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Agriculture biologique
Le maïs doux, victime du changement climatique ?

Maîtriser la culture de maïs doux pour le frais en agriculture biologique est parfois difficile pour les maraîchers. Une solution, l’emballage sous vide.

« Du maïs doux pour consommer en frais, nous en semons de moins en moins », affirme Pierre-André Crossouard, pratiquant l’agriculture biologique au Louroux Béconnais près d’Angers. Selon ce maraîcher, qui envoyait à la fin des années 80 une palette de maïs doux frais à Rungis contre quelques colis aujourd’hui, les prix cassés il y a une quinzaine d’années ont eu raison de ce légume gourmand de soleil. Avec le développement des insectes comme la pyrale et des saisons estivales maussades, la production est mise à mal. Seulement trois ou quatre épis sur dix sont commercialisables, faute d’être correctement remplis.

Chaque année, l’implantation est donc remise en question : « Pour cette campagne, nous en avons semé un peu tout le mois de mai pour étaler les récoltes. Mais si le résultat n’est pas à la hauteur de nos espérances, nous y renoncerons définitivement », affirme Pierre-André Crossouard qui cultive avec son fils Jérôme une large palette de légumes notamment pour la chaîne Biocoop.

Pour André Jean qui s’est spécialisé depuis 1979 dans la production de maïs doux dans la Drôme, la canicule de 2003 a provoqué de très fortes infestations d’héliothis, un insecte jusqu’alors peu visible même dans le Sud de la France : « De nombreux producteurs en agriculture biologique ont arrêté la culture pour cette raison. Contrairement à la pyrale, autre ravageur important du maïs doux, aucun moyen de lutte biologique n’existe sur le marché pour lutter contre l’héliothis qui touche principalement le maïs doux et peu le maïs grain traditionnel. » Aussi le nombre de producteurs à maintenir le maïs doux biologique en France s’est-il réduit comme une peau de chagrin. En Alsace, à 20 km au Nord de Strasbourg, à Weyersheim, la Coopérative La Cigogne continue à proposer ce produit à Rungis, dans le réseau Biocoop et en Allemagne. Il est conditionné en petits plateaux de 12 épis. Les tonnages sont assez faibles, 15 t, de la fin août aux premières gelées c’est-à-dire vers le 10 novembre. « Il y a vingt ans,explique Charles Francezon de la coopérative alsacienne, le maïs doux était plus largement cultivé dans le secteur pour alimenter une usine de transformation. Quand celle-ci a été démontée et réinstallée en Europe de l’Est, les conventionnels ont arrêté la culture. Seuls les bio ont continué. » Jusqu’à présent, les producteurs maîtrisent assez correctement leur production, en utilisant la lutte biologique contre la pyrale. Selon l’institut technique Arvalis-Institut du Végétal, l’héliothis qui a certes progressé en 2007 à l’Est et à l’Ouest dans l’Hexagone, apparaît de façon anecdotique dans la région alsacienne.

André Jean – qui a fondé la société Provence Epi d’Or et qui propose du maïs bio depuis cinq ou six ans – a trouvé la parade pour se soustraire à ces parasites dans sa région. Il commercialise le maïs conventionnel et le maïs bio sous vide avec une durée de conservation de six mois. Les extrémités des épis, là où les insectes font le plus de dégâts, sont éboutées ce qui limite les pertes de rendements. Pour achalander le marché toute l’année, des contrats sont effectués avec des producteurs de Provence mais aussi du Maroc. Une production est en cours d’installation au Sénégal. La marque André Jean est disponible en France, dans les magasins spécialisés en bio et le grossiste Dynamis à Rungis, en Grande-Bretagne, en Suisse et en Allemagne. L’augmentation des prix perturbe l’assolement comme pour beaucoup de cultures marginales. En bio, le maïs doux frais se trouve concurrencé aujourd’hui par le maïs fourrage. « Nous ne pouvons pas répercuter totalement les hausses accordées à nos partenaires producteurs sur le prix final », regrette André Jean. Selon lui, la demande stagne pour le maïs qui n’est pas conditionné : « C’est un produit ultra-frais, très sensible à la dessiccation. Très souvent, ces produits sont exposés à la température ambiante, alors qu’ils devraient être présentés à des températures comprises entre + 2 à + 4 °C. »

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