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Spécial accord UE-Maroc - Libre-échange
Le Parlement européen ratifie l’accord agricole entre l’UE et le Maroc

Les députés européens ont décidé de ratifier le très controversé accord UE-Maroc. Malgré une forte opposition, le texte a été adopté. Il doit maintenant être approuvé par le Conseil européen.

Siégeant en session plénière à Strasbourg, le Parlement européen (PE) a donné, le 16 février, son consentement à la libéralisation des échanges entre l’Union européenne et le Maroc pour les produits agricoles et de la pêche. L’accord lèvera, sans délai, 55 % des droits de douane sur les produits agricoles et de la pêche en provenance du Maroc (contre 33 % actuellement). Et il lèvera, sur une période de dix ans, 70 % des droits de douane des produits en provenance de l’Union européenne. L’accord inclut des sauvegardes, notamment en autorisant des augmentations modérées de quotas sur six produits : tomates, fraises, concombres, courgettes, clémentines et ail. « L’accord fixe également des quotas saisonniers en vue de lutter contre des distorsions sur le marché de l’UE et affirme que les importations marocaines devraient répondre aux normes sanitaires européennes » indique un communiqué du Parlement Europeen.
Les députés ont toutefois adopté une résolution « soulevant un certain nombre d’inquiétudes ». Le PE appelle la Commission européenne à « surveiller la stricte application des quotas et à renforcer les contrôles en vue d’éviter toute fraude présumée dans le système de prix d’entrée ». La résolution demande également une évaluation de l’impact de cet accord sur les revenus des producteurs européens. Les députés, opposants à ce texte, ont fait part de leurs inquiétudes concernant notamment les conditions de travail au Maroc et l’impact de l’agriculture marocaine sur l’environnement. Ils ont également estimé que l’inclusion de la région contestée du Sahara occidental dans l’accord était « incompatible avec le droit international ».

Les réactions...

En Espagne

• Fepex : « Le Parlement européen n’a pas tenu compte des graves conséquences qu’engendrait déjà l’accord UE-Maroc dans les zones de productions espagnoles. Dans le seul secteur de la tomate, l’an dernier, l’accord en vigueur a provoqué la destruction de 12 500 emplois en Andalousie, Canaries ou Murcie avec des taux de chômage allant jusqu’à 30 % et cette situation va s’étendre à d’autres productions. (.) Des changements substantiels se produiront dans les calendriers et dans les choix des variétés. Pour cela, il est prioritaire de faciliter les changements vers un modèle productif qui permette d’affronter cette situation. Pour les cultures protégées cela sous-entend la prise en compte de l’efficacité énergétique (cogénération et autres sources d’énergie) qui sera déterminante pour le futur. »
• L’Asaja va demander des compensations à l’Union européenne pour « pallier les pertes dont souffriront les producteurs espagnols ainsi que le maximum de rigueur et de vigilance pour les importations marocaines entrant sur le marché communautaire. L’Union européenne doit disposer d’une vraie frontière et les ports européens doivent cesser d’être une passoire. »
• La COAG considère que l’accord « hypothèque l’avenir de 250 000 exploitations et menace 450 000 postes de travail et plus de 8,5 milliards d’exportations. Nous n’allons pas rester les bras croisés en regardant l’UE abandonner les producteurs de fruits et légumes à leur sort. » Elle va déposer un recours devant la Cour de justice de l’UE.
• La FAECA (coopératives andalouses) exige « le renforcement des mécanismes de contrôle et des aides pour améliorer la compétitivité des entreprises coopératives espagnoles. »

Au Maroc

• Le ministre de l’Agriculture Aziz Akhannouch s’est dit « satisfait du vote », jugeant l’accord « équilibré », il fera progresser les intérêts des Marocains mais aussi des Européens.
• Younes Zrikem, vice-président de l’Apefel (association marocaine des producteurs et exportateurs de f&l), a déclaré à l’agence espagnole EFE sa « satisfaction et son soulagement ».
• Le président de la confédération marocaine de l’Agriculture (Comader) a affirmé que l’accord « ouvre une nouvelle page » dans les relations entre le Maroc et l’Union européenne.

En France

• Pour Légumes de France, « en ouvrant ainsi sans limite ni garde-fou crédible le marché européen, l’UE sacrifie au dogme du libre-échange et soumet notre secteur de production à une concurrence inéquitable et déloyale, du fait de conditions de production, sociales, sanitaires, environnementales par trop différentes entre les deux rives de la Méditerranée. » Le syndicat demande au gouvernement français de « donner les moyens aux entreprises d’innover et d’investir (.), de se donner les moyens de contrôler effectivement le respect par les produits importés des conditions de production et des normes sanitaires, phytos et environnementales européennes (.), d’assurer un suivi permanent des échanges. »
• Pour la Coordination rurale « ce dumping social et environnemental va léser les maraîchers et arboriculteurs français et espagnols (.) Encore une fois, l’agriculture est condamnée sur l’autel du libre-échangisme. »

A Bruxelles

• José Manuel Silva Rodriguez, directeur général de l’Agriculture : « Cet accord non seulement est équilibré mais les concessions qu’accepte le Maroc en faveur de l’UE sont plus importantes que celles que fait l’UE au Maroc. »
• Pour Stefan Füle, commissaire chargé de l’élargissement et de la politique européenne de voisinage, cet accord donnera « plus de crédibilité à l’UE au Nord de l’Afrique et favorisera le commerce en créant des opportunités d’emploi. »
• Le Copa-Cogeca a exprimé « sa grande déception » et redoute « un effet dramatique sur le secteur européen des f&l, tout particulièrement les tomates. » Il ajoute que la balance commerciale, déjà positive en faveur du Maroc, va se trouver « très fortement stimulée, tandis que l’emploi dans les zones rurales de l’Union sera gravement affecté. »

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