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Medfel - L’Egypte, pays à l’honneur
Le plant français à l’épreuve de la révolution égyptienne

La révolution égyptienne de 2011 n’a en rien modifié les rapports que les professionnels du plant de pommes de terre français entretiennent avec les producteurs égyptiens. En revanche, les relations sont toutes différentes sur le plan commercial.

Les tensions politiques qui persistent en Egypte depuis la révolution de 2011 ont mis un frein aux courants d’affaires qui existaient entre les exportateurs de plants de pommes de terre français et l’ancien pays de Hosni Moubarak. Tous les opérateurs le reconnaissent aujourd’hui : ils doivent subir le décrochage actuel de la livre égyptienne et sont excessivement vigilants dans leurs expéditions de plants en se prémunissant des impayés toujours plus nombreux.
A la Siac d’Yvetot (Seine-Maritime), on est passé de 450 à 150 t de plants exportées en l’espace de deux ans. « Nous demandons à nos importateurs le paiement avant le chargement des conteneurs reefer que nous envoyons à destination d’Alexandrie », explique Franck Hericher, le responsable commercial. La Siac exporte traditionnellement deux variétés de pommes de terre de consommation (Spunta et Cara) vers l’Egypte. « Nous avons dû demander beaucoup plus de garanties à nos clients égyptiens », souligne-t-il. En effet cette PME de neuf salariés au chiffre d’affaires annuel de 5 millions d’euros collecte environ 260 ha de plants, dont une partie sous contrat avec dix-huit producteurs, les risques sont énormes.

Un quatrième contrat
La France a toujours entretenu des liens forts avec l’Egypte. Pendant très longtemps, l’Hexagone y expédiait de la farine, grâce auxquels des projets de coopération ont pu naître, notamment dans la pomme de terre avec la création en 1983 du Bureau de liaison agricole franco-égyptien (Blafe) financé entre autres par le Fonds de contrepartie de l’aide alimentaire française.
C’est aussi en 1997 que les premiers contrats ont été signés par Jean-Charles Quillet, président de Comité Nord et représentant de la FN3PT via sa filiale France Obtention, avec les responsables égyptiens. A l’époque, il s’agissait simplement d’envoyer du matériel et des variétés.
En décembre dernier, à l’occasion de l’assemblée générale de la FN3PT, Jean-Charles Quillet a signé à Arras le quatrième contrat de partenariat avec l’Egypte. Etaient présents ce jour-là à ses côtés Bernard Quéré, directeur général de France Obtention, Dr Abbas El Shenawy, le représentant du ministère de l’Agriculture, et Eng Abel Badeia Soliman, le chef du Casc (l’équivalent égyptien du Soc français-Service officiel de contrôle et certification).

Un partenariat pour aider à la lutte parasitaire en Egypte
D’une durée de trois ans et d’un montant de 250 000 €, ce nouveau contrat doit permettre le renforcement technique et administratif du Casc pour l’application réglementaire des textes relatifs à la loi semence. Il vise en outre à renforcer les compétences dans la détection des maladies en laboratoire et à poursuivre les démarches entreprises en faveur de la qualité, de la traçabilité et de la vulgarisation.
« Nous avons beaucoup évolué depuis le premier contrat. Celui-ci concernait la production et la certification de plants de pommes de terre (classe A à partir de classe E importée). Le contrat que nous venons de signer à Arras s’intéresse à la production de matériel de pré-base et à leur certification », souligne Bernard Quéré. Les Egyptiens se sont en effet équipés de laboratoires et travaillent également avec des micro-tubercules importés.
« Il n’existait pas encore un cadre réglementaire pour contrôler la multiplication de ce matériel de pré-base et base. Mais le Casc vient d’avoir la mission de mettre en place un système de contrôle et de certification pour multiplier ces générations, ce qui implique la mise en place de systèmes de contrôle et de certification et des évolutions réglementaires techniques et scientifiques dans leur pays », poursuit le directeur général de France Obtention qui insiste notamment sur les efforts que les Egyptiens doivent réaliser pour le contrôle et la détection des maladies au laboratoire. « On ne les aide pas à produire du plant, on les aide à contrôler l’ensemble de la chaîne de production », précise Bernard Quéré. D’autant que l’Egypte introduit parfois des micro-tubercules en provenance d’Inde ou de Chine qui sont loin d’être sains…
La forte pression parasitaire et donc la présence de maladies (comme le nématode à gales ou le ralstonia) laisse deviner l’ampleur de la tâche. Mais c’est aussi la raison pour laquelle les plants exportés dans le pays ne nous reviennent pas sous forme de pomme de terre de consommation…

S’adapter aux nouvelles évolutions
Les plants expédiés en Egypte permettent d’approvisionner le marché local en consommation mais aussi et surtout en variétés de transformation. Car la demande explose sur ce marché qui représente environ 500 000 t par an.
Farm Frites, Chipsy (Pepsico), le canadien Unifood qui fournit les McDonald’s du pays et, depuis peu, Americana (Heinz) se développent sur le marché des produits transformés à base de pommes de terre parallèlement à l’existence d’une douzaine d’entreprises égyptiennes dont la plus importante est Gaw-Hara, deuxième industriel fabricant de chips du pays derrière Chipsy. Le secteur de la transformation est actuellement en plein essor en Egypte. Des opportunités sont donc à saisir pour toute la filière dès que le pays retrouvera une économie plus apaisée.
La filière française doit en effet être attentive à tout ce qui se passe dans le bassin méditerranéen. En matière de plants, la France et les Pays-Bas se partagent le marché mondial. Mais les Hollandais le dominent largement, représentant 52 % du commerce mondial (contre 9 % pour la France). En 2011-2012, les Hollandais ont exporté 694 375 t, dont 51 % en Europe, 17 % au Maghreb et 18 % au Proche-Orient. La France a, quant à elle, exporté 148 253 t, dont 45 % en Europe, 21 % au Maghreb et 19 % au Moyen-Orient. Notre pays a dégagé un excédent commercial de 45 millions d’euros et vise l’objectif ambitieux d’atteindre les 100 millions d’euros en 2020.
L’Algérie est le premier pays importateur de plants au Sud de la Méditerranée. Le pays a importé (via notamment le port de Mostaganem) 137 000 t de plants, dont 13 000 t de plants français.
La Tunisie a importé 24 000 t de plants en 2012, dont plus de la moitié (13 350 t) de France. Parmi les autres pays du bassin méditerranéen, la Syrie a fait d’énormes progrès en production de plants de qualité notamment via les installations gouvernementales d’Alep. « C’est le seul pays où, quand on visite une serre, on rentre dans un sas et on ferme la porte derrière nous », précise Bernard Quéré. Mais aujourd’hui, la guerre civile qui fait rage dans la zone d’Alep vient hypothéquer les avancées techniques des Syriens.

Augmentation de la consommation dans le Sud
Ce qui n’empêche pas le plant français d’être leader en Tunisie devant les Néerlandais. En revanche, selon Bernard Quéré, l’Algérie mériterait des efforts similaires à ceux déployés en Egypte, « car les marges de progrès sont énormes ». Mais pour l’instant, on ne peut pas parler de programmes de développement comme en Egypte. La seule coopération existante avec ces deux pays du Maghreb s’appuie sur des financements – modestes – de la FN3PT et de ceux de FranceAgriMer sur le volet export.
Des actions sont également conduites par la filière française en Iran, Turquie, Syrie, Irak et Arabie Saoudite qui restent néanmoins à développer. Pour Eric Fallou, président de la FN3PT, « il est important de renforcer notre partenariat avec les pays étrangers via France Obtention, car les zones de production de pommes de terre se déplacent : tout en diminuant au Nord, la consommation s’accroît au Sud. Sans compter que les pays du Sud cherchent à mettre en place des systèmes de production à destination de leurs marchés locaux. » Les producteurs français devront conc s’adapter à de telles évolutions.

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