Bananes
Le Parlement européen adopte sans enthousiasme l’accord de Genève
En marge du vote du texte censé mettre fin à la guerre de la banane, les eurodéputés ont adopté une résolution plus que sévère à l’encontre de la production de bananes dollar.
Curieuse, la décision des Parlementaires européens. Ils ont adopté la semaine dernière l’accord de Genève sur les importations de bananes. Mais, si les eurodéputés « se félicitent » de cet accord, ils adoptent dans le même temps une résolution plus que sévère sur les conséquences de ce compromis. L’accord ne « permet pas tout à fait de concilier les intérêts légitimes de toutes les parties ». Le PE demande donc à la Commission de présenter « dans les meilleurs délais » une évaluation des effets de ce texte jusqu’en 2020 pour les producteurs européens et ACP. La baisse du tarif douanier à 114 €/tonne en 2017 « met en danger les petits et moyens producteurs des ACP et de l’Union », ajoute la résolution. Même sévérité des Eurodéputés pour les mesures d’accompagnement prévues par la Commission. Le programme dit des Mesures d’accompagnement dans le secteur de la banane (MAB) destinées aux pays ACP « pourrait être insuffisant en termes de ressources, et trop court sur le plan des délais de mise en œuvre » pour aider efficacement les producteurs concernés. Quant aux planteurs des régions ultrapériphériques de l’Union européenne (Antilles françaises, Canaries, Madère), le programme d’aide POSEI destiné à compenser la baisse du “Tariff only” avait été adopté en 2006 sur la base d’un tarif à 176 €/tonne. Le Parlement demande à la Commission de modifier cette aide afin que les producteurs de l’Union « soient en mesure de rester sur le marché et de poursuivre leurs activités traditionnelles ». Enfin, les parlementaires donnent un satisfecit à la production européenne qui « respecte des normes sociales et environnementales plus élevées » et où « l’utilisation de substances actives telles que les pesticides est de 20 à 40 fois inférieure à celle dans les pays d’Amérique Centrale et du Sud ». Ils notent également que dans les pays de production de bananes dollar, « la plupart des substances actives interdites par la réglementation européenne (…) sont largement utilisées ». En conclusion, les députés européens déclarent que l’accès au marché européen « ne devrait être accordé qu’aux producteurs qui respectent le programme de l’OIT sur le travail décent ainsi que les droits de l’homme et les règles environnementales ». Oui, décidément, on se demande bien pourquoi le PE a adopté l’accord de Genève !