Paca
Le marché des fruits bio bientôt en surproduction ?
De nombreuses pistes sur le marché des fruits bio ont été évoquées au cours de la journée technico-économique organisée par Bio de Provence.
La journée technico-économique organisée par Bio de Provence, le 29 novembre, a mis en exergue les difficultés des fruits bio à trouver leur place sur le marché, faisant surgir le spectre d’une surproduction à court terme. L’arboriculture bio en France compte 15 867 ha (fruits frais et secs, hors olives) répartis en Aquitaine (3 175 ha), Rhône-Alpes (3 116 ha), Languedoc-Roussillon (1 748 ha) et Paca (1 611 ha). Et bien que dernière du classement, la région se place en tête du peloton pour la production de fruits à pépins, avec près de 40 % des surfaces. Christophe Bauvineau, directeur de Bio de Provence, pose le dossier sur la table : « Les surfaces en pommes bio vont doubler d’ici à deux ans. Quels vont être les débouchés ? » Les acheteurs déjà tirent la sonnette d’alarme : « Nous sommes passés d’une offre déficitaire à une offre pléthorique, a souligné Lionel Félix, acheteur fruits chez Relais Vert. Il y a trois ans, à partir de février, nous cherchions des pommes partout. Depuis deux ans, nous sommes démarchés par les producteurs et nos besoins sont inférieurs aux propositions qui nous sont faites. » Même réflexion pour Sébastien Darrort, acheteur pour ProNatura : « On va incontestablement vers de gros problèmes sur les volumes et des baisses de prix conséquentes, jusqu’à ce que le marché rattrape les volumes. Pour notre part, nous ne prenons plus de nouveaux fournisseurs. » Même les circuits courts connaissent ces aléas : « C’est à se demander si le marché des paniers n’est pas saturé, notamment dans le département des Bouches-du-Rhône où j’exerce », devait témoigner Sandrine Catoire, fondatrice de Ma terre. En ce qui concerne les solutions, plusieurs pistes ont été évoquées. Le premier enjeu est l’organisation et la structuration de la filière pour faire face à la demande. La deuxième piste est la modification des habitudes. Des voix se sont élevées, par exemple, pour une plus grande utilisation des techniques de conservation afin d’allonger la durée de commercialisation de certaines espèces. Pour d’autres, une voie est celle de la distribution, un marché peu attaqué par le bio. Pour autant, que le vrac puisse être commercialisé. Par ailleurs, si les collectivités acceptaient les fruits en conversion, le marché se trouverait allégé. De nombreuses pistes ont été évoquées au cours de la journée. Il n’en reste pas moins que les fruits sont bien présents en été, mais que le consommateur de fruits bio, lui, a d’autres aspirations sur les mois de juillet-août. Quant à la transformation, elle n’est encore que l’exutoire du marché du frais.