Transport maritime
Le Maroc, le futur poids lourd logistique de la région
Le royaume chérifien est engagé dans un plan d'envergure pour améliorer son infrastructure logistique et peser ainsi sur ses voisins immédiats en Afrique.
Rabat, le 27 novembre dernier : à l'occasion du premier Congrès africain des transports et de la logistique, l'Agence marocaine de développement de la logistique (AMDL) a signé un mémorandum d'entente avec l'Office ivoirien des chargeurs (OIC), organisme public représentant et défendant les intérêts des importateurs et exportateurs ivoiriens usagers des services de transports. Les deux parties s'engagent à coopérer dans le développement de zones et de plates-formes logistiques et la modernisation des chaînes logistiques ivoiriennes.
Toujours en 2015, la communauté maritime apprenait la création sur le port de Tanger Med, de MNM African Shipping Line, un nouvel armateur issu d'une collaboration entre des investisseurs marocains et le groupe nigérian Sifax Group. Depuis son lancement, il entretient une ligne passant par Casablanca, Dakar, Nouakchott et faisant escale à Marseille depuis le 19 octobre dernier.
Ces deux informations montrent combien le royaume chérifien porte désormais son regard vers le Sud du continent africain. Il cherche aussi à exporter son modèle de développement. C'est déjà le cas dans le domaine agricole : le Gabon a lancé son Plan Gabon Vert, inspiré du Plan Maroc Vert. C'est aussi vrai pour le transport et la logistique. Depuis une décennie le réseau portuaire marocain s'est renforcé et compte aujourd'hui vingt-trois ports, dont treize ouverts au commerce extérieur : Nador, Al Hoceïma, Tanger, Tanger-Med, Kénitra, Mohammédia, Casablanca, Jorf Lasfar, Safi, Agadir, Tan-Tan, Laâyoune et Dakhla, ce qui permet au pays de se positionner favorablement sur les grands flux maritimes, aussi bien en provenance de l'Atlantique que dans le bassin méditerranéen.
Augmenter les capacités en conteneurs
En termes de fruits et légumes, Casablanca, Tanger et Agadir sont les principaux ports de départ des fruits et légumes marocains vers l'Union européenne. Dans son plan de développement logistique à l'œuvre dans le pays (cf. carte ci-contre), le Maroc prévoit d'augmenter les capacités en conteneurs de l'ensemble des places portuaires. Certaines d'entre elles seront à suivre dans les prochaines années. C'est le cas de Nador qui, avec la construction envisagée d'un nouveau port rapide roulier, pourrait venir concurrencer Casablanca. Plus au sud, Dakhla Atlantique, même si sa vocation première est tournée vers la pêche, disposera d'un port de commerce en eau profonde.
Avec sa large façade maritime, et une stratégie logistique en plein développement, le royaume chérifien entend à terme de positionner comme un hub de première importance entre le marché européen et l'Afrique subsaharienne. La France ne s'y trompe d'ailleurs pas. Le 10 mars, le patron du Medef, Pierre Gattaz, en visite dans le royaume chérifien, a déclaré devant un parterre d'entreprises marocaines : « Nos liens économiques doivent nous pousser à travailler ensemble en Afrique ». Les partenariats entre la France et le Maroc dans le domaine des fruits et légumes sont bien connus de la filière. Et cela devrait être pareil pour la logistique de ces produits.