Euro-Méditerranée-Huile d’olive
L’Andalousie, l’autre pays de l’or vert
Euro-Méditerranée-Huile d’olive
En ce début de campagne 2011-2012, les producteurs s’inquiètent des achats en dessous des prix de production par certains grands groupes acheteurs.
Grande région de production d’olives destinées à l’huile d’olive, l’Andalousie est le berceau de la production ibérique. « Au total, la région représente 84 % de la production nationale d’huile d’olive, indique Teresa Perez Millan, directrice de l’interprofession des huiles d’olive espagnole. Après, tout dépend des variétés. La Catalogne est plutôt connue pour l’Arbequina, alors qu’ici dans la région de Cordoue les vergers sont plutôt composés de Picuda et de Picual. » L’Espagne recense à elle seule 2,5 millions d’hectares d’oliviers soit l’équivalent de 255 millions d’arbres. Une production qui avoisine en tonnage 1,4 million de tonnes d’huile d’olive. « Notre plus gros marché à l’export, c’est l’Italie, ajoute Teresa Perez Millan, soit pas loin de 255 000 t. On peut recenser les régions par variétés. Près de Jaen plus à l’Est de Cordoue, c’est la Picual. Ici, dans les vergers de Carcabuey, on retrouve majoritairement l’olive Picuda. Pour tout vous dire, nous avons de nombreux signes officiels de qualité qui se rattachent à la région de production. On recense 29 DOP et bientôt une supplémentaire qui est actuellement à l’étude à Bruxelles. Rien qu’en Andalousie on compte 13 DOP. En Italie, la démarche est différente, nombreux sont les moulins détenant une IGP, la contrainte est dans ce cas moindre en ce qui concerne l’origine des olives qui seront pressées. »
Lors de la récolte 2010-2011, la production ibérique pléthorique a provoqué de fortes baisses de prix. Aussi, l’Espagne à plusieurs reprises a demandé l’autorisation du stockage privé à Bruxelles. Après plusieurs mois de négociations, ils ont enfin obtenu gain de cause. Mais, « cette annonce est arrivée un peu tard. Aussi sur une possibilité de stockage privé de 100 000 t, seulement 44 000 t ont effectivement pu l’être car l’annonce est arrivée presque en fin de campagne (fin octobre). Et puis, ce stockage ne peut pas dépasser les six mois, précise Antonio Martinez Sanchez, en charge de la communication à l’Interprofession. Pour autant, cela a permis de désengorger le marché. » En ce début de campagne les perspectives sont quelque peu houleuses, certains producteurs s’inquiétaient déjà début décembre d’achats à des prix en dessous des coûts de production. Dans les vergers andalous proches de Cordoue de l’une des plus grandes coopératives – La Subbetica –, à Carcabuey bénéficiant d’une dénomination d’origine protégée (DOP), qui regroupe près de 4 000 producteurs, on annonce un début de récolte prometteur. « Depuis déjà plusieurs années, nous avons avancé le début de récolte au 20 octobre plutôt que début décembre, indique Nuria Yañez, directeur technique à la coopérative. C’est lié au changement de techniques de récolte. Les producteurs commencent beaucoup plus tôt pour obtenir une huile d’une qualité meilleure. Ce qui nous permet aussi d’effectuer la récolte pour l’olive de table et l’huile. » Mais elle reste catégorique : la meilleure période pour récolter, c’est au moment où le fruit change de couleur. Au total, plus de 75 % des vergers de la région sous DOP sont de variété Picuda, puis suivent Hojiblanca et Picual ou Marteña.
Par ailleurs, la coopérative La Subbetica a investi dans le photovoltaïque. « Depuis déjà quelques années (septembre 2008), nous avons mis en place des panneaux solaires sur le toit de la coopérative pour un investissement de 6 €/W produit. Ces panneaux nous permettent de produire jusqu’à 600 kW par an, cela nous permet de revendre l’électricité au réseau régional électrique », explique encore Nuria Yañez. Mais le contrat de revente a été revu à la baisse via une toute nouvelle législation : de 0,43 €/W, le prix est tombé à 0,15-0,16 €.
A Baena, Nuñez de Prado commercialise 85 % de sa production à l’export
L’outil de production permet de séparer les huiles selon le type de variétés et les techniques de production (conventionnelle ou bio). La coopérative est réputée dans la région et même à l’échelle internationale. Les volumes exportés en France le sont sous la marque Rincon de La Subbetica et Parque Oliva. « En 2010, nous avons obtenu le prix de la meilleure huile d’olive par le ministère de l’Agricultre », annonce fièrement Nuria Yañez. A l’aune de la nouvelle saison, la maison attend déjà le verdict 2011...
Plus à l’Est dans la commune de Baena, la famille Nuñez de Prado a misé sur le marché très haut de gamme. « Depuis dix ans, nous avons abandonné les gros rendements pour revenir à des méthodes de pressions ancestrales, explique Paco Nuñez de Prado, le dirigeant. Nous avons fait le choix de la production bio. Il a fallu changer toutes nos méthodes de culture. Aujourd’hui, l’ensemble de nos vergers sont certifiés bio. » Le moulin produit en moyenne 1 300 t d’huile d’olive, dont 85 % sont exportés, dont 40 % vers le Japon, puis les Etats-Unis (20 %) et enfin l’Europe. Une production haut de gamme vendue majoritairement dans les épiceries fines en France. En parallèle, le moulin a développé l’agrotourisme et reçoit 20 000 personnes par an.
Une campagne de promotion sera lancée en mai-juin en Ile-de-France durant vingt jours à proximité de grandes surfaces. Le but, démocratiser l’usage de l’huile d’olive. Cette campagne est la troisième du genre organisée par l’interprofession depuis octobre 2009. Elle est financée pour moitié par Bruxelles (17 M€ au total).