Le marché russe virtuellement fermé aux produits français
Depuis lundi, la Russie réclame aux exportateurs français de produits horticoles un certificat phytosanitaire unique alors qu’elle a signé le 16 mars une période de transition jusqu’au 1er juillet pour toutes les importations européennes.
Depuis le 18 avril, tous les produits végétaux en provenance de France, non accompagnés du Certificat phytosanitaire unique européen, sont refusés par les autorités douanières russes. Cette annonce fait suite au constat par les Russes d’un pic très important d’importations françaises de fleurs coupées au cours des derniers mois de l’année 2004 et janvier 2005.
Les autorités russes auraient ainsi découvert des importations illégales de fleurs venant d’un autre pays membre de l’Union européenne ayant transité par la France. Cette possible fraude sur les certificats (peut-être initiée par un autre pays membre) entraîne ainsi la France dans une logique de raccourcissement des délais de mise en œuvre du certificat unique européen.
Pourtant, cette mesure de sauvegarde est en complète contradiction avec les accords signés dans le mémorandum daté du 16 mars entre la Russie et la Commission européenne. Un mémorandum qui prévoit une période de transition jusqu’au 1er juillet 2005 durant laquelle les “anciens” certificats resteront valides. La soudaine décision des autorités russes met ainsi les exportateurs français au pied du mur, plusieurs semaines avant les autres Pays membres.
Une situation d’autant plus paradoxale, que la France n’est pas connue comme un pays de forte exportation de fleurs coupées et qui condamne dans le même temps d’autres possibles exportations (fruits, légumes, pommes de terre, plants, semences françaises).
Le soutien de Freshfel
Pour la soutenir, l’association européenne des fruits et légumes, Freshfel, a envoyé le 14 avril un courrier au Commissaire européen Markos Kyprianou, en charge de la santé et de la protection des consommateurs, afin qu’il fasse “pression auprès des autorités russes pour qu’elles appliquent comme convenu les décisions du Mémorandum”. De plus, Freshfel réclame de la Commission qu’elle “facilite la mise en place immédiate d’un certificat phytosanitaire unique harmonisé à tous les Etats membres”.
Pendant ce temps, la Russie a annoncé la levée de l’embargo sur les produits végétaux en provenance d’Allemagne et avait déjà levé ses restrictions quant à l’entrée des productions végétales et horticoles hollandaises. Ainsi le 15 février, les frontières russes étaient de nouveau ouvertes aux fleurs et plantes coupées et le 1er mars aux fruits et légumes en provenance des Pays-Bas.
Ces restrictions mises en place depuis le mois de décembre 2004 étaient survenues à la suite d’une décision de la Russie qui estimait que les productions hollandaises n’étaient pas conformes aux normes phytosanitaires en raison de la présence de Thrips dans certains envois de produits horticoles.
Lundi matin, une réunion était organisée au siège de la Commission européenne à Moscou. L’ambassadeur de France en Russie participait à cette rencontre.