Avocat
Le Chili veut écrire une nouvelle page
La récolte chilienne d’avocat va doubler cette année. Elle est estimée à 250 000 t et les perspectives d’exportations sont attendues à 185 000 t, dont 45 % vers l’Europe. De quoi bousculer l’ordre établi !

Les producteurs chiliens ont mis d’énormes espoirs dans l’avocat. Les superficies ayant doublé en quelques années, il faut vendre plus en Europe. L’un de leurs avantages est lié à la technique du compte de vente : le prix final est fixé une fois le prix de vente connu. Les groupes de production et d’exportation tendent toutefois à s’organiser afin de mieux contrôler leur aval. Ainsi, l’un des tout premiers exportateurs, Subsole, a resserré ses liens avec Westfalia. Ce dernier est à la fois leader en Afrique du Sud et importateur en Europe. En Grande-Bretagne, il gère lui-même la mise en marché. Grâce à cette alliance, l’Europe est le premier débouché de Subsole. Pour la plupart des autres gros opérateurs, l’Amérique du Nord est le premier marché.
C’est dans le même objectif de mieux servir le marché européen que les quatrième et cinquième exportateurs se sont associés. Cabilfruit et Santa Cruz, auquel s’est adjoint Propal, pèsent ensemble environ 7 millions de cartons.
Il reste maintenant à ne pas être déçu. En effet, leur marché de base pour accroître les ventes, c’est la Grande-Bretagne, les pays scandinaves, l’Espagne et la Russie. En ce qui concerne la Grande-Bretagne, les investissements promotionnels menés depuis quatre ans ont été payants et les ventes ont déjà bien décollé. La partie risque d’être plus difficile à gagner sur les autres marchés.
Il y a pourtant urgence. En effet, la progression des surfaces est rapide. L’arrivée en production de nouveaux vergers va plus que compenser les effets dévastateurs des gels de fin 2007 et mi-2008. Si bien que, lors de la campagne dernière, les tonnages chargés dans les ports chiliens ont reculé de 37 % à seulement 67 250 t.
La progression des ventes repose jusqu’alors sur le marché anglais et, dans une moindre mesure, l’Espagne. Les prochaines cibles sont le Danemark et la Suède. La même panoplie d’actions publi-promotionnelles y est programmée : animations et dégustations en et hors point de vente, publicité presse magazine et TV, jeux concours…
C’est le même type d’actions qui est financé par les exportateurs du Pérou dont le calendrier de vente court de mai à août. Les Péruviens ont toutefois mis davantage l’accent sur les vertus santé, en concentrant aussi leurs efforts sur les marchés anglais et espagnols.
Cette année, la saison du Pérou s’est terminée prématurément en juillet. Le cumul des exportations a été revu en nette baisse, à seulement 32 000 t, contre 38 700 t en 2008, dont 75 % de Hass. Les prévisions d’exportation de 2009 portaient sur 45 000 t, ce qui avait d’ailleurs pesé sur les prix de vente en début de saison.
Hass forever
Les principaux metteurs en marché en Europe sont les entreprises andalouses. Elles gèrent toutes les origines sud-américaines en complément du Hass local dont les ventes débutent en novembre et culminent au printemps… mais la capacité de conservation des fruits locaux est variable d’une année à l’autre. En année favorable, l’Espagne vend du Hass jusqu’en juillet. Le calibre moyen de l’offre espagnole est souvent assez petit.
La variété Hass reste le fer de lance du marché de l’avocat. C’est la plus adaptée aux présentations en filet et en préemballé, aussi bien pour sa solidité que pour son aptitude à produire une large gamme de calibres. L’explosion des ventes en filet a d’ailleurs créé un nouveau segment de marché. Jadis, les petits calibres n’étaient même pas exportés. Les hard discounters ont d’ailleurs un rôle à jouer pour écouler les excédents : ils achètent en masse lorsque les prix s’effondrent !
Les origines sud-américaines ont un avantage certain car elles ne proposent quasiment que du Hass. Malgré le handicap lié aux coûts d’approche, elles contribuent à dynamiser le marché.
Cette année, le Chili devrait donc voler la priorité au Mexique. Mais après avoir culminé jusqu’à 25 000 t au milieu de la décennie, les chargements au Michoacan destinés à l’Europe ont ensuite subi une forte chute, jusqu’à un point bas de 5 000 t en 2007. A partir de février 2007, l’ouverture totale du marché américain a eu un effet aspirateur. L’an passé, les tonnages vers l’Europe ont à nouveau grimpé à 12 000 t, et il est prévu de gagner encore quelques points cette année.
Ce n’est que depuis quinze ans que les deux principaux freins au développement des ventes d’avocat du Mexique ont été surmontés. Le premier était lié aux conditions de transport trop longues et trop aléatoires, ce qui obligeait à récolter à un stade trop immature. La généralisation du transport en conteneur sous atmosphère contrôlée a permis de freiner le cycle de maturation des fruits. De plus, le temps de transport a été réduit de plusieurs jours. Autant de facteurs qui ont incité les Chiliens à planter...
Le second handicap pour une meilleure acceptation du produit était lié à un prix de revient trop élevé. La forte baisse du dollar US a contribué à réduire ce différentiel. L’écart s’est d’autant plus réduit vis-à-vis de l’Espagne que les coûts de production ont nettement progressé en Andalousie.
Au Mexique, les achats d’avocat se font en ferme alors que c’est la technique du compte de vente qui prévaut partout ailleurs, notamment au Chili et au Pérou. En effet, l’énorme marché intérieur mexicain joue le rôle de prix de référence. De ce fait, c’est l’importateur qui assume l’essentiel du risque lié aux aléas du marché. L’offre s’est donc naturellement concentrée entre les mains de ceux qui se sont engagés sur la durée. Ils en assurent le suivi des mois de septembre à mars.