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Maroc
Le Plan Maroc Vert à l’épreuve des faits

La campagne qui s’ouvre sera particulière pour l’Etat chérifien : elle marque le lancement de l’imposant programme de modernisation de l’agriculture marocaine.

Plus de 13 milliards d’euros : tel est le montant que le Maroc va investir dans son agriculture. Les différentes filières se préparent à se “lancer dans le grand bain” et avoir la mise en œuvre d’une noria de projets visant, à une décennie d’ici, à offrir au secteur une avance qui se veut définitive dans la région du Maghreb. Près de 70 projets vont être lancés dès l’année prochaine. Un premier groupe de projets dont la finalisation a été achevée durant les derniers mois devrait mobiliser une enveloppe de 6,8 milliards de dirhams (597 millions d’euros),une enveloppe qui devrait profiter à treize régions. Pour les projets d’agrégation, ils concernent plusieurs filières notamment l’olivier (4), les agrumes (4) et le maraîchage (2).
Le lancement du Plan Maroc Vert se passe dans une période relativement bonne pour les principales productions du pays. Selon les chiffres du ministère de l’Agriculture marocain, la production de primeurs pour la saison écoulée s’est chiffrée à 1,9 million de tonnes, en augmentation de 12 % par rapport à la saison précédente. Celle des agrumes a atteint 1,4 million et les olives 1 million de tonnes. Le début de campagne a été, pour ces derniers, un peu plus délicat. Au 24 octobre, les exportations d’agrumes ont atteint 14 400 t au lieu de 25 000 réalisées à la même date de l’année 2008. Ce recul s’explique par la tardiveté qui caractérise l’actuelle campagne agrumicole. Le démarrage des sorties a accusé un léger retard d’une dizaine de jours par rapport à la saison précédente. La clémentine représente l’essentiel des expéditions avec 14 200 t, le reste étant représenté par le citron.
Pour ce qui est des cultures d’exportation, les primeurs ont enregistré un volume de 770 000 t, en progression de 5 % par rapport à la campagne précédente. Néanmoins, les exportations d’agrumes ont reculé de 17 % pour s’établir à 482 000 t. La crise économique mondiale qui a ralenti les flux commerciaux et les inondations ayant touché la région du Gharb sont les deux principales raisons évoquées par la filière.

Un plan plus qu’imposant
Seize plans, un par région du Royaume, ont été élaborés regroupant les projets (extension des cultures, reconversion, irrigation…) les plus adaptés à la typologie des régions. La filière fruits et légumes est très concernée. Certaines régions devraient ainsi profiter fortement du Plan Maroc Vert. C’est le cas de la région de Souss-Massa-Draa qui, à l’horizon 2020, devrait être la première zone de maraîchage du Maroc (2,14 Mt sur 25 000 ha) et la deuxième en production agrumicole (864 000 t sur 34 000 ha). Sur ces produits, la région du Gharb, dont le plan prévoit un effort important pour l’irrigation, est appelée à devenir leader avec 1,3 Mt en 2010. Entre autres, Tanger-Tétouan renforce sa filière fruits et légumes (33 % du budget de 8,2 MdDH, soit 737 M€) en fraises, pommes de terre et agrumes ou Casablanca qui mise sur le maraîchage bio et l’hydroponique, l’Oriental sur l’amande. Enfin, l’Oued Eddahab-Lagouira confirme son rôle de “maraîcher exportateur” : 137 des 152 M€ de son plan y sont consacrés.
Cependant l’importance d’un tel plan, avec sa multitude de contrats programmes et sa complexité résultant du nombre et de la taille des projets, est suffisante pour que le ministère de l’Agriculture et de la Pêche maritime se soit doté d’un nouvel outil pour en piloter la mise en œuvre, fin octobre. Baptisé Project management office (PMO), il devrait jouer le rôle d’un support stratégique pour s’assurer que la mise en œuvre du plan se déroule de façon cohérente. Il devrait veiller au respect des procédures, définir les grandes orientations et évaluer l’avancement de la mise en œuvre des engagements. Il s’ajoute au dispositif de suivi du plan : en février la nouvelle Agence de développement agricole (ADA) a été chargée d’identifier et mobiliser le foncier nécessaire à l’extension des périmètres agricoles.

La recherche du financement  
Depuis son lancement en 2008, le Plan Maroc Vert avait généré une grande question : celle du financement, le Trésor du royaume chérifien n’étant certes pas appelé à couvrir l’ensemble de la dépense. Les opérateurs auront donc vu avec plaisir et un certain soulagement, les différentes conventions signées entre l’Etat et plusieurs organisations et banques depuis le printemps. Ainsi, des fonds importants (25 MdDH, soit 2,19 Md€) ont été financés par la banque Attijariwafa, au travers de son “Pacte Vert” pour les petits exploitants. Le Groupe Banque Populaire (GBP), le Crédit Agricole ou encore l’Agence française de développement (AFD) sont aussi parties prenantes. Il est à noter que le premier a mis sur la table quelque 20 MdDH (1,25 Md€) dont une partie ira au développement de la filière des arbres fruitiers. Le groupe s’est aussi engagé à créer un fonds de stabilisation prudentielle des prix. L’AFD participe à hauteur de 50 M€ destinés au financement partiel de projets dans les régions de Tanger-Tétouan et de Taza-Al Hoceïma-Taounate. L’autre partenaire de l’Etat est le Fonds international du développement agricole (FIDA) qui a avalisé un accord prévoyant un prêt de 8 M$ par an sur une période de dix ans. Et ceci sans oublier le Fond Hassan II. A la fin septembre, à travers une convention-cadre avec le gouvernement, celui-ci va contribuer à hauteur de 800 MDH (70,3 M€) sur la période 2009-2012 pour le financement des projets de l’agriculture solidaire.
Soucieux de garantir de bonnes conditions de lancement, le ministère de l’Agriculture a mis en place un programme d’action. Un des axes retenus concerne la gestion d’eau d’irrigation. La prochaine campagne verra l’équipement de 29 ha de système d’irrigation localisée. Cette opération entre dans le cadre du programme national d’économie d’eau qui vise l’équipement de 550 000 ha. La gestion de l’eau est aujourd’hui au cœur de la problématique agricole marocaine : les travaux accomplis ou en phase de l’être dans la région de Gharb (souffrant d’inondation) ou dans la zone agrumicole de Sebt Guerdane dans la province de Taroudant sont là pour le rappeler. Ce à quoi pourra aussi s’ajouter l’infrastructure logistique, indispensable pour la fluidification des flux de fruits et légumes vers leurs destinations. Le développement du “méga-port” de Tanger Med est un aspect des solutions apportées mais il reste aussi le réseau routier où déjà des efforts ont été accomplis.

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