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Pommes de terre - Recherche
Le Comité Nord Plants déménage et s’agrandit

Principaux enjeux pour les équipes de recherche du Comité Nord Plants : faire face aux évolutions des souches de pathogènes et réussir le transfert aux champs des travaux menés au laboratoire.

Les quinze salariés permanents des services administratifs et ceux de la recherche-développement du Comité Nord Plants de pommes de terre déménageront dans leurs locaux d’Achicourt (Pas-de-Calais) en juillet. Depuis 1992, ils étaient installés dans les locaux de la station de Beaurains devenus de plus en plus étroits au fil des trente années de fonctionnement. Désormais les installations d’Achicourt, beaucoup plus spacieuses et plus fonctionnelles, permettront de répondre au développement exponentiel des activités de contrôles et d’expérimentations, ainsi qu’aux nouvelles analyses imposées par les changements de réglementation.

Echantillonner, détecter, identifier…
Cette mission de contrôles et d’expérimentation est déléguée par le ministère de l’Agriculture au Service officiel de contrôle et de certification du Gnis (SOC). Confrontés aux parasites (bactéries responsables des maladies dites de quarantaine, champignons, virus responsables parfois de nécroses des tubercules) mais aussi aux pathogènes en constante évolution et mutation, les trois EPR français (1) se doivent d’échantillonner, pour détecter et identifier les parasites avant de pouvoir certifier les lots de plants français qui seront commercialisés en France ou exportés.
Le laboratoire du Comité Nord intervient à toutes les étapes de contrôle du plant. A partir d’échantillons de terre, il vérifie tout d’abord l’absence de nématodes dans la parcelle pressentie pour la multiplication. La station fait aussi des recherches en préculture à partir de prélèvements de tubercules pour y détecter la présence éventuelle de virus ou de bactéries. Au stockage, la station recherche la présence éventuelle de champignons pathogènes.
Ces tests et analyses sont directement proportionnels au nombre d’hectares de plants de pommes de terre cultivés qui devrait passer de 10 859 ha en 2010 à 14 000 ha en 2015 (un peu moins de 30 % de hausse).

Une stricte qualité sanitaire
A Beaurains, le nombre de tests et d’analyses a explosé depuis cinq ans. Dimensionnée pour produire 100 000 boutures/an, la station devrait en réaliser environ 260 000 en 2012. « Nous en prévoyons 400 000 à l’horizon 2015, souligne Yves Bègue, directeur de la station. La bouture est un mal nécessaire pour accompagner les obtenteurs dans le développement de leurs nouvelles variétés ».
Les tests nématodes sont passés de 6 000 à 35 000 entre 2011 et 2012. On en prévoit 40 000 dès l’an prochain… Concernant les tests bactériens, le Comité prévoit de passer de 900 000 à 1 200 000 tests. Quant aux tests viraux, la station devrait vite passer de 400 000 à 600 000 plantes testées.
Toute la filière française de la pomme de terre s’est fixée depuis de nombreuses années – et notamment depuis les premières contaminations survenues aux Pays-Bas dans les années 1995 – « le maintien du plus strict niveau de qualité sanitaire de ses tubercules commercialisés ». L’objectif des professionnels est d’autant plus d’actualité que l’on note de rapides mutations des souches de mildiou ou de virus.
C’est pourquoi les obtenteurs veulent booster la recherche pour mettre en place de nouvelles méthodes de lutte contre des parasites comme ceux de quarantaine. Aujourd’hui, le Comité Nord Plants produit 65 % des semences françaises de pommes de terre à destination du marché intérieur et de l’exportation. « Mais nous produisons 80 % des tubercules plantés chaque printemps en France », précise Yves Bègue.

Une position stratégique mal comprise ?
Le Comité Nord Plants regroupe 436 producteurs de plants de pommes de terre, dont 150 en Nord-Pas-de-Calais (2). Autrefois regroupement de dix-sept syndicats de producteurs sur un territoire géographique allant de la Haute-Normandie au Sud de Paris (Brie-Champagne) et à la frontière belge (Nord-Pas-de-Calais-Picardie), il vient d’être agréé par le ministère de l’Agriculture comme OP en janvier.
Selon Yves Bègue, « ces contrôles sont d’une importance capitale pour l’ensemble de la filière ». Des entreprises situées en Nord-Pas-de-Calais comme Desmazières et Huchette-Cap Gris Nez, respectivement représentant les sociétés hollandaises Agrico et HZPC, les deux poids lourds du plant mondial, ne pourraient commercialiser leurs plants sur le territoire français sans l’appui technique du Comité Nord Plants. Dans la région, Roquette et McCain sont aussi deux interlocuteurs primordiaux du Comité : « On gère 98 % des plants de Roquette », rappelle Yves Bègue. La région Nord-Pas-de-Calais a-t-elle vraiment pris conscience de sa position stratégique en matière de production de plants ? Le directeur rappelle que la station de Beaurains a toujours été une des vitrines du plant français : « Nous accueillons environ dix à trente visites de professionnels étrangers sur notre site ».

« Notre station n’est pas à vendre »
Et le directeur de rappeler les soutiens financiers actuellement décidés pour ce nouvel investissement (ou plutôt l’absence de certains soutiens) qui devraient permettre de placer les régions Nord-Picardie-Haute-Normandie comme régions d’excellence. « Le Conseil régional de Picardie nous alloue une subvention de 80 000 à 100 000 €, la Normandie 40 000 €, et l’Etat, via le contrat de plan Etat-Région, 36 000 €. Le Nord-Pas-de-Calais n’a, pour l’instant, décidé aucun soutien au projet, si ce n’est l’éventualité d’une participation aux nouveaux équipements », précise le directeur.
Les producteurs de plants prennent en charge le reste des 11 M€ d’investissements. En février, le conseil d’administration du Comité Nord a fait voter une augmentation des cotisations annuelles à l’hectare de 50  € pour autant d’années qu’il le faudra afin de clore le financement de la nouvelle station.
Un signe fort des producteurs qui veulent démontrer que « leur station n’est pas à vendre ! ». « Nous restons maître d’œuvre chez nous », a rappelé le président Jean-Charles Quillet lors du conseil d’administration du 22 février. Une allusion aux démarches effectuées par le groupe Eurofins appuyées par la direction d’Eurasanté, pour un éventuel rachat des activités du Comité Nord (cf. "Le groupe nantais Eurofins renforce sa présence en Nord-Pas-de-Calais").

(1) Le Comité Nord Plants de pommes de terre est l’un des trois établissements producteurs régionaux (EPR) qui regroupent en leur sein les producteurs de plants des régions situées au Nord de Paris, en Bretagne et dans la région Centre.
(2) En 2011, le Comité Nord a contrôlé 220 000 t de semences (180 variétés) produites sur 12 000 ha.

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