Le Pérou a les cartes en main
En quelques années, le Pérou a assuré sa place de première origine d'été en Europe. Le pays diversifie ses débouchés.
En quelques années, le Pérou a assuré sa place de première origine d'été en Europe. Le pays diversifie ses débouchés.
Mi-septembre, la saison péruvienne était sur la fin mais les chiffres étaient déjà connus. ProHass estime le volume exporté à 165 732 t de hass, contre 161 534 t en 2015, soit une progression de 2,6 %. « Ces chiffres sont en dessous des estimations avant récolte puisqu'à Fruit Logistica en février dernier, les Péruviens annonçaient une hausse de 15 %, explique Gabriel Burunat, président-directeur général de Commercial Fruits. Ils ont ensuite revu leurs prévisions à la baisse. Il y a eu de grosses surprises, qu'ils imputent au phénomène climatique El Niño. De gros exportateurs du nord du pays ont eu d'importants déficits et une majorité de petits fruits. Les
deux premiers exportateurs du pays, Camposol et Cerro Prieto, ont été cette année dépassés de beaucoup par Agrokasa qui a exporté 1 213 conteneurs. Cette entreprise est en plein développement depuis plusieurs saisons avec des rendements par hectare supérieurs aux autres. »
De nouveaux marchés s'ouvrent
Au niveau arbitrage (cf. graphique), le Pérou est resté fidèle à l'Europe (72 % de l'export en 2016) et ses envois vers les Etats-Unis ont diminué (19 % en 2016 contre 29 % en 2015). Le marché américain était pourtant très haut cette année. « Je pense que cette baisse s'explique par les mauvais résultats du Pérou aux Etats-Unis en 2015. En 2016 ils ont donc moins chargé, analyse Gabriel Burunat. Il faut aussi prendre en compte les nouveaux marchés que le Pérou a ouverts. » Le Pérou ne s'est pas arrêté à l'ouverture du marché américain il y a trois ans, puisqu'il a obtenu l'accès au Chili il y a deux ans (export stable, avec 4 % des envois en 2015, 3 % en 2016). En revanche, l'Asie est passé de 30 conteneurs en 2015 (0,3 %) à 244 conteneurs en 2016 (3 %). C'est encore modeste mais la progression est fulgurante ! D'autant plus qu'en 2016, le Pérou a exporté vers le Japon et la Chine, marché tout juste ouvert. « Ces marchés payent déjà de très bon prix, souligne Gabriel Burunat. Alors si les Chinois commencent à apprécier l'avocat, la tendance va s'affirmer très vite. »
« Les exportateurs de hass péruviens sont dans une bonne position, avec une consommation locale faible et des marchés qui s'ouvrent les uns après les autres et qui sont très demandeurs et qui payent de bons prix. A la fin de cette saison, le retour de prix était record. Depuis deux ans, on découvre de nouvelles limites sans cesse dépassées en termes de volumes et de prix », conclut-il.
• Le congrès mondial de l'avocat se déroule tous les quatre ans dans un pays producteur. Le dernier congrès, en octobre 2015, a eu lieu au Pérou, preuve de l'importance croissante de ce pays producteur. Précurseur de l'avocat dans ce pays il y a dix-sept ans, Gabriel Burunat était invité pour présenter un état des lieux du marché européen.
• France Télévisions prépare un reportage de 52 min sur l'avocat, de la production à la consommation, qui devrait paraître en novembre sur TV5 Monde. Contacté, Gabriel Burunat a fait visiter le Pérou aux journalistes pendant trois jours de tournage en juillet, des vergers au port en passant par les stations d'emballage, le ministère de l'Agriculture, le Senasa (service sanitaire agricole au Pérou) et ProHass.