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Technologie
Le contrôle Qualité prend la voie des ondes

Savoir si une banane a mûri pendant son transport maritime, cela semble techniquement possible grâce au “conteneur intelligent”, développé par des chercheurs de l’Université de Brême en Allemagne.

A quel importateur de bananes la mésaventure qui suit n’est-elle pas arrivée au moins une fois ? : arrivée du conteneur à la mûrisserie, ouverture, bananes déjà tigrées pour ne pas dire plus, litige. Heureusement, les technologies du froid liées au conteneur ont fait d’importants progrès ces dernières années. Cependant, recevoir des bananes vertes au stade du mûrissage est une priorité absolue. L’entrée et la sortie programmées des palettes de bananes selon les ventes sont la base même du métier.
Le futur du transport conteneurisé de bananes s’est peut-être dessiné l’automne dernier quelque part dans une ferme du Costa Rica. La nouveauté technologique ici, c’est un conteneur qui supervise son contenu par lui-même et utilise les ondes radio pour transmettre les informations au point d’arrivée. Un conteneur autonome, un conteneur intelligent en quelque sorte. C’est en tout cas l’idée de base développée par l’Université de Brême en Allemagne depuis deux ans dans le cadre d’un projet de transfert de technologies baptisé “Intelligent Container”. Celui-ci s’est bâti autour d’un triple constat. D’une part, lorsqu’il s’agit de mesurer la température dans un espace clos comme un conteneur, il faut disposer d’un grand nombre de capteurs. D’autre part, les déviations de températures, même de quelques degrés centigrades, existent quelle que soit la fiabilité du système de froid utilisé. Enfin, il n’était pas possible de compenser ces différences de températures, puisque les mesures ne pouvaient être lues que manuellement une fois les denrées arrivées à destination.
Lancé en 2008, le projet “Intelligent Container” a pour objectif de créer un accès direct à un réseau de capteurs à partir de communication sans fil. Les principales technologies ont été développées par un cluster financé par la Fondation allemande pour la Recherche (DFG). Un premier prototype a été d’abord élaboré par le Microsystems Center Bremen, une unité de l’Université de la ville hanséatique. Un des buts recherchés a été d’arriver à transmettre d’importantes sommes d’informations par des systèmes largement usités, gratuits comme WLAN (réseau local sans fil) ou payants comme GPRS (norme pour la téléphonie mobile dérivée du GSM permettant un débit de données plus élevé), UMTS (Universal Mobile Telecommunications System, plus connu chez les possesseurs de téléphone mobile sous le vocable 3G) ou le satellite. Après des tests préalables en laboratoire et sur des camions (en collaboration avec le grossiste haut de gamme allemand Rungis Express entre autres), le premier test in situ a été mené en septembre dernier pour le transport maritime de conteneurs de bananes entre le Costa Rica et le port de Hambourg.

L’aventure costaricaine
Le test in situ s’est opéré en collaboration avec Dole Fresh Fruit Europe qui a proposé que deux conteneurs de bananes équipés fassent le parcours traditionnel entre le pays producteur et son marché de consommation en Europe, par bateau. Des capteurs sans fil et un portail de communication sont les deux éléments constitutifs du concept “Intelligent Container”. Le portail collecte les informations des capteurs (toutes les 4 heures) et les transmet par Wi-Fi au bateau. L’installation de ce portail s’est déroulée lors d’un atelier de travail chez Dole à Puerto Limon. « Bien que nous ayons reçu un très bon support de la part des équipes locales, ce fut certainement la partie la plus difficile du projet, se souvient Reiner Jedermann, développeur système au Microsystems Center Bremen. Nous devions travailler toute la journée à l’intérieur d’un conteneur à 30 °C sans ventilation. » Vingt capteurs par conteneur ont été placés dans des cartons de bananes avant que les deux “boîtes” ne soient transportées par camion au port. Les informations collectées par les capteurs, une fois transférées sur le bateau par le portail, ont été transmises vers un serveur à Brême par l’entremise du système de satellites de communication existant aujourd’hui au-dessus de nos têtes. Un site dédié a permis de visionner les informations et de tester la fonction de messagerie. Le système est ainsi à même de détecter des variations de températures entre, par exemple, les portes du conteneur et le côté opposé, au niveau de l’unité de réfrigération, ou encore entre les conteneurs. Lors du test, en dépit du fait que les palettes avaient été correctement montées et chargées, des variations de températures entre 1 et 2 °C ont été enregistrées. L’inspection des deux conteneurs à leur arrivée à Hambourg a montré de petites mais mesurables différences de qualité entre les deux.

Des améliorations à apporter
Axel Moehrke, directeur exécutif et responsable qualité chez Dole Anvers, a reconnu la validité du concept : « Avec ces informations, nous pouvons améliorer la gestion de notre entreposage. Nous pouvons ainsi alerter l’exploitation en amont sans délai dès qu’un problème se fait jour. Si nous nous en apercevons qu’au moment du dépotage du conteneur en Europe, il y a de fortes chances que deux autres navires soient déjà partis du Costa Rica avec le même problème. Et nous n’avons alors aucun moyen d’intervenir. » Cependant, les inventeurs du système demeurent très prudents. « La transmission des informations par plusieurs ondes radio de différents types était le plus grand défi à relever dans ce projet, concède Markus Becker, chercheur associé à l’université de Brême. Le taux d’humidité très important à l’intérieur du conteneur, pratiquement 100 %, réduit drastiquement la qualité des ondes radio. Ce n’est que par la multiplication des capteurs qu’il est possible de collecter les informations. » Pour les techniciens, la faisabilité du projet semble acquise. L’objectif recherché est de bâtir un système qui soit à même de réagir automatiquement en cas de rupture du lien radio, en s’auto-réparant ou en recherchant d’autres moyens de communication pour transmettre ses données. Les travaux sont en cours au sein d’une équipe dédiée au sein de l’Université de Brême et un système automatique de supervision du transport de produits périssables, commercialement viable pourrait être lancé d’ici deux à trois ans. Alors, peut-être, un importateur européen de bananes recevra un message sur son ordinateur disant en substance : « La moitié gauche du conteneur a connu une variation de 1,5 °C. La durée de vie des produits de ce côté est réduite d’un jour. Vendez ceux-ci en premier s’il vous plaît. Les produits de la partie droite peuvent être stockés comme d’habitude. » Le rêve, non ?

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