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Salade - Fédération des maraîchers nantais
Le développement durable au quotidien

Trouver un équilibre entre la préservation de l’environnement, une rentabilité économique et l’amélioration sociale, en un mot faire du développement durable, est devenu le fer de lance des maraîchers nantais. Exemples pratiques.

Les maraîchers nantais – et plus précisément leur fédération – discutent depuis plus de cinq ans du plan de développement durable du maraîchage durable. Traduit en 2006, lancé officiellement en 2008, ce plan est devenu un des axes majeurs de la Fédération des maraîchers nantais. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, cette démarche ne se limite pas seulement à préserver l’environnement. Après un long cheminement qui peut remonter au début du XXe siècle, la notion de développement durable, apparue officiellement en 1987, a été mise en forme au Sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992 en intégrant un volet social et économique. Le syndicat nantais en a adopté le concept dans le but de pérenniser le maraîchage en Loire-Atlantique. « Depuis maintenant quatre ans, tous nos projets se raisonnent selon les trois piliers que sont l’environnement, l’économique et le social. L’objectif est de trouver le meilleur équilibre entre ces trois composantes, insiste Philippe Retière, président de la Fédération des maraîchers nantais. Nous ne nous limitons pas à économiser trois ramettes de papier en affichant que nous faisons du développement durable. » Régis Chevallier a intégré le syndicat en 2008 pour développer spécifiquement ce projet : « Pour le maraîcher, le développement durable n’est pas une révolution. Il le pratique depuis des décennies. Le recyclage des plastiques mis en place progressivement depuis 1992 en est un bon exemple. La collecte a un effet positif sur l’environnement, mais aussi sur l’économie et le social en sous-traitant le recyclage à une entreprise locale, Général Recyclage, qui peut ainsi se développer et générer des emplois. »

D’abord une méthode
La première étape pour la fédération a été de mettre au point une méthode de travail déclinée en quatre points et utile à toutes les actions proposées. « D’abord, nous effectuons un état des lieux en quantifiant la problématique et les objectifs à atteindre avec un groupe de travail qui comprend quelques maraîchers volontaires, indique le conseiller. Ensuite la phase expérimentale s’effectue sur une petite échelle durant laquelle de nombreuses concertations ont lieu pour mieux appréhender le sujet. Après une analyse des résultats, nous passons à la dernière étape que sont le développement et la communication. » Et Régis Chevallier d’ajouter : « A chaque étape, les maraîchers sont consultés et le projet évolue en fonction des réflexions apportées. Ils se l’approprient donc d’autant mieux qu’ils sont au cœur du projet et sont beaucoup plus volontaires lorsque l’action se construit avec leurs envies et leurs besoins. »
Parmi les sujets d’actualité, la gestion des abords des fossés en est à la phase expérimentale. Depuis des décennies, le maraîcher nantais utilise le sable prélevé d’abord dans la Loire puis en pleine mer pour former ses planches, indispensables à la culture de la mâche, des salades ou du radis. Mais, une petite partie de ce sable échoue régulièrement dans les fossés, empêche l’eau de circuler correctement et oblige à pratiquer souvent des curages. De plus, avec l’arrêté préfectoral de 2007 qui impose de ne pas soumettre les bords du fossé (1 mètre) à aucun désherbant, le maraîcher se trouve actuellement sans véritable solution adéquate. Huit maraîchers testent aujourd’hui l’implantation sur 1,5 km au total d’un couvert de plantes couvre-sol comme le lierre, le fusain ou le cotonéaster rampant sur du paillage en bord de fossés. Régis Chevallier est enthousiaste : « Si l’analyse finale se révèle concluante, la mise en place de ces plantations paillées pourraient résoudre à la fois le problème des désherbages, éviterait le ruissellement, les phénomènes d’érosion et la présence de corps étrangers. » A terme, les maraîchers souhaitent développer avec un groupement d’employeurs des emplois spécifiques à l’aménagement et l’entretien de ces fossés. Au final, cette nouvelle gestion préserve donc mieux l’environnement et favorise l’emploi tout en prenant en compte les spécificités maraîchères. En revanche, sur le plan économique, l’impact est négatif pour l’exploitant qui réalise lui-même les investissements nécessaires, l’Agence de l’eau apportant seulement un soutien technique. « Dans ce type de démarche, il s’agit de trouver le bon équilibre entre les trois piliers, souligne le président de la fédération. Nous espérons bien dans ce projet limiter le maillon faible qu’est le volet économique. Preuve à l’appui de l’intérêt de ces expérimentations pour la collectivité, nous avons l’intention de solliciter les Pouvoirs publics locaux pour nous aider financièrement. » Dans le même état d’esprit, un second projet vient de démarrer avec des apiculteurs montrant qu’une cohabitation est encore possible entre l’apiculture et l’agriculture. Pour éviter de désherber toutes les zones incultes d’une exploitation comme les bouts de parcelles ou les abords de bâtiments, il s’agit d’implanter des mélanges fleuris mellifères, c’est-à-dire qui attirent les abeilles. L’an dernier, 15 ha au total ont ainsi été semés. Cette année, l’intention est de doubler cette surface.

Toujours plus avec moins
Ces différentes actions accompagnent un projet beaucoup plus ambitieux puisqu’il concerne le mode de production lui-même des maraîchers nantais.
Philippe Retière parle de « densification agricole » : « En raison de l’urbanisation, le département de Loire-Atlantique perd, chaque année, 2 500 ha de surfaces agricoles, soit 62 % de notre surface maraîchère. Densifier nos cultures devient donc une nécessité économique et sociale. » Cette évolution se traduit déjà dans les fait. « Un hectare de tomates de serre équivaut à la production de 40 voire 50 ha de plein champ, rappelle le président de la fédération. La serre nous soustrait de nombreux aléas climatiques et de ses conséquences sur la culture. En privilégiant les grands abris plastiques pour des cultures comme la mâche ou le radis, nous augmentons à la fois la productivité et la qualité tout en diminuant les produits pour la protection des plantes Mais nous voulons aller plus loin en rendant tous les intrants efficients à 100 %. Par exemple, en recyclant les eaux d’irrigation, nous utilisons la totalité de l’azote apporté aux cultures. Et nous espérons, suite aux travaux du laboratoire CETE Ouest (Centre d’études techniques de l’équipement, spécialisé dans les granulats et l’étude des matériaux) en lien avec la DREAL (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement), valoriser le sable issu des ateliers de lavage de la mâche. Ce sable pourrait devenir un coproduit pour d’autres filières. »

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