Marché de gros
Le pavillon bio de Rungis structure l'offre du marché
Prévu pour ouvrir fin décembre, le nouveau bâtiment doit devenir la vitrine de l'offre du marché sur ce segment de produits en développement.




Le marché international de Rungis pourrait connaître cette année un Noël bio. C'est en effet fin décembre que devrait ouvrir le nouveau pavillon entièrement dédié aux produits bio (cf. fld hebdo du 22 janvier 2014). Il vise à concrétiser l'ambition du marché de devenir une référence nationale en la matière. Son emplacement, dans le secteur des produits laitiers et traiteur, n'est pas anodin. Il s'agit d'une zone particulièrement active commercialement et certains opérateurs spécialisés du bio y sont déjà installés. S'étendant sur 5 648 m2 , dont 4 815 m2 dédiés à la vente, le pavillon, immatriculé D6, est divisé en seize cellules composées d'un magasin de vente au rez-de-chaussée sur 192 m2 et de bureaux à l'étage sur 63 m2 . Chaque cellule est équipée d'un quai autodock (perron couvert avec niveleur de quai et butoirs). La construction se veut très flexible (peu de poteaux, hauteur libre de 8 m) afin de permettre des activités diverses : vente sur place, stockage, préparation de commandes...
Ce nouvel aménagement souligne aussi une évolution de la politique commerciale du marché de Rungis depuis trois ans. Avec l'arrivée de Stéphane Layani à la présidence de la Semmaris, l'accent est mis sur des pavillons thématiques plutôt que sur des bâtiments par secteur (f&l, marée, etc.).
Le pavillon bio est un exemple de cette nouvelle politique. Il sera totalement intégré au marché physique déjà existant et de plus il s'insérera dans le projet plus vaste de constitution d'une “Avenue de la gastronomie”, qui sera lancée en 2016. Une première phase de celle-ci a été inaugurée début 2015 avec le bâtiment regroupant certains opérateurs du “Pavillon Saint Eustache” (traiteur) et f&l (Tropic Island) et prélude à l'édification à proximité de la future “Cité de la gastronomie” du Val-de-Marne. Symbolique de ce lien : la clientèle disposera d'un double accès au nouveau pavillon, soit depuis l'extérieur du pavillon, soit depuis l'allée centrale implantée dans le prolongement de celle du bâtiment voisin, ce qui participe à la cohérence de la future “Avenue de la gastronomie”.
Toucher la restauration
Pour la Semmaris, il s'agit aussi d'apporter une plus grande lisibilité à la présence des produits bio sur le marché, offre qui existe depuis au moins trente ans, et de renforcer leur commercialisation, spécialement auprès de la restauration. D'une manière plus générale, le développement de l'offre de produits et services écoresponsables constitue l'un des axes prioritaires du projet d'entreprise du Marché “Rungis Green Business” adopté en 2013. Rungis entend être un acteur exemplaire de la consommation respon-sable et s'est fixé pour objectif de proposer, à l'horizon 2016, 5 % du chiffre d'affaires du marché en produits écoresponsables, qu'ils soient bio ou équitables.
Des profils d'occupants différents
Le principal opérateur du pavillon D6 sera ProNatura. Le spécialiste des f&l bio devrait occuper huit cellules sur seize, soit la moitié de la surface de vente. Le marché de Rungis ne lui est pas inconnu. En effet, ProNatura s'y est installé en janvier 2014 sur un espace de 700 m2 dans lequel il propose une gamme de plus de 150 produits de saison issus de ses bassins de production et de ses filières, complétée par des produits transformés comme les jus de fruits, les légumes cuisinés... Cet emplacement est venu en complément du site dont disposait déjà ProNatura sur la plate-forme toute proche d'Orly. L'ensemble totalise environ 8 500 t de produits expédiés chaque année à partir des deux magasins. Appelé à être une véritable vitrine pour le groupe, son installation sur le nouveau pavillon bio permettra de réunir les deux sites. « Stratégiquement, ProNatura est installé au cœur des grands bassins de production bio en France, explique Lionel Wolberg, président de l'entreprise. Nous sommes présents dans le Sud-Est, en Languedoc-Roussillon et aussi en Bretagne. C'est pour cela que nous nous sommes récemment installés sur le Min de Nantes et qu'en septembre nous allons ouvrir sur Strasbourg. Avec l'Ile-de-France, c'est un peu différent, dans la mesure où la région est encore relativement peu productrice. Nous travaillons à développer cela avec Bio Ile-de-France. Avec Rungis, nous sommes plutôt au cœur d'un bassin de consommation, avec une présence affirmée de la RHD. Une gamme spécifique et valorisée lui sera proposée. Dans le pavillon bio, nous mettrons aussi en avant les régions avec nos partenaires producteurs comme MédiTerraBio et Bio Breizh. Nous concevons le magasin comme un pôle de valorisation des produits français en suivant la saisonnalité. »
Profil différent pour un autre futur locataire. Dynamis (14 M€ de chiffres d'affaires, 7 000 t/an de produits vendus) est un pionnier du bio sur le marché de Rungis : la société y est installée depuis 1991. Elle a été la première à importer des oranges bio d'Australie et du Maroc. C'est en 1997 que Dynamis a créé “Le campanier”, une offre de f&l bio vendus en point relais. Là encore, l'entreprise a fait preuve d'innovations, bien avant que la tendance ne s'installe durablement dans les habitudes des consommateurs français. Markus Zeiher, président-directeur général de l'entreprise, précise : « Nous serons présents avec deux cellules sur le pavillon bio. C'est une question de cohérence d'image pour Dynamis. Notre plateforme est située dans le bâtiment C5B, juste à côté du pavillon : l'approvisionnement n'en sera que facilité. Ce sera l'occasion de disposer d'une vitrine pour notre activité principale, la vente en gros représentant 75 % de notre chiffre d'affaires. Nous allons élargir notre offre à cette occasion afin d'être en phase avec l'évolution du commerce sur le Min. Aujourd'hui, même si l'activité avec le détail spécialisé a été relativement préservée de la crise, on assiste à la montée en puissance de la clientèle de restaurateurs. » L'activité de Dynamis se répartit entre la vente aux détaillants franciliens (70 %) et l'export (30 %, surtout sur l'Europe du Nord). En termes de sourcing, l'importation a quelque peu reculé au profit de l'offre française (60 % des apports). Néanmoins, pour certains produits, elle demeure indispensable : par exemple, pour la banane produite en biodynamie de Saint-Domingue.