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Interview Laurent Grandin
« Le CTIFL est un élément clé et déterminant pour la production française »

En plein questionnement sur le financement du CTIFL, l'UNCGFL – par la voix de Laurent Grandin – donne son avis. Les familles attendent maintenant le rendu de l'audit.

FLD : Quelle est la position des grossistes sur le dossier du CTIFL ?

LAURENT GRANDIN (UNCGFL) : Nous pensons avant tout qu'il existe un problème de compétitivité de la filière agricole française dans son ensemble et des f&l en particulier. Ce manque de compétitivité est une conséquence du modèle social français. Les produits qui nécessitent plus de main-d'œuvre sont plus impactés que d'autres. En conséquence, il nous faut un centre technique de recherche appliquée compétent en termes de recherche variétale et de techniques de culture pour nous permettre de gagner la partie face à la concurrence. Le CTIFL est un pilier essentiel de la filière f&l française, tout comme la promotion. Mais, nous ne sommes pas trop aidés actuellement par les Pouvoirs publics. Leur attitude n'est pas très cohérente, on ne peut pas vouloir défendre un acte d'achat en faveur des f&l français –  et notamment dans le cadre des achats publics  – sans une volonté politique affichée et une promotion efficace auprès du consommateur.

FLD : Quel est le risque ?

L. G. : C'est un net recul de la production française de f&l. On le note déjà et en fruits à noyau, dont la production a reculé de 50 %, sauf en abricots, mais aussi les pommes qui ont fondu de 25 %, en l'espace de dix ans. Aussi cette capacité d'un centre technique tel que le CTIFL est un élément clé et déterminant pour la production française. Même si nous, grossistes, nous ne sommes pas les plus directement impactés, nous pensons qu'il est d'un intérêt collectif d'avoir une production nationale forte. Un groupe de travail, tel que le GISPic Lég, qui représente le futur de la production légumière de pleine terre, n'aurait jamais vu le jour sans le CTIFL. Les consommateurs sont demandeurs de relocalisation de la production et de sécurité alimentaire. Tout concourt à sortir notre filière par le haut en tenant compte que les f&l doivent être écologiquement et sanitairement sûrs car le citoyen veut avoir ces garanties.

FLD : Et le financement ?

L. G. : Des questions se posent : à quel stade doit être prélevée la CVO ? Si on regroupe CTIFL et Interfel, y a-t-il des doublons ? Les formations et les études doivent-elles être dans le Core business ou pas ?... Forcément cela donne lieu à des débats. Le sujet a, dès le départ, été mal posé par une simplification apparente des schémas sans mesurer les conséquences pour l'ensemble de la filière. C'est en ce sens qu'un audit organisationnel a été lancé. Il permettra de vérifier les attentes de chacune des familles et de définir des pistes sur les questions de gouvernance. L'OCM prévoit la possibilité au sein de l'interprofession d'une recherche/ développement, ce regroupement au sein d'Interfel est conforme à la vision stratégique que nous avions. En effet, le manque de proximité des acteurs de la filière avec la recherche appliquée n'a pas toujours permis d'aboutir à des succès, comme nous l'avons vu pour la pêche plate. Cela ne remet pas en cause la capacité de recherche du CTIFL, mais démontre que c'est beaucoup plus cohérent d'avoir les outils de recherche au sein d'une même interprofession. Il n'y a pas de dogmatisme dans la position des grossistes. Il reste, une fois décidé de la bonne place des services à connaître, quelles en seront les conséquences financières. Pour nous grossistes, il nous faut réussir ce passage, même si cela doit avoir des impacts dans ce domaine.

FLD : Pourquoi une telle décision de l'Etat ?

L. G. : Tout a été fait en force pour que cela ne marche pas comme nous le souhaitions. Les Pouvoirs publics ont vu une simple transposition d'une taxe publique vers une taxe privée. C'est une grave sous-estimation des conséquences que cette décision fait porter sur la filière. De ce fait, il n'est pas sûr qu'à fin juin nous ayons trouvé un accord dans le temps imparti. Le contexte économique et l'attitude des Pouvoirs publics concourent à compliquer les choses. Aujourd'hui, une série d'événements créé une tension qui pourrait être une difficulté supplémentaire à faire aboutir ce dossier comme la suppression des budgets promotion. J'espère que l'esprit de responsabilité primera. Chacun devra prendre ses responsabilités. Il faudra que le ministère de l'Agriculture s'en mêle, qu'il fasse des gestes d'accompagnement vers les professionnels de la filière f&l. C'est une vraie responsabilité directe du ministre. Il va falloir qu'il descende dans l'arène.

FLD : La position des grossistes est-elle fixée ?

L. G. : Rien n'est décidé et rien n'est garanti non plus. La position des grossistes est de trouver des solutions constructives. Chacun devra faire un pas.

FLD : Que pensent les grossistes du compte pénibilité ?

L. G. : On est concerné. On considère que le système est une usine à gaz. C'est plutôt la CGI qui donne notre position. Une mission a été nommée pour trouver des solutions d'aménagement avec les Pouvoirs publics. Tout est suspendu aux conclusions de cette mission. Pour nous grossistes, en l'état ce n'est ni acceptable, ni applicable.

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