Le local adopte bien des visages

La consommation de produits locaux et la proximité avec les producteurs connaissent depuis quelques années un succès grandissant. Quelques chiffres : un producteur sur cinq vend en circuit court, soit 107 000 exploitants. 46 % des producteurs de légumes commercialisent leurs produits de la sorte. Pour quatre exploitants sur dix (hors viticulture) ayant choisi ce type de distribution, cette commercialisation représente plus des trois quarts du chiffre d’affaires total de l’exploitation (1). Qualité, naturalité, traçabilité, volonté de participer à l’économie locale et de préserver les emplois, attachement grandissant à la saisonnalité constituent les principaux motifs d’achat en circuit court.
Pour autant, ceux-ci recouvrent plusieurs modes de commercialisation et d’organisation. A part les promesses “saison” et “proximité”, comment se différencient ces formules ?
• La vente directe. Le consommateur est en contact direct avec le producteur. Il peut se rendre sur l’exploitation, bénéficier de la possibilité de cueillette ou être en rapport avec le producteur via les marchés paysans.
• Le contrat de production à l’instar du système des AMAP (Association pour le maintien de l’agriculture paysanne). Le consommateur s’engage à acheter la production (qui peut être de lait, de fruits, de légumes ou de viandes). Le contrat est passé avec un agriculteur : les paniers sont payés à l’avance, ce qui assure un revenu pour le producteur. Cela lui permet de produire tout en étant assuré que l’ensemble de sa production sera commercialisé. Les Jardins de Cocagne fonctionnent sur ce modèle (pour l’essentiel ce sont des exploitations maraîchères bio employant des personnes en situation précaire).
• L’intermédiaire unique (une organisation ou un individu). Ce système de commercialisation permet de ne pas s’engager à l’avance sur une commande d’une certaine quantité de produits ou d’un panier imposé. Dans ce cas, les consommateurs se regroupent, mutualisent leurs achats (viandes, fromages, laitages, fruits, légumes, vins, miel, fleurs) et bénéficient ainsi de meilleurs prix. A l’image de La Ruche qui dit Oui ! – pour ne citer qu’elle – a généré en un an (date de sa création par Guilhem Chéron) 150 000 visites par mois sur le site, un réseau de 20 000 membres et 170 Ruches ouvertes au commerce. L’engouement de ces nouvelles pratiques est indéniable.
Il est difficile aujourd’hui de mesurer précisément la part économique de ces pratiques commerciales. En revanche cela représente, à n’en pas douter, un report des ventes non négligeable pour les circuits de distribution traditionnels. Ceux-ci n’ont d’ailleurs pas tardé à réagir : ils proposent d’ores et déjà des offres de fruits et légumes, de viande et de lait issus de la région ou d’un périmètre restreint autour du magasin.
(1) Sources Agreste-janvier 2012 – in http://www.laruchequiditoui.fr