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Manifestation nationale mais pas unitaire
Le 5 novembre, les producteurs de f&l se sont mobilisés dans toute la France

En pleine crise, les producteurs français à l'appel de la FNSEA et des JA se mobilisent dans toute la France ce 5 novembre. La journée d'actions porte sur huit points forts : les effets de l'embargo russe, la présence de produits agricoles français dans la restauration hors domicile, le non au péage de transit, le compte pénibilité en agriculture qu'il faut abandonner, le versement anticipé des aides Pac, le non au blocage des dossiers installation à partir du 1er janvier 2015, une année blanche pour 2015, le non au zonage de la directive nitrates tel qu'il est annoncé. Certains points ont déjà obtenu des réponses de l'Etat. Revue de détail en régions.

Les FDSEA et les JA du Nord et du Pas-de-Calais font de la restauration collective leur cheval de bataille ce 5 novembre. Fin octobre, des contrôles ont déjà eu lieu dans des restaurants d'entreprises, comme celui d'une administration régionale. « Nous y avons trouvé de la viande provenant d'Allemagne, des frites de Belgique et des tomates du Maroc, rapporte Christian Durlin, président de la FDSEA 62, producteur de légumes dans le Béthunois. Nous souhaitons donc que les pratiques de la restauration collective et commerciale soient en cohérence totale avec le discours ambiant. » Les responsables syndicaux organiseront des contrôles sur les autoroutes A1, A26 et A16 afin de mieux « voir ce qui se passe, notamment dans la filière fruits et légumes ». « Nous irons jusqu'à prendre des échantillons de produits pour contrôler a posteriori le taux de résidus de produits phytos », précise-t-il. Les producteurs d'endives et de pommes de terre s'associeront au mouvement national. Les producteurs de pommes de terre sont en effet amers : les dispositions prises pour la filière fruits et légumes ne concernent pas la pomme de terre : pas de renégociation de prêts, pas de reports de cotisations sociales. Et face aux volumes de production, l'Etat n'a rien prévu pour favoriser le don aux banques alimentaires dont les journées nationales sont prévues les 28 et 29 novembre !

En Pays de Loire, la FRSEA prévoit entre 400 et 500 participants par département. Les manifestations doivent s'effectuer devant les directions départementales des territoires et de la mer (DDTM), les préfectures ou certains ronds-points comme à Laval. Dans une région où l'élevage prédomine, les éleveurs seront les plus nombreux. La filière fruits et légumes, de la bouche même des organisateurs, sera très minoritaire. La Fédération des Maraîchers Nantais (FMN) a incité ses 200 adhérents à participer. « Nous sommes totalement en phase avec le mouvement, souligne Benoît Langlois, directeur de la FMN. De nombreux sujets préoccupent les producteurs de légumes, notamment le compte pénibilité en inadéquation avec la réalité du travail. Contrairement à ce qui a été dit, les normes et les contraintes administratives continuent à se complexifier. Ainsi, le monde agricole se sent complètement abonné par la politique gouvernementale. » Côté fruits, la FDPF est évidemment partante. Mais la récolte bat encore son plein. Le nombre de participants va donc dépendre des conditions climatiques. « Cette journée du 5 novembre représente désormais un ultimatum pour avoir des réponses notamment sur le “Produire français pour manger français” !, a lancé Alain Bernier, président de la FNSEA 44. Sur la restauration collective, nous afficherons également les communes qui nous soutiennent, qui soutiennent le “Produire français pour manger français” et qui soutiennent nos emplois. L'objectif est que deux plats sur trois soient d'origine française ! C'est ensemble que nous réussirons dans cette période difficile pour tous. Rendez-vous donc le 5 novembre devant la Préfecture à Nantes. ».

En Bretagne, chaque département organisera ses actions. En Ille-et-Vilaine, la FDSEA a misé sur une action autour du “manger français”. Une centaine de kits comprenant des tracts, des autocollants et une pétition ont été distribués aux adhérents. Les producteurs sont invités à aller le midi à la sortie des écoles primaires publiques et privées pour sensibiliser les parents au “manger français”. Des tracts seront distribués et les producteurs feront signer une pétition qu'ils souhaitent ensuite valoriser auprès des maires. Les producteurs de légumes pourront distribuer des légumes aux parents. Et d'autres actions sont prévues sur le long terme pour favoriser l'approvisionnement local. Dans le Finistère, le syndicat prévoit d'organiser à 11h, à Quimper, une conférence de presse autour du “manger français”. La présence de l'Association des maires du Finistère est espérée. L'objectif est de solliciter les collectivités pour qu'elles s'approvisionnent d'abord en France. Dans les Côtes-d'Armor, les producteurs entendent aussi porter les revendications de la FNSEA. La FDSEA22 organisera des opérations escargot convergeant vers Saint-Brieuc, avec distribution de tracts.

L'appel national lancé par la FNSEA sera particulièrement suivi en Midi-Pyrénées. Les agriculteurs, actifs ou retraités, ont rendez-vous à Toulouse avec pour points de chute la préfecture de région, la Dreal (direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement), l'Onema (Office national de l'eau et des milieux aquatiques) et l'Agence de l'eau. Dès le matin, tracteurs et camions convergeront vers Toulouse avec l'intention de provoquer des barrages mobiles. Depuis le Tarn-et-Garonne, principal bassin de production fruitier régional, et leader national en pomme, la mobilisation est forte. La fédération départementale avait prévu six bus pour rejoindre Toulouse. Pour Yvon Sarraute, vice-président de la FDSEA du Tarn-et-Garonne et arboriculteur près de Moissac, c'est toute l'agriculture qui va mal. Mais pour la filière f&l, l'urgence est à la réduction des distorsions de concurrence, sur le coût du travail et les prix de revient, mais aussi de pression environnementale avec le dossier de la protection phyto. « La saison 2014 montre une fois encore que la concurrence espagnole compromet l'avenir des producteurs de fruits d'été français, souligne Yvon Sarraute. Pour les producteurs de pommes, les perspectives commerciales ne sont guère encourageantes compte tenu de l'offre européenne élevée et des conséquences de l'embargo russe. » Pour lui, il est urgent que les Pouvoirs publics prennent conscience des problèmes de l'agriculture, et qu'ils arrêtent de vouloir les résoudre à coup de “mesurettes”. Dans les rangs de la manifestation toulousaine, plus qu'ailleurs, le barrage de Sivens sera au cœur des discussions. Pour Yvon Sarraute, il faut avant tout déplorer la mort de Rémi Fraisse. Mais, ce projet de barrage de Sivens ne concerne pas seulement l'avenir de trente exploitations qui cultivent du maïs autour du barrage, mais aussi celui de toutes les productions des bassins versants du Tescou et du Tarn, celui des productions fruitières du Tarn-et-Garonne notamment. « En s'opposant à ce projet, nous regrettons qu'une minorité veuille imposer une vision archaïque de l'agriculture. »

La FDSEA les JA de la Drôme et de l'Ardèche appellent à un rassemblement, à 10h30 au parc des expositions de Valence et à un défilé de tracteurs et d'animaux toute la journée sur les deux départements qui s'achèvera à Guilherand-Granges en Ardèche. La manifestation, à vocation régionale, regroupera huit associations et les FDSEA et JA de quatre départements : Drôme Ardèche, Loire et Isère. Cette mobilisation concerne toutes les filières. Baptisée “Stop aux contraintes”, elle veut dénoncer les excès de réglementations économique, environnementale et de droit du travail dont souffre la profession. « En France, on impose trop de réglementations, de modes de production de plus en plus contraignants, de restrictions dans les techniques culturales, ce qui entraîne des coûts de productions élevés, supérieurs aux pays voisins. Le coût de production, en France, est, au minimum, de 12 €/h alors qu'en Espagne, il oscille entre 4 €/h à 6 €/h », précise Laurence Heydel-Grillère, directrice de la FDSEA Drôme. La manifestation s'achèvera par une note symbolique à Guilherand-Granges sur une parcelle inoccupée qui sera ensemencée et plantée pour dénoncer la baisse continue du foncier disponible en Rhône-Alpes et à proximité des grandes villes. Près de 800 manifestants sont attendus à Valence. Plus au Sud, le département du Vaucluse a été choisi pour illustrer les conséquences de l'embargo Russe. « Ce n'est pas à l'agriculture de payer pour un problème politique, a indiqué Jérôme Despey, secrétaire général de la FNSEA et président de la Chambre d'agriculture de l'Hérault. C'est à la communauté européenne de faire jouer la solidarité. » La RHF est aussi dans le collimateur. « Je suis effaré de voir que 90 % de la viande et des f&l en restauration collective sont des importations. Mangeons français ! » A Avignon, dès 13h, la manifestation démarrera du parking des Italiens et fera le tour des Remparts avec arrêt devant les services de l'Etat. Le Var, le Gard, les Bouches-du-Rhône, les Alpes-de-Haute-Provence et les Hautes-Alpes ont rendez-vous à 12h30 au Min des Arnavaux pour une descente de tracteurs jusqu'à la préfecture de région. Les départements alpins organisent des opérations de feux de paille nocturnes dans plusieurs communes. Et le rendez-vous est fixé à Nice pour les Alpes-Maritimes.

En Aquitaine, il n'y aura pas de manifestation de rue à Bordeaux. Les sous-préfets seront convoqués sur des exploitations agricoles. Et une délégation de la FRSEA sera reçue par le préfet Michel Delpuech à 17h le 5 novembre. Une manifestation à Pau rassemblera les Landes et les Pyrénées-Atlantiques. En Dordogne et dans le Lot-et-Garonne des manifestations seront organisées à Périgueux et Agen, elles seront suivies par les organisations professionnelles agricoles. Enfin, les Chambres d'agriculture de Dordogne, des Landes, des Pyrénées-Atlantique fermeront leurs portes durant toute la journée.

En Ile-de-France, les agriculteurs prévoient une distribution de f&l place de la République à Paris. Cette opération aura lieu de 8h à 12h. Plus de 20 000  sacs seront distribués, l'équivalent de 50 t de produits agricoles. Le but : exprimer leur ras-le-bol qui pèse chaque jour un peu plus sur leurs exploitations, leur liberté d'entreprendre bafouée. Ils l'ont dit : « Cette action syndicale est une première étape. Si nos demandes ne sont pas entendues, d'autres actions “plus musclées” seront organisées dans les prochaines semaines ». C'est dit ! fld et les correspondants régionaux

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