Allemagne
Le gouvernement fédéral autorise un essai de culture de pomme de terre OGM
La décision de Berlin d’autoriser un essai de culture d’une pomme de terre génétiquement modifiée place le gouvernement allemand dans une position délicate.
L’annonce a fait beaucoup de bruit de l’autre côté du Rhin. Fin avril, le gouvernement allemand, par l’intermédiaire de son ministère de l’Agriculture, a donné son feu vert pour un essai de culture en plein champ d’une variété de pomme de terre génétiquement modifié. Il s’agit de la variété Amflora qui a été développée par le géant de la chimie BASF. Ce dernier devrait mener sa culture dans l’état régional de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, dans l’Est du pays. Cette pomme de terre est conçue pour être renforcée en amylopectine, un composant de l’amidon utilisé par l’industrie. Le ministre de l’Agriculture Ilse Aigner a motivé sa décision parce que l’Amflora « ne présente aucun danger pour la santé publique ou l’environnement ». Cependant, elle n’a donné son autorisation que pour 20 ha là où BASF en attendait 40 et demandé que les champs soient parfaitement isolés des autres cultures. Ilse Aigner se garde aussi la possibilité de suspendre l’autorisation si l’opposition est trop forte.
La décision de Berlin a soulevé l’indignation chez les écologistes allemands : « Tout le monde sait que nous avons de gros problèmes à cause de la résistance aux antibiotiques » de certaines maladies, a déclaré Renate Künast, présidente du groupe parlementaire des Verts au quotidien Tagesspiegel. Quant à Greenpeace, elle a qualifié cette décision d’ « erreur ». La ministre fédérale de la Recherche, Annette Schavan, a appelé une table ronde sur l’avenir de la culture des OGM : « Nous devons prendre la crainte d’une nouvelle technologie au sérieux mais le débat ne peut pas être laissé uniquement à la peur. » Le gouvernement doit aussi faire face à la fureur de Monsanto, qui ne comprend pas l’interdiction faite à son maïs OGM MON 810 dans le pays. Le dossier de l’Amflora est loin d’être neuf. Le chimiste allemand est toujours en attente d’une autorisation européenne et il a accusé à plusieurs reprises les autorités européennes de Bruxelles de bloquer la procédure pour des raisons politiques. BASF a saisi la Cour européenne de Justice à ce propos.