Le champignon sort de l’ombre pour défendre ses origines
Du 25 mars au 21 avril, le champignon de Paris fait son apparition sur le petit écran. Deux films publicitaires humoristiques de dix secondes seront diffusés sur France 2, France 3, France 5 et Cuisine TV. Cette campagne d’un montant de 850 000 E est financée par l’Union européenne (50 %), Viniflhor (20 %) et les professionnels (30 %). Ces spots seront accompagnés d’une distribution en magasins de 560 000 petits livrets de recettes, les vendredis 7 et 14 avril et les 19 et 26 mai. Objectif : inciter les consommateurs, spécifiquement les femmes de plus de 25 ans, à utiliser davantage le champignon dans leurs préparations culinaires. Un site Internet réalisé avec d’autres pays européens producteurs est actuellement en construction. Sa mise en ligne est prévue dès le mois de mai.
Quant à l’actualité économique, elle s’articule autour de quatre dossiers : l’OMC/OCM ; la détermination de l’origine (Eurofins) ; le volet social en raison de sa forte consommation de main-d’œuvre et la modernisation des outils de production (investissements des producteurs).
Se défendre face à la Chine
Au sujet de la consommation, le marché français a cette particularité de consommer le champignon sous diverses formes (frais, conserve, surgelé et RHF), contrairement à d’autres pays européens qui le consomment uniquement en frais. Quant à la détermination de l’origine, la France n’est pas seule, les Pays-Bas et l’Espagne sont également partie prenante. “Avec Eurofins, nous en sommes à l’écriture des paramètres discriminants. En juin, nous aurons validé la méthode de détermination des points cohérents. Nous aurons alors un an à un an et demi pour la valider grâce à des tests significatifs”, explique Didier Dupin, directeur de l’Anicc (Association nationale interprofessionnelle des champignons de couche). L’enjeu étant de défendre les productions européennes de conserves face à un concurrent de poids : la Chine.
“En France, un champignon en conserve doit venir absolument du frais et non pas d’un quelconque stockage en saumure, ou autre, explique Bernard Puraye, PDG de France Champignon. Ainsi la durée qui sépare la cueille de la conserve est très courte chez nous”. En parallèle, le groupe cherche à valoriser ses produits plutôt que de se cantonner à vendre de la matière première. Enfin, sur la question de l’OMC, la filière souhaite que les champignons soient classés en produits dits sensibles. “Nous sommes soutenus par le ministère de l’Agriculture et par l’ensemble des professionnels européens. L’enjeu consistera à défendre nos intérêts à Bruxelles pour maintenir la protection la plus élevée possible pour les producteurs tout en faisant en sorte que celle-ci soit compatible avec les règles de l’OMC”, explique en substance Didier Dupin. En 2005, la France a produit 138 000 t de champignons, dont 77 % sont destinés à l’industrie, et se positionne comme troisième pays producteur de l’Union européenne derrière la Pologne et les Pays-Bas.