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Transport
Le port de Dunkerque contourne l'embargo russe

Dunkerque nourrit de nouvelles ambitions en matière de trafics de produits frais. Le port ne semble pas avoir été affecté par le blocus russe et s'ouvre de nouveaux débouchés.

Le Maroc, c'est notre plus gros marché ! », lançait en mars 2014 Bernard Clercin, directeur général de DailyFresh Logistics à l'occasion d'une visite des adhérents de Fedepom au port de Dunkerque. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : Dunkerque a en effet importé 43 000 t de tomates marocaines en 2014 !

DailyFresh Logistics (6 000 m2 d'entrepôts) est spécialisé dans le dépotage de camions et leur chargement en conteneurs (et vice-versa). « Notre atout ? Rapidité et souplesse ! », explique le responsable en précisant que son entreprise dépotait trente à quarante conteneurs de fruits et légumes par semaine, déchargeait une kyrielle de camions en provenance du Maroc ainsi que des cargaisons d'ananas destinés aux enseignes Auchan. « En début de saison, on reçoit quinze à vingt camions d'agrumes par semaine. Le trafic, qui monte en puissance, dure jusqu'à la mi-mai ! », confirme-t-il.

Bientôt un Sipev

Désormais, le port de Dunkerque met en avant son savoir-faire dans les produits à température dirigée. Avec 706 000 t de trafic de produits frais en 2014 (+ 23 %), le port a battu tous ses records, et nourrit encore de nouvelles ambitions.

« Nous appuyons notre savoir-faire en matière de traitement de produits à température dirigée, en matière logistique, sur la compétence d'entreprises comme Dunfresh ou DailyFresh ainsi que sur notre terminal à conteneurs équipé de prises “reefer” », souligne Daniel Deschodt, directeur commercial du port.

De son côté, Luc Van Holzaet, directeur général de ConHexa (Dunfresh, Dunfrost…), qui traite la majorité des volumes des bananes transitant à Dunkerque, met en avant ses quinze chambres froides à température différente. « On fait du sec, du frais et du surgelé », explique-t-il tout en précisant que son entreprise est capable de charger 325 camions en deux jours et demi, une cadence favorisée par la situation bord à quai de l'entrepôt. « C'est un avantage concurrentiel par rapport à Anvers », souligne-t-il, d'autant que l'entreprise dispose de sa main-d'œuvre privée. Luc Van Holzaet cherche à se diversifier et met en avant ses outils permettant « de mettre la bonne palette dans le bon camion ».

En outre, Dunkerque peut également compter sur le nouveau dispositif “auto liquidation de la TVA à l'importation”, en place depuis le 1er janvier dernier. « Le port investit également dans un poste de contrôle vétérinaire [2 millions d'investissement, ndlr]. Ce Service d'inspection vétérinaire et phytosanitaire (Sipev), qui regroupe les compétences vétérinaires et phytosanitaires, devrait être opérationnel d'ici la fin de l'année », expliquait Stéphane Raison, président du directoire de Dunkerque Port le 15 janvier 2015 en présentant le bilan 2014.

Le retour des bananes du Cameroun

Concernant l'axe Nord-Sud, Daniel Deschodt ne peut que confirmer les orientations prises en 2014 à l'issue de ce premier trimestre 2015.

« En Afrique de l'Ouest, nous sommes fortement connectés avec le Sénégal et la Côte d'Ivoire pour des produits comme les bananes et l'ananas à la remontée et pour des produits comme la pomme de terre et l'oignon à l'exportation », précise le directeur commercial.

S'agissant du Cameroun, les choses sont un peu plus compliquées. « Nous sommes confrontés essentiellement à des difficultés de sortie du port de Douala [dues aux répercussions du conflit au Mali, ndlr] et sommes obligés de contourner ces difficultés opérationnelles. Nous testons par exemple des transbordements de marchandises dirigées sur le port de Tanger que nous reprenons pour les décharger à Dunkerque, mais ce type de trafics ne peut être pérennisé », précise-t-il. L'encombrement du port de Douala avait mis un coup d'arrêt au trafic de bananes conteneurisées en provenance du Cameroun et déchargées dans les entrepôts de Dunfresh au bout de huit mois. Ce nouveau trafic résultait d'un accord conclu entre CMA CGM et Del Monte à l'occasion de la mise en activité de la nouvelle mûrisserie de Del Monte à Rungis (cf. fld hebdo du 22 janvier 2014). « Depuis, nous avons fait de nouveaux essais », confie Daniel Deschodt.

Alternative maritime

Dunkerque entretient des liens privilégiés avec le Maroc depuis quarante ans. A l'occasion de l'ouverture de la nouvelle saison d'importation de fruits et légumes, les dirigeants du port ont d'ailleurs rencontré les principaux exportateurs marocains en novembre 2014. Car confronté à une importation d'agrumes par route, Dunkerque se doit de proposer une alternative maritime. « C'est la cinquième campagne du service Agadir-Dunkerque proposé par CMA CGM qui peut offrir une alternative intéressante à la route, notamment pour des produits dont la durée de vie est limitée », souligne Daniel Deschodt.

« Cette liaison maritime est d'ailleurs complétée par un service régulier à destination de la Russie. Ce service dénommé “Dunkrus” s'effectue entre Agadir et Saint-Pétersbourg avec un “transit time” de dix à onze jours », conclut le directeur commercial du port.

L'impact du blocus russe sur le port de Dunkerque

« Nous avons aussitôt observé la réorientation de certains flux de marchandises de la part des opérateurs du Nord de l'Europe. Ils se sont notamment tournés vers la côte Ouest de l'Afrique, le Maroc et le Proche et Moyen-Orient », souligne Daniel Deschodt, directeur commercial du port de Dunkerque. Cela a été le cas en pommes de terre et en oignons pour l'Afrique de l'Ouest et le Portugal. Dunkerque a ainsi exporté 4 400 t de pommes de terre vers la Côte d'Ivoire et le Sénégal, 5 760 t vers le Portugal, 3 000 t vers le Moyen-Orient et 13 000 t vers la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane. Des trafics naissants ont également émergé vers le Moyen-Orient (notamment en pommes de terre), profitant surtout de la ligne existante sur l'Inde et le Pakistan à partir de Dunkerque. T. B.

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