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FRUIT LOGISTICA - Marché mondial - Pérou
Le Pérou, un potentiel à l’export toujours intact

Invite d’honneur de Fruits Logistica 2013, le Pérou entend bien profiter du récent accord commercial avec l’Europe pour développer ses exportations.

Au-delà des images touristiques qui lui sont attachées (Machu Picchu et vêtements bariolés), le Pérou est un acteur majeur du commerce international des fruits et légumes, avec des exportations annuelles dépassant en moyenne sur la période de janvier à septembre 2012 les 868 000 t. Sur les onze dernières années, les exportations péruviennes ont connu une progression très rapide passant de 101 millions de dollars (76,20 millions d’euros) à 1,12 Md$ (846 M€), soit une progression annuelle de 27 % sur la période. L’Europe (42 %) et les Etats-Unis (40 %) sont les grands clients du pays. Le Pérou est connu des opérateurs pour de grandes lignes de produits – l’avocat, la mangue, l’asperge, le raisin... Néanmoins, à Berlin en février, PromPeru, la Commission nationale de promotion des exportations et du tourisme, a décidé de mettre l’accent sur d’autres productions : le fruit de la passion, la grenade, l’anone, le physalis, ou encore le lucuma, un fruit indigène du pays.
Présent depuis une décennie au grand rendez-vous berlinois, le Pérou présentera son offre sur 500 m2 regroupant les associations professionnelles et soixante-cinq entreprises dans le hall 25.

Un contexte mondial favorable
Pour le Pérou, le contexte international est plutôt positif. Le 11 décembre dernier, le Parlement européen a donné son feu vert à l’accord commercial devant lier l’UE au Pérou (et à la Colombie). Il doit être approuvé par le Conseil de l’Europe et, au-delà des Andes, on espère que l’accord sera effectif pour ce mois de février. D’autre part, le pays pourrait profiter de la nouvelle Alliance du Pacifique, une plate-forme dédiée à la coopération politique et économique entre le Chili, la Colombie, le Mexique et le Pérou. Elle devrait avoir un impact positif sur le commerce entre les pays membres dans la mesure où l’Alliance du Pacifique se veut être, selon ses concepteurs, une première étape vers la création d’un bloc solide et dynamique. De plus, une étude révélée en janvier par les banques HSBC (Royaume-Uni) et Itau (Brésil) et par The Economist Intelligence Unit stipule que l’économie péruvienne devrait être la plus dynamique de la zone avec une croissance moyenne de 6,5 % (6,2 % en 2012).

L’avocat en fer de lance
Le fruit représentatif du Pérou, c’est certainement l’avocat. Sa production en 2012 s’est élevée à près de 249 000 t, en augmentation de 12 % par rapport à 2011. Sur la campagne 2011-2012 (janvier-septembre), les tonnages exportés ont progressé de 2,1 % à 82 129 t (contre 80 475 t la campagne précédente). L’autorisation d’exporter vers les Etats-Unis, obtenue en 2011, a ouvert de nouvelles perspectives commerciales : sur ce marché, il commence à concurrencer le Chili, handicapé par la sécheresse cette saison, mais reste encore loin derrière le Mexique. Gabriel Burunat, fondateur en 1993 de Commercial Fruits importateur à Rungis, en fait le précurseur dans l’importation en Europe des avocats du Pérou. Aujourd’hui, l’entreprise traite environ 300 conteneurs de ce fruit, soit 6 500 t/an. Elle a aussi élargi son portefeuille péruvien aux asperges, figues, mangues, raisins ou encore grenades (54 conteneurs la saison passée) : « L’origine Pérou a connu un développement exponentiel depuis le début des années 2000. Les chiffres sont parlants : les exportations d’avocats sont passées de 1 700 t en 2000 à plus de 56 000 t dix ans plus tard. L’année dernière, elles ont représenté 80 000 t et, en 2013, la barre des 100 000 t devrait être franchie. Des volumes supérieurs à la production totale de l’Afrique du Sud, toutes variétés confondues. Le pays dispose aussi d’un beau potentiel. On estime les surfaces actuelles à 9 000 ha et d’ici à cinq ans, 1 000 ha minimum supplémentaires par an devraient être plantés. »

Des produits leaders à l’export
Les autres fruits suivent la même tendance. La mangue est un incontournable. En tonnage, elle ne représente que 0,9 % de la production mondiale, loin derrière le Mexique (54,2 %) et l’Inde (42 % en 2011), mais le pays est aujourd’hui dans le top 5 des exportateurs internationaux. Le Pérou s’octroie 9,3 % du volume total exporté, le Mexique demeurant premier opérateur avec 21,7 %. Sur l’Europe, les exportations sont passées de 10 000 t en 2000 à 71 000 t en 2011. Quant au raisin, c’est un trésor pour les exportateurs andins. « Le Pérou dispose de bonnes fenêtres de production : son raisin est pratiquement le seul sur le marché mondial entre mi-octobre et février », confirme Gabriel Burunat. En 2012, le pays a affiché 30 % d’augmentation en valeur de ses ventes à l’export soit 150 M$ (115 M€) de plus que la campagne précédente, pour un volume exporté d’environ 90 000 t. Le raisin fait surtout recette à Hong Kong (20,9 % des envois), plate-forme des marchés asiatiques au même titre que les Pays-Bas (10,7 %) le sont pour l’Europe. Sur ce marché, les exportations ont été multipliées par dix entre 2000 et 2010 passant de 2 500 t à 25 000 t. Cette saison, la production est orientée à la hausse, ce qui devrait permettre de générer un potentiel d’exportation de 120 000 à 140 000 t (+ 28,7 % par rapport à 2012). Le Pérou a longtemps été associé aux asperges, surtout vertes, demeurant une valeur sûre. Ses exportations ont augmenté de 56 % sur les six dernières années atteignant les 293 M$ (225 M€) en 2011. Au premier semestre 2012, la progression a encore été de 14 %, avec, en Europe, deux pays ayant augmenté leur sourcing, les Pays-Bas (+ 7 % en valeur) et le Royaume-Uni (+ 6 %). Sa production a, en revanche, changé : « L’asperge verte, qui fut longtemps le légume emblématique du Pérou, est en perte de vitesse au profit de l’asperge blanche, confirme Gabriel Burunat. Celle-ci est transportée par voie maritime, ce qui réduit fortement les coûts, au contraire de la verte expédiée pour l’instant encore par avion. De plus la demande américaine sur la variété verte est très forte. La contrepartie, c’est que le prix de la verte a été tiré vers le bas avec le développement des envois de blanches par bateau. » Du coup, certains producteurs ont abandonné l’asperge verte.

Le bio, un créneau à suivre
Le développement des produits bio sera certainement un secteur à suivre. Mi-décembre 2012, un accord a été signé entre le Pérou et l’UE pour accroître la part du bio dans la production locale. Ce contrat, étalé sur quatre ans, stipule que l’Europe apportera son soutien financier (à hauteur de 13 M€) et technique à l’amélioration des exportations de produits bio péruviens. Il concerne une large gamme de fruits (bananes, mangues, kiwis, noisettes) et particulièrement les régions de Piura, Arequina, Puno, Cusco et Madre de Dios. Déjà la banane bio connaît un beau développement. Entre janvier et octobre 2012, les exportations ont progressé de 20 % en tonnage d’une campagne à l’autre, pour arriver à des envois mensuels de 9 800 t. En valeur, la hausse a atteint 28 % pour atteindre une moyenne mensuelle de 6,7 M$ (5 M€). Les Pays-Bas demeurent le principal acheteur de bananes bio (53 % en valeur) avec les Etats-Unis en deuxième position. C’est la région de Piura qui concentre la production. Sur place, les producteurs se sont regroupés au sein de la structure Cepibo, ce qui leur permet aujourd’hui d’exporter dix conteneurs de bananes bio par semaine. Fyffes a annoncé l’automne dernier son intention de se fournir auprès de Cepibo à hauteur dix-huit conteneurs par semaine, destinés au Royaume-Uni et à l’Europe continentale.

Les atouts du Pérou
Pour Gabriel Burunat, l’expansion du Pérou s’explique par : «  une offre se caractérisant par trois points : des produits de qualité grâce à d’excellentes conditions naturelles et une diversité de climat qui permet de produire tout presque toute l’année, sa capacité à fournir des volumes et enfin une présence longue sur le marché. Aujourd’hui, par exemple, l’avocat péruvien est chez nous commercialisé huit mois sur douze. » L’exportation sur des destinations aussi lointaines que l’Asie est une réalité pour les exportateurs d’Amérique latine, non sans conséquences. « On a remarqué une tendance chez les producteurs à demander au marché européen un prix similaire à celui de l’Asie, donc très élevé, note Gabriel Burunat. Ce n’est pas trop le cas au Pérou, sauf pour le raisin. Il faudra voir à l’avenir. Le commerce avec l’Asie, les Etats-Unis mais aussi avec les autres pays d’Amérique du Sud modifiera peut-être les choses. Mais, la production est tellement forte que le pays sera toujours à même de fournir l’Europe. C’est peut-être souhaitable : diversifier les marchés évite d’être tributaire d’un seul et de saturer le marché européen. En revanche, il faut reconnaître que la France n’a pas une très bonne réputation. C’est un marché très exigeant en qualité, en emballages et en calibrages, mais qui ne paye pas toujours pour ses exigences. D’un côté, les opérateurs péruviens, comme d’autres, veulent aujourd’hui des prix fermes ou des minimums garantis. De l’autre, la France ne veut pas s’engager à l’avance en volumes et en prix. Du coup, elle est servie après d’autres marchés plus rémunérateurs, en Asie mais aussi en Europe. Pour continuer, les usages devront certainement changer. »

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