Le grand gaspillage
Visite la semaine dernière chez M. Denis, producteur de melons dans le Vaucluse. L'homme est navré : 80 % de sa production est à jeter. La raison : une chenille, une toute petite bête qui, avec ses condisciples, a succombé à la fâcheuse tentation de goûter, à son échelle, à quasiment chacune des écorces des beaux fruits couvrant le sol. Résultat : des traces à peine visibles sur l'écorce des melons, mais une récolte « fichue » parce que ces produits ne sont pas « commercialisables ». Ces mini altérations, qui ne touchent qu'une toute petite partie de l'écorce, parfois à peine visibles à l'œil nu, n'altèrent ni le goût, ni bien sûr les qualités sanitaires des fruits. Ils sont pourtant refusés par la grande distribution… Cette même grande distribution qui, au printemps dernier, alors montrée du doigt dans la lutte anti gaspillage, se targuait de ne générer que 5 à 10 % maximum de pertes, spécifiant au passage que le plus gros gaspillage était réalisé chez les producteurs ou par les consommateurs ! Effectivement, c'est une façon de voir : la GMS refuse une marchandise bonne à consommer au motif que le consommateur se ruera moins dessus… mais c'est le producteur qui gaspille ! Ben voyons ! A lire aussi sur le sujet l'article sur les "Gueules cassées" en page 2