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Le greffage, un palliatif aux maladies

Bien que marginal, le melon greffé a tendance à se développer afin de réduire les effets de maladies telle que la fusariose. Mais attention, la qualité de ces melons greffés peut ne pas être au rendez-vous.

Le greffage, largement pratiqué en arboriculture depuis plusieurs siècles, a été adapté plus récemment en maraîchage dans les années 50. La technique maîtrisée sur melon depuis plus de trente ans maintenant retrouve un gain d’intérêt chez les producteurs en dehors de son créneau habituel des semis très précoces sous tunnel. En ajustant, sur un plant, appelé porte-greffe, un bourgeon de la variété que l’on veut cultiver, le melonnier tend essentiellement à protéger sa culture des maladies du sol pour lesquelles aucun traitement chimique n’existe. Il peut chercher aussi plus de vigueur quand les conditions de production sont limites comme en début ou en fin de saison. Même si la pratique reste marginale aujourd’hui, le greffage se développe pour lutter contre des infestations de plus en plus importantes de fusariose en plein champ. Le Sud-Ouest et le Sud-Est sont les bassins les plus touchés même si, en Centre-Ouest, les infestations de fusariose toucheraient plus de parcelles qu’auparavant.
Or, cette méthode ne serait peut-être pas sans influence sur la qualité du fruit et donc sa commercialisation. En tout cas, de nombreuses interrogations persistent. Les expérimentations effectuées sur la qualité aboutissent parfois à des résultats contradictoires d’une année sur l’autre ou d’une région à l’autre. Tout dépend du type de sol et des conditions agronomiques.
Les derniers essais de 2009 de la station expérimentale du Cefel à Montauban (Tarn-et-Garonne) donnent des taux de sucres obtenus sur des melons greffés similaires aux taux mesurés avec des melons francs (c’est-à-dire des variétés non greffées identiques à celles du greffon). Quant à la station du CEHM à Marsillargues (Hérault), les mêmes tests de 2009 indiquent des taux de sucres significativement différents selon les variétés. Dans un cas, le melon greffé apporte plus de sucre, dans l’autre cas, c’est le contraire.
Malheureusement, il semble qu’aucun test organoleptique exploitable statistiquement n’a été mis en place à ce jour pour approfondir le sujet. Une chose est sûre cependant, les melons greffés sur courge présentent trop de défauts alant de la grillure physiologique en plein champ à de forts calibres. Le Cefel à Montauban a d’ailleurs abandonné les essais sur ce type de greffage.

Des résultats qualitatifs variables
Néanmoins les melons greffés sur courge existent toujours mais dans un créneau très restreint. Le pépiniériste Fraunié, qui produit des plants greffés à la fois pour le Sud-Est et le Sud-Ouest (dans le Tarn-et-Garonne) assure que le nombre de melons greffés sur courge régresse sérieusement. En condition très précoce, sous grand tunnel, le choix d’un melon greffé sur courge peut s’imposer au producteur. C’est le seul cas où il utilisera ce type de greffe. Car la courge permet au melon d’être cultivé en dehors de ses conditions de croissance, celle-ci supportant des températures beaucoup plus froides (on parle d’un zéro végétatif de 8 °C pour la courge et de 12 °C pour le melon). De plus, la courge évite au melon les problèmes sanitaires provoqués par divers champignons comme la fusariose mais aussi la verticilliose et le phomopsis. En revanche, les plants greffés sur courge ne sont pas à l’abri d’attaques de nématodes.
Le melon greffé sur melon – une pratique qui date d’une dizaine d’années – revient sur le devant de la scène avec le risque fusariose se développant.
Face à une maladie dont les dégâts sont irrémédiables, les obtenteurs de semences se sont investis depuis des décennies dans la recherche de variétés résistantes à ce champignon. Jusqu’à présent, leurs efforts n’ont pas totalement abouti. Les variétés inscrites au catalogue présentent le plus souvent une bonne résistance mais la qualité gustative n’est pas au rendez-vous. Elles ne sont donc pas commercialisées pour la consommation mais comme porte-greffe. « Tous les ans, depuis une quinzaine d’années, entre une et trois variétés sont inscrites au catalogue avec un bon niveau de résistance, note Michel Pitrat de l’Inra de Montfavet (Vaucluse). Mais nous ne constatons pas une accélération des demandes d’inscription pour ce type de matériel. »
Pour qu’une variété soit qualifiée de résistante, elle ne doit pas être vulnérable à quatre souches du champignon dont la race 1-2, race pour laquelle de nombreuses variétés sont sensibles. En réalité, il existe tous les niveaux de sensibilité et les sélectionneurs sont obligés d’étudier dans un premier temps le comportement d’une variété face à une souche et le témoin variétal de référence. « En quelque sorte, nous pratiquons seulement un premier arbitrage qui doit être complété au laboratoire et au champ avec d’autres souches et selon différentes conditions », explique Stéphane Le Caro, chef produit melon chez le semencier Syngenta.

Un coût de production souvent prohibitif
Grâce aux derniers essais effectués par les stations expérimentales, le melon greffé devrait se développer, certains freins étant partiellement levés. Outre les incertitudes sur la qualité, le prix de la semence rebutait de nombreux producteurs jusqu’à présent car le greffage entraîne un surcoût de production de 15 à 20 %, selon les créneaux et les densités utilisées. A partir de quel niveau d’infestation est-il donc rentable d’utiliser des melons greffés ? La réponse est loin d’être évidente, la fusariose ne se manifestant pas forcément tous les ans et dépendant des conditions climatiques et, dans une moindre mesure, de la conduite de la culture. « La notion de seuil n’est pas la bonne question, répond Daniel Lavigne du Cefel. L’étude des atouts et des contraintes du greffage fera que cette technique se développera. Les essais réalisés en 2009 montrent qu’en jouant sur la densité de plantation, le melon greffé est agronomiquement faisable. » Ainsi, 5 000 pieds à l’hectare de melons greffés seraient donc suffisants pour obtenir un résultat comparable au melon franc à 8 000 pieds à l’hectare.
Au final, la décision, pour un producteur, d’opter pour des melons greffés est délicate, même si les opérateurs tentent de prodiguer des conseils et de délivrer un message clair. Ainsi Syngenta propose, depuis cette année, plusieurs variétés résistantes aux quatre races de fusariose dont trois d’entre elles – deux porte-greffes et une variété type écrit – seront identifiées par le producteur grâce au label Qualifuz que Syngenta vient de mettre en place. Selon leurs argumentaires de vente, ces variétés « combinent à la fois un haut niveau qualitatif et un très bon niveau de résistance intermédiaire à la fusariose race 1-2. »
De son côté, Clause-Tézier – qui est l’un des leaders en variétés de melons – estime que la génétique permettra, dans quelques années, d’obtenir des variétés à la fois hautement résistantes et de très bonne qualité. « Les melons greffés ne devraient être qu’un palliatif en attendant des variétés plus adaptées », espère Denis Balin, chef produit melon chez Clause-Tézier.

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