Perspectives
Le monde selon Adler
L’avenir de la filière fruits et légumes dépent, entre autres, du renchérissement mondial des produits agricoles. Explications d’Alexandre Adler.
Le propos est iconoclaste quand Alexandre Adler, historien et journaliste, aborde les perspectives de la filière fruits et légumes : « Le renchérissement des produits agricoles crée des émeutes. Mais c’est un phénomène positif. Il signifie que l’augmentation du prix des denrées agricoles est le résultat de l’augmentation de la demande massive des populations solvables. Il y a, certes, une part de spéculation, mais elle ne durera pas. Il ne faut pas pour autant s’attendre à ce que les curseurs reviennent à leur niveau initial. »
L’agriculture mondiale sous sa forme actuelle ne couvrira pas la demande des pays solvables : « L’augmentation de la demande est une tendance durable fondée sur l’enrichissement durable des populations. Mais elle exige une remise en marche des structures agricoles. A elles seules, l’Amérique du Nord, la Russie, l’Argentine et l’Europe – à condition de supprimer la jachère et la Pac – ont la possibilité de nourrir la planète. » Une croissance mondiale de la demande, l’élévation qualitative de la demande des pays en voie de développement, la capacité de l’Europe à conjuguer agriculture intensive et extensive, « sont des atouts formidables ». Néanmoins, ajoute Alexandre Adler, « il ne faut plus vivre dans la guerre producteurs/distributeurs, mais créer des alliances entre groupes de producteurs et groupes de distributeurs pour ouvrir de nouveaux marchés. C’est une perspective évidente. » A condition aussi que l’Europe « se spécialise dans certaines productions à haute valeur ajoutée. » Ou encore « que l’on en finisse avec des coûts de transports aberrants. »
Quant à la Chine, « il ne faut pas croire que le pays fera la course en tête sans passer par des points bas. Il aura une pause évidente sous forme d’une crise économique. La Chine paiera cher sa politique de l’enfant unique. Elle repartira mais ne sera pas atteinte dans ce qui est acquis. » Les perspectives de l’agriculture passent également par “l’utilisation d’énergies nouvelles”, “de nouveaux modes de transports”, “la diversité de la production”, “la bataille des biocarburants”, “l’augmentation de la productivité dans l’hémisphère Nord de la planète” moyennant quoi, l’agriculture pourra se régénérer. A condition également de revoir l’OMC : « Le cycle de Doha est inquiétant et Pascal Lamy a tort de ne vouloir régler que les problèmes agricoles. »