels qui permettent au pays de bien se positionner dans le concerto des nations exportatrices. Les fruits et légumes ont largement participé à la balance du commerce extérieur portugais : en 2013, les exportations de fruits ont progressé de 17,9 % (+ 80 M€) et les légumes de 24,9 % (+ 69 M€). Le marché européen est resté la principale destination du produit portugais, l'Espagne en premier lieu avec 38,1 % de la valeur ou la France pour 9,1 %. Mais, le pays a aussi ouvert des marchés sur des destinations plus lointaines comme l'Amérique du Sud (le Brésil avec 6,3 %) et l'Afrique (l'Angola avec 12,1 %). Le Portugal dispose de plusieurs atouts. En premier, une variété unique : la poire Rocha, emblématique de la production nationale. Avec une moyenne de 200 000 t par an, elle est largement exportée (70 % du tonnage) vers plus de vingt pays. Mais, derrière ce mastodonte, d'autres produits ont aussi affiché de belles performances en 2013. Ainsi en agrumes, l'orange est un moteur de la gamme avec 236 000 t tout comme la pomme avec 270 000 t. Le Portugal est aussi un producteur de fruits secs avec, en tête, la noisette (24 000 t en 2013). Enfin, le kiwi est le fruit en développement, passant de 19 000 t en 2012 à 24 500 t en 2013. A ces produits historiques, d'autres sont venus se greffer. Ainsi, la production de potiron dans la région Ouest du Portugal, portée par des variétés jusqu'alors inconnues dans le pays (Butternut, Musquée de Provence), croît fortement ces dernières années, avec environ 45 000 t en 2013. L'exportation est importante, avec 70 % de la production principalement envoyée vers le Royaume-Uni et la France.

Lutte pour l'irrigation

En dépit de ses capacités de production et d'exportation, le Portugal n'est pas autosuffisant en fruits. Les conditions climatiques, généralement propices, se caractérisent aussi par des périodes de sécheresse comme ce fut le cas en 2011. Ceci entraîne des variations entre les différentes campagnes causant une hausse plus ou moins importante des importations. Ainsi, en 2012-2013 (tout comme en 2010-2011), le pays a importé environ 30 % des fruits consommés, la récolte ayant chuté sur cette période de 17,4 %.

Le Portugal fait face à une problématique hydrique : les bassins hydrologiques de ses principaux fleuves (Tage, Douro, Guadiana, Minho) sont partagés avec l'Espagne qui détient l'essentiel des surfaces de la péninsule ibérique (264 000 km2 contre 57 000 km2 ) et les autres cours d'eau portugais (Vouga, Mondego, Sado) sont plus petits et plus irréguliers. L'irrigation est donc un enjeu capital pour le développement agricole du pays. La construction du barrage sur le Guadiana en 2010 – qui a permis de créer le plus grand lac artificiel d'Europe – s'est accompagnée du projet Alqueva, un vaste programme d'irrigation en aval concernant plus 120 000 ha dans la région d'Alentejo (au Sud du Portugal). Celui-ci est géré par Edia, l'entreprise en charge de la construction du barrage et qui a étendu son champ d'activité à l'appui aux investisseurs voulant soutenir les projets de production agricoles dans la région.

Les potentiels de production, une fois l'ensemble des surfaces mises en culture (comprenant aussi vignes et céréales), sont impressionnants : 2,8 millions de tonnes de tomates, 2,2 millions de tonnes de betteraves, 832 000 t de melons, 225 000 t d'aulx, 169 000 t d'oignons....

Plus large programme d'irrigation en Europe, Alqueva profite d'une distribution régulière d'eau grâce au barrage, malgré les périodes de sécheresse. L'année dernière, 68 000 ha étaient déjà en culture et 20 000 ha sont en cours. L'intérêt de ce programme est de faire participer les parties prenantes ce qui permet aussi la commercialisation des fruits et légumes de la zone. Ainsi, Maré, le marché de gros de la région d'Evora, l'entreprise Edia et l'association des bénéficiaires du périmètre d'irrigation de Monte Novo ont signé un partenariat en 2014 : Maré se chargera de vendre les fruits et légumes venant de Monte Novo.

A terme, le partenariat s'ouvrira à d'autres agriculteurs, permettant de constituer une OP dans cette région.